Le mercure frise les 2 °C dehors, ce matin de novembre 2017. Pourtant, dans la cuisine centrale — le service approvisionne en repas les écoles, des centres de loisirs ou des Ephad — où le blanc règne des murs au plafond, la chaleur est tropicale.
Ce jour-là, Claude Davide revient au travail, après deux mois et demi d’arrêt maladie. Le fonctionnaire, encarté chez Sud Solidaires, prend d’habitude son poste de chauffeur-livreur. Mais la direction de la cuisine centrale lui a signifié un changement de poste pour raisons de santé. À 61 ans, son nouveau job est au plus bas de l’échelle : plongeur.
Pour atteindre son poste de travail, situé dans un coin de la cuisine centrale, il passe devant les grandes baignoires remplies d’eau bouillante.
Deux personnes y sont affectées 7 heures par jour. Munis de grands manchons bleus, charlotte et tablier de boucher, les plongeurs nettoient les énormes ustensiles de cuisine, portent des casseroles imposantes et rincent à coups de jet d’eau.
Claude Davide se souvient :
« À peine arrivé à mon poste, j’ai fait un accident de décompensation. J’avais fait de la plonge durant mes premiers mois à la cuisine, mais c’était il y a 35 ans. C’était terrible et humiliant. Pour moi, c’était un retour à la case départ. »
Il poursuit :
« De vive voix, ma cheffe nous a dit que si l’on n’aimait pas son management, il y avait deux solutions : la mobilité ou l’arrêt maladie. »
Après cet épisode, Claude Davide fait une dépression et atterrit dans un hôpital psychiatrique à Nancy. Aujourd’hui, il vit cette mutation « comme des représailles, notamment pour les repas fichus en l’air lors des grèves des dernières années », estime Claude Davide.
Les prémisses de la confrontation
Depuis 2015, plus d’un repas a dû partir à la poubelle à la suite de plusieurs mouvements syndicaux. Ce gaspillage à un but : servir les revendications des employés, ci-après.
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