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Désobéissance civile : note salée pour Dernière rénovation au tribunal de Lyon

Ce mardi 19 décembre, le tribunal de Lyon a condamné trois militant·es de Dernière rénovation, qui avaient repeint la préfecture du Rhône. Alors que le mouvement annonce un arrêt des actions à l’échelle nationale, il devra rembourser 80 000 euros au Département et à la préfecture.

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Dernière Rénovation Lyon préfecture
La préfecture du Rhône a été repeinte en orange par Dernière Rénovation Lyon ce mercredi 22 mars.

« Je vous assure qu’elle ne part pas à l’eau… »

Cela avait été une réaction agacé d’un proche de la préfète, en mars dernier. Elle faisait suite à notre reportage sur une action de désobéissance civile de Dernière rénovation à Lyon. Trois militant·es, deux hommes et une femme d’une trentaine d’années, avaient alors été arrêté·es pour avoir repeint en orange la préfecture du Rhône, côté rue Commandant-Dubois. Six mois après le coup de peinture, la justice a rendu son verdict.

Après avoir planché plusieurs heures sur la question « ce qui est légitime est-il nécessairement légal ? » il y a deux semaines, le tribunal de Lyon a condamné les auteurs de l’action de désobéissance civile pour « dégradation en réunion ».

Pour rappel, les trois trentenaires, un ingénieur en reconversion, une orthophoniste et un travailleur social, avaient voulu alerter sur l’inaction climatique, et plus spécifiquement sur les manquements de l’État sur la rénovation énergétique du parc immobilier. Des actions similaires avaient eu lieu à Paris, Marseille, Nantes, Toulouse et Tours. 

Dernière rénovation ne convainc pas le tribunal de Lyon

Au cours de l’audience, une co-prévenue avait rappelé l’urgence de la situation. « Si on veut faire bouger les lignes, il faut une désobéissance civile non-violente. » Visiblement, son argumentation n’a pas convaincu le tribunal.

Celui-ci a condamné les trois militant·es à une amende de 1000 euros avec sursis. Le procureur, lui, avait requis une amende de 300 euros.

Mais la vraie condamnation concerne les frais de nettoyage demandés par le Département et la préfecture. Les militant·es devront payer 38 200 euros à l’État et 38 200 euros à la préfecture, soit près de 80 000 euros…

Lors de l’audience, les institutions avaient demandé près de 122 000 euros de frais de nettoyage. Une demande abusive pour la défense, qui assurait que la peinture partait à l’eau. Le tribunal a visiblement jugé du contraire. Abasourdis, les prévenus n’ont pas souhaité réagir juste après la décision de justice en sortant du tribunal, mise à part un : « Là, c’est un peu abrupt… » La réaction de « DR » est arrivée plus tard, par communiqué.

Clap de fin national pour Dernière rénovation, comme à Lyon

Cette décision tombe alors que Dernière rénovation a annoncé, lundi 18 décembre, « tirer sa révérence » de Paris. Campagne de résistance atypique, elle était composée de profils parfois très éloignés d’un militantisme classique. À Lyon, ses militant·es s’étaient fait connaître par leurs blocages réguliers de la M6 – M7. Ceux-ci vont-ils se terminer ?

« Dès le début de l’année prochaine, les milliers de citoyens qui y ont pris part [à Dernière rénoation, ndlr] se rassembleront autour d’une nouvelle revendication ambitieuse », a déclaré DR par communiqué.

Les prévenus « envisagent sérieusement de faire appel »

Selon un responsable local, l’arrêt du mouvement à l’échelle nationale n’a pas de lien avec les récentes (lourdes) condamnations des militant·es de Dernière rénovation, à laquelle vient de s’ajouter la décision lyonnaise. Cet été, trois militants avaient été condamnés à réparer des dommages similaires (70 000 euros), à Tours.

« Les prévenus envisagent sérieusement de faire appel de cette décision », a réagi Dernière rénovation dans un communiqué.

« De par sa sévérité, ce jugement place la justice lyonnaise du mauvais côté de l’Histoire (…) Les demandes de réparation des parties civiles demeurent hautement contestables au regard des éléments qui ont été présentés lors du procès. (…) Cette nouvelle condamnation participe de la criminalisation sans relâche par l’État des citoyens qui défendent leur vie contre le pouvoir et les entreprises rapaces qui nous mènent tous à l’abattoir », conclut encore Dernière rénovation.

Les prévenus ont dix jours pour interjeter appel.

[Mise à jour 18h] : À la suite de la publication de cet article, Dernière rénovation a réagi à la décision du tribunal. Une mise à jour a donc été faite.


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