
Moi j’allais dans la grande, la salle « techno » où ça jouait des trucs assourdissants et sans âme ; mais aussi des trucs vraiment bons.
Je me souviens avoir vu Carl Cox là-bas.
La discothèque a été placée en liquidation judiciaire le 23 octobre 2018, par le tribunal de commerce de Lyon. Elle appartient à la famille Develay depuis 40 ans au moins. Une baisse de fréquentation a poussé les propriétaires à prendre la décision de fermer. Les murs de l’établissement de nuit leur appartiennent toujours, et pour l’heure ils ne savent pas ce qu’il peut devenir. Le Xyphos Complex pouvait accueillir jusque 10 000 personnes dans trois discothèques (le Titan, l’Electric disco et le Marilyn’s café).
Rue89Lyon
J’y ai cramé des nuits entre 1994 et 1996 à peu près. J’étais au lycée et toute ma semaine (j’exagère mais pas beaucoup) était tournée vers le week-end et l’espoir de retourner dans ce « temple de la nuit » sans que mes parents l’apprennent. Une fête avec des enjeux d’adolescents, avec des super potes et d’autres moins super, des roulages de pelle à n’en plus finir.
Une fête avec zéro barrière, parfois un peu glauque, mais pour laquelle on était prêt à tout. Et surtout à se cailler les miches en plein hiver.
Shorts en lycra et whisky coca
Avec deux copines, on était super jeunes et on n’avait pas le permis de conduire. Alors la plupart du temps, on prenait « la navette ». C’était un système mis en place par la discothèque. Je ne sais pas si il a toujours cours. Un type, un physio ou un videur, toujours le même et dont j’ai oublié le prénom, conduisait ce mini-bus à fond la caisse, il venait nous chercher en bas de la colline de Couzon-au-Mont-d’Or puis la remontait, chargé d’adolescents impressionnables.
C’était un grand type genre ogre, chauve, pas très sympa et à qui il fallait plaire pour pouvoir entrer dans le véhicule. Sinon c’était mort, on n’accédait pas au Titan.
Avec mes copines, on portait des shorts courts en lycra et on fumait des cigarettes. On était bien contentes quand on arrivait à s’assoir à une table réservée aux gens en capacité d’acheter une « teille ». Une bouteille de whisky J&B avec un seau de glaçons et des bouteilles de coca (il n’y avait jamais assez de coca).
Sur le côté de la piste de danse, il y avait une cage avec une barre à l’intérieur, pour le show. Quand je pense que je n’ai aucune photo de tout ça. Je n’avais pas encore de téléphone portable, on arrivait quand même à vivre et à se donner des rendez-vous qu’on tenait. On était des dinosaures.
Je me souviens des pubs diffusées sur Radio Espace pour les soirées du Titan, avec des grosses basses qui tapaient et qui mettaient le feu tout de suite. On les entendait pendant la semaine et ça nous ambiançait pour le week-end à venir.
Redescente en voiture, ivres
Parfois je faisais des infidélités au Titan pour aller au Moulin Rouge, une autre boîte du coin, où mes potes rebeus allaient davantage. Ils prenaient moins le risque de se faire refouler ou bien on trouvait d’autres styles musicaux. Au Titan, il y avait de tout dans le public. Je me rappelle aussi les nazillons qui venaient là et jouaient aux cons : je me rappelle Karl qui levait le bras tout droit en ricanant sur la piste de danse. Il n’y avait pas qu’eux. Il y avait des hordes d’adolescents.
Beaucoup redescendaient du sommet de la colline en voiture, sur une route en lacets, complètement ivres. C’était insensé. Je me souviens d’un copain qui avait volé un t-shirt qui était suspendu, en train de sécher dans le jardin d’une maison. C’était une maison pas loin de la boîte. Vu le bordel du week-end, ça ne doit pas être très tranquille de vivre dans ce coin des chics Monts d’Or.
A l’entrée du Titan, on ne nous a jamais demandés nos pièces d’identité. On avait des têtes de gamins : ça buvait des coups sur le parking pour rentrer défoncés dans la boîte et ne pas avoir à payer les malibu ou les whisky coca à l’intérieur. A cette époque et à cet endroit, je n’ai pas vu d’ecstasy tourner.
Il y avait un camion de merguez et de steaks dehors.
Quand j’ai été plus âgée (c’est à dire à partir de 17 ans environ), j’ai abandonné le Titan. Je me suis mise à snober cette boîte dans laquelle j’estimais qu’il y avait trop de « gamins ». Je suis allée au Space, un autre temple de la « musique de jeunes », plus pointue aussi.
