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[Appli] Dans la tête du cardinal Barbarin, démissionnaire contre le souhait du pape

Ce mardi, le diocèse de Lyon a fait savoir que le pape avait refusé sa démission mais que le cardinal Barbarin maintient sa mise en retrait. « Pour quelque temps »…

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Dans la tête du cardinal Barbarin

Le cardinal Barbarin a été reçu lundi 18 mars au Vatican par le pape François. Une audience privée qui faisait suite à l’annonce de sa démission. Une démission annoncée dans la foulée de sa condamnation pour non dénonciation d’actes de pédophilie d’un prêtre de son diocèse.

Retour sur sa carrière qui connaît malgré tout un sérieux coup d’arrêt.

La décision était attendue. Le diocèse de Lyon avait indiqué qu’aucune information ne serait donnée dans la foulée de leur rencontre lundi 18 mars. L’issue de cette audience privée est donc tombée ce mardi 19 mars. Dans un communiqué, Philippe Barbarin archevêque de Lyon, indique que le pape François a rejeté sa démission « en invoquant la présomption d’innocence ». Condamné par le tribunal correctionnel de Lyon le 7 mars dernier, le cardinal Barbarin a fait appel (ainsi que le parquet) de ce jugement. La procédure judiciaire n’étant pas encore épuisée, il reste donc en effet pour l’heure innocent.

« Pour quelque temps »

Le pape a alors laissé le choix au cardinal de poursuivre ou non sa mission, selon ce dernier. Le cardinal Barbarin indique :

«(…) parce que l’Église de Lyon souffre depuis 3 ans, j’ai décidé de me mettre en retrait pour quelque temps et de laisser la conduite du diocèse au vicaire général modérateur, le père Yves Baumgarten

Alors que ses propos depuis sa condamnation laissait entendre une démission définitive, le cardinal Barbarin indique à présent une mise en retrait «pour quelque temps» sans plus de précision pour l’heure. Après l’annonce de sa démission, le diocèse de Lyon avait fait savoir que la demande d’entrevue avec le pape avait été formulée avant même le jugement du tribunal de Lyon. Laissant ainsi entendre que sa volonté de démissionner était profonde et détachée de la décision de justice.

Il garde son titre et demeure donc archevêque de Lyon.

Le pape François a donc maintenu sa ligne de conduite dans cette affaire. Tant qu’il n’est pas définitivement reconnu coupable par la justice civile, il ne le déjugera pas. En 2016, quand la pression sur le cardinal Barbarin devenait très forte, il l’avait déjà soutenu et maintenu. Sans se prononcer sur le fond de l’affaire, il avait indiqué que sa mise en retrait serait reconnaître sa culpabilité ainsi qu’ «une imprudence». Le jugement n’étant pas encore définitif, le pape François n’a pas dérogé à sa position trois ans plus tard.

Victimes et évêques de France ne comprennent pas la décision

Parmi les premières réactions, celles de l’association «La parole libérée» et du président de la conférence des évêques de France. Tous deux ne comprennent pas vraiment la décision du pape François. Pas pour les mêmes raisons. Interrogé par France Info, Bertrand Virieux, cofondateur de l’association de victimes du père Preynat, qui a contribué à faire éclater l’affaire, a dit son incompréhension :

« Je ne comprends pas cette décision, je suis désabusé. On est en pleine contradiction entre les paroles fortes de tolérance zéro et les actes ».

De son côté, monseigneur Pontier, président de la conférence des évêques de France, qui a défendu depuis le début de l’affaire le cardinal Barbarin, s’est dit « étonné ».

« Je suis étonné, je ne m’attendais pas à ce scénario qui est intermédiaire entre les deux scénario prévisibles, à savoir l’acceptation de sa démission par le pape ou son refus ».

Selon lui, la décision s’explique par le « conflit entre deux exigences, celle de respecter le cheminement de la justice et celle de se préoccuper du bien du diocèse de Lyon ».

Une condamnation surprise

Le cardinal Barbarin, qui aime à dire que Dieu et sa foi sont ses seuls juges, a été rattrapé par la justice civile. Après le classement sans suite de l’enquête par le parquet en 2016 et l’absence de condamnation requise par le procureur en janvier 2019 lors de l’audience, le jugement fut inattendu.

Six mois de prison avec sursis. Dans son jugement, le tribunal correctionnel de Lyon retient l’infraction de non dénonciation à deux reprises : en 2010 et en 2014. Pour la première, les faits rapportés étaient prescrits; pour la seconde non. Elle a ainsi motivé la condamnation du cardinal Barbarin. Avec des mots clairs et durs de la part des magistrats :

« Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l’institution à laquelle il appartient, de ne pas transmettre à la justice ».

 

L’affaire Preynat devient l’affaire Barbarin

Aujourd’hui, il confierait à ses proches son sentiment de « payer pour le péché d’un autre ». En l’occurence celui du père Preynat, ce prêtre du diocèse de Lyon, accusé d’actes de pédophilie sur des jeunes scouts. Des actes qu’il a lui-même reconnus.

Le cardinal Barbarin estimerait même passer désormais pour « le plus grand pédophile de France ».

Une situation difficile à accepter pour celui qui est devenu cardinal un an après son arrivée en temps qu’archevêque de Lyon à 51 ans à peine. Jusqu’ici sa carrière avait été linéaire et assez fulgurante pour un homme d’église. Quand il arrive à Lyon il est évêque depuis peu et d’un petit diocèse dans l’Allier de surcroît.

Social, tradi, coups de com’ et défense catastrophique

Il met rapidement en pratique son ambition quasi missionnaire de développement et renforcement de la foi catholique. Il soigne quelques coups de com’ et montre un réel visage social à l’égard des sans-abris et des Roms notamment. Mais c’est aussi lui qui est à la manoeuvre de la Manif pour Tous contre la loi Taubira. Un penchant social et un (ou deux) vrai(s) émisphère(s) tradi côté moeurs.

Entrez dans la tête du cardinal Barbarin pour retisser le fil de sa carrière, de ses déclarations et positions réacs, sa communication souvent catastrophique quand éclata ce qui est devenu l’affaire Preynat et rapidement la sienne…

>> Dans la tête du cardinal Barbarin <<


#Affaire Preynat

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Capture d'écran du documentaire "Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Église".
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