Après les ficelles accrochées aux pentes des colinnes lyonnaises, les trolleybus et son réseau de trams et métros, les TCL vont défier un nouvel élément : l’eau. Annoncée depuis plusieurs années, la navette Navigône sera officiellement inaugurée mercredi 18 juin, entre Vaise-Industries et la Confluence.
Ou, plus exactement, ré-inaugurée, car le transport fluvial de voyageurs était la principale offre de transport public à Lyon au XIXe siècle. Et ce, jusqu’à la disparition des bateaux-mouches, en 1913. Le nouveau service sera disponible sans supplément à tous les abonnés TCL.
Pour l’heure, les deux anciens « vaporettos » thermiques, exploités par les Yachts de Lyon, effectueront la traversée, avant l’arrivée de navettes électriques prévue en octobre 2025. La flotte sera agrandie par deux autres bateaux au printemps 2026. D’ailleurs, les Yachts de Lyon bénéficient d’une délégation de service public, avec RATP Dev, titulaire du nouveau contrat d’exploitation du Sytral.
Quel parcours pour la nouvelle navette fluviale de Lyon ?
Navigône reliera le quartier de Vaise à la Presqu’île dès mercredi 18 juin, tous les jours de 7 heures à 21 heures. La navette poursuivra son parcours jusqu’à la marina de Confluence les mercredis, week-ends et jours fériés.
Le temps de parcours envisagé entre Vaise et la Presqu’île est de 23 minutes, et 40 jusqu’à Confluence. Quatre haltes sont prévues sur les 6,2 kilomètres de parcours : à Vaise-Industries (rue du Four-à-Chaux), quai Saint-Vincent (d’abord aux Subs, puis au niveau de la passerelle), quai Saint-Antoine (rue Grenette) et à Confluence.
La fréquence sera d’une navette toutes les 30 minutes en heure de pointe au lancement, puis 15 minutes en avril 2026. Confluence sera d’abord desservie toutes les heures, puis toutes les 30 minutes à partir de 2026, lorsque la flotte comprendra quatre bateaux.

Nouvelle navette fluviale sur la Saône : quels tarifs ?
Pour les abonnés TCL, aucun surcoût : Navigône sera compris dans l’abonnement TCL. Pour les voyageurs occasionnels sans tarif réduit, le coût d’un aller est de 3 euros, 5 pour un aller-retour. La navette est gratuite pour les moins de quatre ans. Dès septembre 2026, elle sera gratuite pour les moins de 10 ans, avec l’arrivée de la tarification unifiée.
Combien ça coûte ?
Le projet a été estimé à 26 millions d’euros par le Sytral, comprenant l’achat des bateaux électriques et l’aménagement des haltes fluviales. Le montant total de la délégation de service publique passée avec RATPDev et Yachts de Lyon s’élève à 53,5 millions d’euros sur sept ans, soit un coût d’exploitation de près de 4 millions d’euros par an.
Quel trafic attendu pour la navette fluviale de Lyon ?
C’est un peu là que le bât blesse. La Métropole et le Sytral attendent 560 000 voyageurs par an pour Navigône. Soit moins que le nombre de voyageurs que le métro lyonnais transporte en un jour. Mais surtout, l’objectif parait ambitieux au regard de la fréquentation de la navette privée du Vaporetto, estimée à 180 000 voyageurs par an, essentiellement des touristes.
La Métropole et le Sytral n’ont jamais caché que la relance d’une navette fluviale s’adresse – en partie – à eux. Il faut dire qu’avec une vitesse commerciale de 9,2 km/h sur l’ensemble du parcours (8,9 km/h sur la section Vaise-Presqu’île), les Lyonnais pressés vont sans doute privilégier d’autres moyens de transport. D’autant que l’objectif initial de 30 minutes entre Vaise et Confluence, et 15 entre Vaise et la Presqu’île, a été revu à la baisse.
Ce qui n’empêche pas le Sytral d’afficher sa confiance dans le fait d’attirer des clients locaux. Navigône offre « une expérience agréable et originale, qui participe à la transition écologique du territoire et à la valorisation du cœur historique de la ville, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco », justifie Bruno Bernard (Les Écologistes), président du Sytral et de la Métropole.
Mi-transport public, mi-attraction touristique, Navigône trouvera-t-elle son public ? En tout cas, pour les plus de 530 000 abonnés TCL, ça ne coûtera rien de tester.
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