
Le principe ? Des usagers de transports, vous, nous, eux, madame et monsieur tout le monde (jeunes, vieux, etc., histoire de ne pas stigmatiser) sont portraitisés en noir et blanc, portant devant eux la petite ardoise du délinquant des téléfilms américains.
Le plan de com’ fait de l’usager un criminel, au-delà des peines encourues puisqu’il s’agit en majorité d’amendes et de contraventions (voir encadré ci-après).

Campagne TCL 2017 anti-fraude. DR
Coup de pression de la part des TCL, justifié par la perte économique de plus en plus importante chaque année directement liée à la fraude, et par la volonté de « connaître le nombre de voyageurs à chaque arrêt et d’adapter l’offre de transport ».
Dans ses flyers, le gestionnaire des transports donne tout l’arsenal qu’il a à sa disposition. Par exemple, 60 € de contravention si l’on n’a pas validé son ticket.
Combien ça coûte de circuler sur le réseau TCL avec un ticket non validé ? 60 €. Signaler la présence d’un contrôleur sur le réseau aux autres usagers afin qu’ils l’évite, c’est une complicité de fraude qui peut coûter 3750 €. Si jamais vous vous faîtes piquer. Etc etc, la petite liste, c’est par là.
La boîte de communication, « Agence Magazine », à l’origine de cette campagne de pub décriée, parle ainsi de son travail affiché dans toute la ville :
« Amis fraudeurs, ça ne rigole plus dans le réseau des transports en commun lyonnais ! Magazine signe la nouvelle campagne anti-fraude du Sytral, inspirée de l’affiche du film Usual suspects. Une façon musclée de rappeler que la fraude est sévèrement réprimée, et que refiler son ticket ben… c’est aussi frauder ! »
Les communicants ne s’attendaient sans doute pas à la salve d’insultes et de critiques qui pleut depuis, sur leur post Facebook (toujours en ligne par là).
C’est en effet une interdiction en particulier qui a fait couler de l’encre, ainsi expliquée sur les nouveaux flyers TCL :
« Céder votre titre de transport n’est pas un acte de solidarité ou de générosité, cela contribue à entretenir la fraude. Ça s’appelle de la complicité de fraude et ça se paye. »
La somme ? 150 €, si l’on vous prend à donner votre ticket à un usager qui n’en a pas ou si on vous prend à le laisser sur une borne de façon à ce qu’il soit ré-utilisé.
Ce geste est une spécificité lyonnaise rendue possible par le fait que le ticket n’est pas conditionné aux trajets parcourus mais à leur durée : à Lyon, le titre de transport est valable une heure.
« La solidarité n’est pas un délit »
Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont exprimé leur incrédulité devant la forme du propos et le fond. Un artiste lyonnais a rendu viral un détournement de la campagne. La même ardoise de criminel est utilisée (voir la photo ci-après) pour, cette fois, déclarer :
« La solidarité n’est pas un délit, je continuerai à donner mon ticket. »

La campagne anti-fraude des TCL détournée.
L’auteur du petit montage qui a été partagé des centaines de fois explique :
« Alors que Lyon étouffe régulièrement sous la pollution, les TCL, et l’agence de com’ : « Magazine », n’ont trouvé mieux pour inciter à prendre les transports en commun que de les associer à l’univers carcéral. Un pas est encore franchi en criminalisant, cette fois, celles et ceux qui donnent leur ticket encore valable une fois leur trajet effectué.
Mais peut être peut on se servir de cette horrible campagne pour promouvoir, justement, cette pratique lyonnaise solidaire ! Et rappeler, sur le réseau de transports en commun, le plus cher de France (hors Paris) que la possibilité de se déplacer d’un point à l’autre de l’agglomération est aussi une question d’équité. »
À Lyon, cette pratique existe de longue date et a été promue, notamment par le collectif baptisé « TCL Solidarité », à grand renfort d’affichage -apparu dans la ville il y a quelques années et exhumé ces derniers jours.
Ou encore, il y a quelques années également, on pouvait trouver ce type de stickers dans les rames du métro (photo ci-après) :

©DD/Rue89Lyon.
Une pétition a été lancée sur change.org, qui demande à TCL de revenir sur cette décision « en annulant cette amende et en ne diffusant plus cette campagne de communication criminalisante ».

À Rue89Lyon, on croit en un journalisme qui déniche l’info, qui fouille là où ça dérange, qui demande des comptes, qui parfois égratigne celles et ceux qui nous gouvernent, et surtout qui n’attend pas le sujet mais va le chercher.
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Faudrait pas inverser les causes et les conséquences : c'est le prix prohibitif qui fait baisser le chiffre d'affaires du SYTRAL, pas la fraude !
Par ailleurs combien coûtent ces campagnes de culpabilisation? Combien la mise en place et l'entretien des bornes de vente et des bornes de validation ? Combien les contrôles ? Combien même l’émission des tickets et cartes ? La gratuité n'est peut être pas si absurde !
La solidarité n’ pas un crime
Parmi les rares points positifs, même aux heures de pointe, on ne souffre pas trop de la saturation. Et aussi, nous l'avons vu immédiatement, l'habitude des gens de donner leur ticket encore valable en sortie (un jour j'avais les bras chargés et une personne a gentiment utilisé son ticket usagé pour m'ouvrir le portillon, vraiment sympa !) qui est une très bonne chose. Puisque le ticket est toujours valable, il faudra bien de la gymnastique pour m'expliquer en quoi cela constitue de la fraude.
Bref, nous allons vers l'hiver, mais nous allons de plus en plus utiliser le vélo, comme à peu près tous les lyonnais que nous connaissons et laisser ce système de transport incapable de se remettre en question. Dommage car nous avons le métro au pied de notre immeuble.
Si TCL avait une politique tarifaire de service public et non d'entreprise du CAC 40 il n'y aurait pas de fraude. On comprend plus facilement pourquoi dans l'esprit de ses dirigeants la solidarité est un délit. Les tarifs TCL sont plus chers que ceux de la capitale française et il n'y a pas d'aménagement tarifaire : vous habitez Saint-Just et vous avez seulement de remonter : 1,80€ pour 1minute04 de trajet !
Dirigeants des TCL sortez de vos bureaux et réfléchissez !
Délit de sodilarité = 150€ ! