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Barrage sur le Rhône : les Soulèvements de la Terre demandent l’abandon du projet

Pour protester contre un projet de barrage sur le Rhône, les Soulèvements de la Terre Lyon et Ain appellent à un rassemblement vendredi 23 février. Alors que la concertation publique entamée en décembre 2023 doit bientôt s’achever, le mouvement souhaite que l’État abandonne le projet.

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barrage Rhône
Le dernier barrage sur le Rhône pourrait se situer à Saint-Romain-de-Jalionas. Crédits : LM-B / Rue89Lyon

« Projet inutile », « aberration énergétique et écologique », les Soulèvements de la Terre Lyon et Ain se mobilisent à leur tour contre Rhônergia. Un projet de barrage contesté entre Loyettes (Ain) et Saint-Romain-de-Jalionas (Isère), destiné à la production d’hydroélectricité.

Le mouvement écologiste appelle à un « rassemblement festif », vendredi 23 février à 17h, devant le siège de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) en charge du projet, dans le quatrième arrondissement de Lyon.

Plusieurs autres associations mobilisées depuis des années seront présentes. La ligue de protection des oiseaux (LPO), France Nature Environnement, la Confédération paysanne, Alternatiba, Extinction Rebellion et les Amis de la Terre ont notamment été invité·es. Les Soulèvements de la Terre espèrent ainsi accroître la visibilité et la mobilisation autour de ce projet « écocidaire ».

Vendredi 23 février, les élu·es écologistes à la Région ont également notifié, dans un communiqué « leur ferme opposition au sujet ». Le groupe invite à considérer des alternatives au projet comme « l’optimisation des barrages existants, le développement d’autres types d’énergies renouvelables, ou encore la mise en place volontariste de la sobriété énergétique ».

Un projet de barrage sur le Rhône contesté de longue date

À l’étude depuis la loi « Aménagement du Rhône » de février 2022, le projet est depuis décembre 2023 discuté au sein d’une concertation préalable organisée par la Commission nationale du débat public. Le rassemblement intervient alors que la commission doit rendre son rapport le 29 février, après trois mois de concertation pour étudier la faisabilité du barrage.

« Nous souhaitons interpeller la CNR et l’État, qui doit ensuite prendre sa décision au printemps 2024. Nous refusons absolument ce projet et si la poursuite des études est décidée, nous continuerons notre mobilisation », précisent les Soulèvements de la Terre à Rue89Lyon.

Pour le mouvement, la mobilisation de vendredi est aussi l’occasion de rappeler comment « depuis plusieurs dizaines d’années, le même projet semble faire son apparition de manière récurrente sur le Rhône ». Comme l’expliquait Rue89Lyon en octobre dernier, un projet similaire et situé au même endroit avait été abandonné en 1984 après une forte mobilisation. Depuis, le site confluence Ain-Rhône est protégé en tant que site classé.

« Développer les énergies décarbonées et renouvelables mais pas à n’importe quel prix »

En substance, les opposant·es soulignent que ce barrage serait plus destructeur que créateur de bénéfices. La prévision de production de 140 gigawatts/heure par an d’électricité, permettant de couvrir les besoins énergétiques de 60 000 habitant·es, n’a pas su convaincre. Dans son communiqué, les Soulèvements de la Terre précisent : « Nous soutenons le développement des énergies décarbonées et renouvelables, mais pas à n’importe quel prix ! ».

Le mouvement dénonce l’absence parallèle d’un plan national de sobriété et tient à rappeler que ce « projet d’appropriation de l’eau [s’inscrit] dans un contexte de sécheresse » et risque d’impacter l’approvisionnement en eau potable de la métropole de Lyon. « La question de l’utilité de ce barrage se pose quand on sait que les projections estiment que le débit d’étiage du Rhône va fortement diminuer d’ici 2100 », ajoute un membre des Soulèvements de la Terre Lyon et Ain.

Il rappelle aussi que le projet nécessite de gratter le fond du fleuve sur une grande longueur, ce qui endommagerait la fonctionnalité de cet espace en plus de libérer des polluants présents dans ces sols. Sans compter que ce « méga projet » mettrait également en péril l’habitat de nombreuses espèces. « L’effondrement de la biodiversité est tout aussi grave que la crise du changement climatique », insistent les Soulèvements de la Terre.

En juillet 2023, plusieurs organisations écologistes dénonçaient déjà, dans un document signé conjointement, un « mauvais projet économiquement dispendieux et au rapport efficacité énergétique/impact environnemental catastrophique. » La Métropole avait également interrogé « l’efficience d’un tel projet au regard de ses impacts environnementaux en matière de continuités écologiques et au niveau hydrologique ».

Mise à jour le 23 février à 11h20 : ajout de la réaction des élu·es écologistes de la Région.


#écologie

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