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A Lyon, une (vraie) solution d’hébergement d’urgence pour les occupants de l’école Montel

Ce lundi 12 février, un mois après le début de l’occupation de l’école Montel, une solution d’hébergement d’urgence a été proposée pour les 112 personnes, dont une soixantaine d’enfants, mises à l’abri par le collectif Jamais Sans Toit. Côté préfecture, on fait valoir que cela était déjà dans les tuyaux.

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Depuis le 12 janvier, 112 personnes sans-abris, dont une soixantaine d'enfants ont trouvé refuge à l'école Montel, réquisitionnée par Jamais Sans toit pour devenir un centre d'hébergement d'urgence de fortune. ©Laury Caplat/Rue89Lyon
Depuis le 12 janvier, 112 personnes sans-abris, dont une soixantaine d’enfants ont trouvé refuge à l’école Montel, réquisitionnée par Jamais Sans toit. ©Laury Caplat/Rue89Lyon

Les occupant.es de l’Hôtel Montel vont enfin pouvoir souffler. Et les bénévoles du collectif Jamais Sans Toit se reposer (un peu…). Ce lundi 12 février, un mois après le début de l’occupation de l’école Montel, le Collectif a annoncé qu’une solution se dessinait pour les 112 personnes, dont 63 enfants, mises à l’abri par « JST ». À partir du 16 mars, une cinquantaine d’entre-elles devraient intégrer le (vrai) dispositif d’hébergement d’urgence sous la tutelle de la Préfecture. Les 70 autres seront mises à l’abri jusqu’aux vacances d’été par la Ville de Lyon, selon le collectif.

École Montel : les pouvoirs publics prennent le relais de la solidarité citoyenne

En début d’année, les familles avaient trouvé refuge à l’école Montel, désaffectée et transformée en centre d’hébergement d’urgence informel par le Jamais sans toit et ses soutiens. Si certaines écoles comme Michel-Servet (Lyon 1er) ou Gilbert-Dru (Lyon 7è) sont mobilisées presque tous les ans la nuit pour héberger des familles à la rue, c’était la première fois que le collectif menait une action aussi radicale, en ouvrant un squat jour et nuit.

Le collectif avait réclamé à la Mairie que le groupe scolaire Montel, qui appartient au patrimoine municipal, soit mis à disposition de l’État pour en faire des places d’hébergements d’urgence. Finalement, c’est la Ville de Lyon qui prendra le relai de cette solidarité citoyenne dès le début des vacances scolaires, ce samedi 17 février.

« Si notre collectif se félicite de ces mises à l’abri annoncées, la mairie de Lyon va une fois de plus prendre en charge l’hébergement de nombreux ménages, domaine qui n’est pas de la compétence municipale. Cette mission incombe exclusivement à l’Etat », souligne Jamais sans toit dans un communiqué.

Hébergement d’urgence : « Il faut encore et toujours créer un rapport de force pour que ces familles soient mises à l’abri »

Si cette prise en charge a été confirmée auprès du collectif, ses modalités restent floues. « On ne sait pas quelles familles vont être prise en charge par la Préfecture », pointe Raphaël Vulliez, membre historique du collectif. Selon lui, le choix devrait se faire en fonction des critères de vulnérabilité, mais « rien n’est sûr », confie t-il. « Les familles hébergées par la Ville vont rester a l’école Montel qui sera gérée par un opérateur social. On sait que le bâtiment élémentaire va être détruit et que les familles seront déplacées dans le bâtiment de l’école maternelle », reprend-t-il, inquiet de constater « qu’il pourrait donc manquer des places ». Une promesse a été faite, « personne ne sera remis à la rue », relate le collectif, suite à leurs échanges avec la municipalité.

« Cette victoire, nous la devons à une mobilisation longue et acharnée. Sans notre combat, il y a fort à parier que ces écoliers dormiraient encore dehors ce soir », s’est félicité le collectif dans un communiqué

Les militants du logement peuvent avoir de quoi se réjouir. Pour une première action de cette envergure, le résultat semble positif. « Il faut encore et toujours créer un rapport de force pour que ces familles soient mises à l’abri », déplore tout de même Raphaël Vulliez. S’il se dit soulagé par la nouvelle, il fait valoir que sans cette forme de radicalité : « Il n’y aurait sans doute pas de solution pour l’instant ».

Pour le collectif, la réaction des pouvoirs publics tient aussi au « timing ». « Je pense qu’on a réquisitionné l’école au bon moment, c’est à dire au moment où la préfète a annoncé la création de 300 places d’hébergement d’urgence. Ça a joué en notre faveur », reprend-t-il.

Contactée par Rue89Lyon, la préfecture fait valoir de son côté que ces informations étaient déjà connues.

« La Préfète a annoncé en début d’année l’ouverture de 300 places nouvelles grâce au travail réalisé par les services de l’Etat pour fluidifier le dispositif d’hébergement d’urgence. Elle avait également indiqué que ces places seront utilisées pour l’évacuation du CCVA et pour la situation de l’école désaffectée du 9e arrondissement », rappelle-t-elle, par mail.

Ces familles seront prises en charge en fonction de « critères de vulnérabilité », précise-t-elle. Elle note qu’un diagnostic social a déjà été mené sur les lieux.

287 enfants à la rue dans la Métropole

Ceci étant, ces ouvertures de places restent largement insuffisantes dans un contexte de crise de l’hébergement d’urgence. En début de mois, Jamais sans toit dénombrait 140 familles à la rue, soit 287 enfants sur le territoire métropolitain. Dans le Rhône, 14.000 personnes seraient sans-abris selon le décompte réalisé par le Samu social 69 début janvier. Et rien ne semble endiguer la tendance.

Triste hasard du calendrier, ce même lundi, Droit au logement 69 a organisé un rassemblement devant la Métropole en soutien à des familles vaudaises, victimes d’un marchand de sommeil, condamné en 2022. Le 1er février 2024, elles ont dû évacuer l’immeuble insalubre. Logées un temps en hôtel, certaines familles ont déjà été remises à la rue.


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