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Pentes de la Croix-Rousse : « On va rouvrir l’Ambuscade, il ne nous reste que ça »

[2/2] Voisin des Valseuses, le bar associatif l’Ambuscade, prisé des collectifs techno lyonnais, n’a pas réouvert depuis sa fermeture par arrêté municipal en mars. Dos au mur, son équipe annonce qu’elle est prête à rouvrir les lieux malgré l’interdiction. Explications.

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L'Ambuscade
L’Ambuscade, voisins des Valseuses, a également dû fermer ses portes dans les Pentes de la Croix-Rousse.

« Il n’y a plus rien d’autre à faire »

La phrase est dite avec une hésitation… Puis avec sûreté par Marie Lestic : « On va rouvrir l’Ambuscade, il ne nous reste que ça. »

Depuis huit mois, la présidente de l’association Musical social Club, qui gère le lieu l’Ambuscade, lutte pour rouvrir un lieu de la vie culturelle techno des Pentes de la Croix-Rousse, fermé par la mairie.

Rembobinons. Dans la nuit du 25 au 26 février 2023, plusieurs descentes de police ont lieu dans trois établissements de la rue Imbert-Colomès et de la rue Chappet (Lyon 1er). Ces dernières interviennent après une demande la mairie du 1er arrondissement, à la suite de signalements par le voisinage de nuisances sonores. Après celles-ci, deux hauts lieux de la vie culturelle alternative lyonnaise sont fermés par la mairie : les Valseuses et son complément de nuit, l’Ambuscade.

Le lieu n’a pas été fermé pour tapage, mais pour « non-respect des règles de sécurité. » « La même histoire qu’avec les Valseuses », commente la gérante.

L’Ambuscade : un dossier proche des Valseuses… Sans rouverture

À l’origine, le litige initial portait sur le statut de l’établissement. Après la descente de policiers, les services l’avaient classé en type L (salle de concert, salle réservée aux associations) et en « catégorie 4 » au lieu d’une « catégorie 5 ». Autrement dit : il devait respecter les règles de sécurité d’un cabaret concert et non d’un bar. Ce qui l’obligeait à d’autres investissements en termes de sécurité.

En gros : il y avait « un désaccord entre les gérants et l’administration sur le classement de l’établissement », reprend la Ville, dans une réponse adressée à Rue89Lyon. Des travaux étaient aussi à réaliser. Côté Ambuscade, on évoquait l’absence d’un extincteur, une alarme manquante et « des multi-prises ». Depuis, l’équipe assure avoir installé l’extincteur et l’alarme. 

Dans une réponse écrite transmise à Rue89Lyon, la Ville indique :

« Concernant l’Ambuscade, suite à la notification de fermeture de mars 2023, nous avons dès cette date demandé à la gérance de nous contacter afin de produire les documents demandés. La gérante ne s’est pas manifestée avant le mois d’août 2023. »

Une « autorisation de travaux » sans travaux ? Ville et Ambuscade se renvoient la balle

Sur ce point, les récits divergent. Selon l’équipe de l’Ambuscade, des documents auraient été envoyés en juillet attestant des travaux réalisés. « On est fermé alors qu’on est aux normes ! », assure Marie Lestic. Selon elle, la mairie leur demande d’ouvrir un dossier pour une « autorisation de travaux ». Sauf que… L’établissement n’aurait aucun chantier à mener. En gros, il leur est demandé un document vierge « pour les connaître. »

Dans sa communication faite à Rue89Lyon, la Ville indique sur ce fameux document :

« [L’autorisation de travaux] concerne tous les établissements, c’est une demande à l’autorité administrative qui sert dans ce cas à déclarer un établissement inconnu de l’administration. »

Pourquoi passer par un tel imbroglio administratif « pour se faire connaître »? La réponse fait grincer Marie Lestic. La présidente de l’association sait que le dossier mettra encore du temps à être instruit. Selon elle, il serait au moins question de quatre mois d’attente si le dossier est déposé. Or, pendant ce temps-là, le loyer court toujours. Compte tenu de la taille de la structure et de sa trésorerie, il sera alors déjà trop tard. En gros : l’association n’a pas le temps de déposer un dossier… Pour rien.

Elle décrit une situation inextricable avec une fermeture administrative qui empêche toute cession de bail. À une heure où elle aimerait passer le flambeau, Marie Lestic est bloquée. Bref, l’équipe doit continuer à payer le loyer d’un lieu qui ne peut rouvrir.

Pour cette raison, la présidente de l’association en appelle à la « désobéissance » civile. Elle note que ces mots avaient été prononcés par l’adjoint en charge de la sécurité à la Ville de Lyon, Mohammed Chihi (EELV) lui-même, après les émeutes de juin. De la même façon, l’équipe se dit prête à désobéir, si rien ne bouge.

Pas certain que ce dernier apprécie réellement. Contacté, l’élu n’a pas donné suite à nos sollicitations. De même, comme pour notre article concernant les Valseuses, nous ne sommes pas parvenu à joindre Nathalie Perrin-Gilbert (Lyon en commun), en charge de la culture à la Ville de Lyon.

L'Ambuscade
L’Ambuscade, voisins des Valseuses, a également dû fermer ses portes dans les Pentes de la Croix-Rousse.Photo : PL/Rue89Lyon.

#Bar

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