Tous ces souvenirs sont dans la nuit, dans la brume, dans le passé. En apprenant que le Titan fermait définitivement ses portes, j’ai eu envie de me rappeler tout ça et de l’écrire, même s’il est impossible de le raconter à mes parents encore aujourd’hui.

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J'ai aussi parfois fait des infidélités en essayant le moulin rouge, César palace, drungly, cotton club, taktika, l'Oscar, le château ou la clef des champs, mais le Xyphos restait ma référence jusqu'à une fermeture administrative pour stupéfiants.
La suite a été aussi au Space où j'y passait aussi tous mes WE et mon argent.
Dégouté de ne pas avoir essayé le Macumba avant sa fermeture, je garde le souvenir d'avoir embrassé la première fois la femme de ma vie au Titan il y a 3 ans, où j'ai pu constaté le déclin déjà présent, avec une clientèle bien différente, plus que la grande salle ouverte, etc... Je n'ai pas du tout reconnu le Titan de 15 ans en arrière.
Je suis triste, en effet les habitants de la montée du Titan vont enfin avoir la paix.
Courage à la famille Develay...
Idem pour moi, j'ai fréquenté cette boite entre 93 et 96, et de façon très décousue entre 96 et 2000. J'ai remis les pieds pour le fun avec un ami il y a 10 ans environ.
C'est clair que je me rappelle parfaitement de ce videur crane rasé et pas sympa, qui venait nous récupérer vers la gare de Couzon avec la "navette".
Je me souviens aussi de "l'eau chaude" dans les toilettes :)
Également les soirées mousse en été.
Les entrées gratuites le vendredi soir avant minuit.
Les directs live sur Scoop ou Espace ...
Les jingles et les pubs avec la voix du Doc (Retour vers le Futur)
La "zone rouge" à partir de 3h le samedi matin en 93 avec une programmation orientée Techno Belge (Bonzaï Records entre autre)
La navette du DJ qui pouvait monter et descendre.
La route sinueuse et ultra dangereuse surtout en hiver avec le verglas .... avec les policier qui attendaient en bas pour faire des tests d’alcoolémie.
Je me souviens très bien de l'anniversaire du Titan en 94 animé par Hervé le Taré ... et une tempête de neige (en polystyrène) .... et dont j'ai retrouvé chez mes parents des billes de polystyrène des mois durant.
Vers la fin des années 90, David Vincent (ancien DA du B52) organisait des soirées sur place orientée gay/gay friendly.
Henri et Benny DEVELAY étaient les propriétaires de l'époque.
Le boulanger de Couzon avait compris qu'il y avait du potentiel, et ouvrait la nuit du samedi et dimanche pour les affamés qui rentraient.
Comme beaucoup j'ai enchainé ensuite avec le Space, qui attirait une clientèle un peu moins jeune avec une musique qui correspondait mieux à mes attentes.
Au début des année 2010, j'ai appris que la programmation du Titan était désormais orientée Hardstyle.
Tout comme des boites comme le Macumba, le Titan ne correspondait plus aux attentes des jeunes de par sa taille beaucoup trop importante.
Un ancien client de 46 ans...
Que de bons souvenirs...
Nico.
Ce n'est pas la "crise de la quarantaine" qui m'a amené jusque sur cet article c'est la folie de 2020. La vie est incompréhensible.
Je ne vais pas vous saouler avec mes comparaisons style "avant c'était mieux" et je n'ai pas le verbe d'Alexandra mais en gros je voudrais tellement revivre une de ces soirées.
Pour nous le TITAN XYPHOS c'était ça:
https://www.youtube.com/watch?v=ftGHhjKGlpg&list=PLCMXklyUxDmS37n9qTucmWxN893HpFubU&index=17
https://www.youtube.com/watch?v=TVlXpAmVjac&list=PLCMXklyUxDmS37n9qTucmWxN893HpFubU&index=23
https://www.youtube.com/watch?v=x45BtoJpoks&list=PLCMXklyUxDmS37n9qTucmWxN893HpFubU&index=27
https://www.youtube.com/watch?v=nJ-bKWhuytw&list=PLCMXklyUxDmS37n9qTucmWxN893HpFubU&index=68
entre autres...
Je me souviens de cette ambiance de fête inconsciemment partagée et alimentée par les radios locales et de l'excitation montante du samedi.
Si un membre du staff de cette époque possède une vidéo d'une de ces soirées, qu'il ait la bonté de la mettre en ligne!