
Les squatteurs s’apprêtaient à commencer l’aménagement de ce bâtiment appartenant à Grand Lyon Habitat (l’office HLM de la Métropole) et espéraient y installer une vingtaine de chambres. Une dizaine de jeunes préparaient les lieux pour soutenir le collectif les « copains des mineurs ».
La « Cabane », un premier squat qui accueillait environ 50 mineurs isolés, avait déjà été vidé de ses occupants le mois dernier.
Quand on leur demandait d’expliquer ce qu’ils nomment « réquisition », un des squatteurs, Camille, déclarait :
« On ouvre ce squat pour proposer un hébergement, un habitat collectif, aux mineurs isolés qui sont aujourd’hui dans la rue. Beaucoup sont aussi logés chez militants mais cela ne peut pas durer indéfiniment. »
« On a besoin de ce squat, pour nos frères qui sont encore à la rue »
L’atmosphère s’est tendue à l’arrivée des forces de l’ordre ce jeudi midi.
La police voulait d’abord entrer dans les lieux puis a annoncé sa volonté d’évacuer le bâtiment.
Les squatteurs ont alors contacté des soutiens qui se sont rassemblés à environ une quarantaine devant la porte du 7 de la rue des petites sœurs.
Parmi eux, une moitié de mineurs isolés hébergés actuellement dans un foyer à la Sarra (Lyon 5e), à la suite de l’expulsion du squat « la Cabane », et qui attendent la reconnaissance de leur minorité.
L’autre moitié était constituée de militants, surtout des étudiants, engagés dans l’accueil de ces mineurs. Moustafa, l’un de ces mineurs, témoignait :
« On a besoin de ce squat, pour nos frères qui sont encore à la rue. Pour nous à la Sarra ça se passe bien pour l’instant, mais on nous a dit qu’il faudrait partir le 5 juillet. Et après, on ne sait pas ou on va. On aimerait pouvoir compter sur ce bâtiment. »
Les occupants insistaient sur leur présence dans les lieux depuis plus de 48 heures, ce qui rend obligatoire la saisine de la justice pour demander une expulsion.
Sans succès. Deux dizaines de policiers sont arrivés sur les lieux, ont repoussé les personnes rassemblées devant la porte avant de faire évacuer la rue. Parallèlement, les occupants ont été expulsés du bâtiment. Trois squatteurs ont été interpellés

Après l’intervention de la police, l’entrée du squat a été gardée par un agent de sécurité.
Sur le fond, il serait intéressant de creuser la raison pour laquelle l'intervention de la police a été rendue possible ... même si les preuves d'une présence depuis 48 heures semblent exister ! Certains confrères évoquent l'hypothèse d'une procédure de "flagrant délit" qui aurait été constatée lors de l'arrivée des occupants dans la journée de dimanche dernier ....Ce serait très intéressant d'avoir des infos sur ce point car cela peut nous interroger sur les pratiques actuelles d'occupation de bâtiments vacants ... et éventuellement nous questionner sur le réflexe de "délation" de certains de nos concitoyens qui ont parfois le coup de téléphone facile dès qu'il se passe quelque chose de nouveau à côté de chez eux ...
Au fait, la délation, c'est un délit ... ou un réflexe "citoyen" ?
On arrive à ne plus savoir depuis que le fait de porter secours à quelqu'un en danger peut être qualifié de "délit de solidarité" ... ou donner droit à une régularisation administrative expresse avec les compliments du Président de la République !
Vive le journalisme d'investigation ...