Rue89Lyon : Comment a démarré le projet des « éditions des mondes à faire » ?
Rémi Eliçabe : La maison d’édition est née de rencontres entre divers collectifs ayant chacun des pratiques spécifiques. Pour schématiser on peut dire que d’un côté, il y a des gens qui développent plutôt des activités artistiques – installations sonores, graphisme, auto-édition de textes et d’affiche – dans une visée clairement politique.
De l’autre, des gens issus de milieux radicaux pratiquant également l’auto-édition mais avec un intérêt davantage porté vers l’écriture. L’idée, en créant cette maison d’édition, était de faire vivre cette diversité de trajectoires au sein d’un projet qui ait une attention égale à la politique et à l’esthétique.
Pourquoi avoir choisi ce nom pour votre maison d’édition ?
« Les mondes à faire » est une formule que nous avons empruntée au philosophe américain William James, parce qu’elle permet d’insister sur deux idées qui nous semblent vraiment importantes aujourd’hui : la première est que la réalité n’est pas immobile, ni unifiée, mais toujours en train de se faire, plurielle et animée ; la seconde est qu’elle ne nous est pas extérieure et que nous participons activement à son instauration.
En partant de cette conception de la réalité, nous avons le sentiment d’être mieux armés pour répondre à la situation doublement catastrophique que nous vivons.
Je pense en premier lieu bien sûr à la catastrophe produite par le capitalisme extractiviste qui ravage les mondes mais je pense tout autant à la catastrophe que constitue la gestion gouvernementale de ce désastre.
Ces deux catastrophes sont très difficiles à combattre parce que nous sommes à l’intérieur d’elles et parce qu’elles entraînent des transformations qui nous dépassent. Parler de « mondes à faire » c’est essayer de comprendre cette situation à partir de là où on est tout en cherchant à faire advenir des mondes moins catastrophiques, à nouer entre nous et avec les autres êtres vivants des rapports qui minent le désastre.
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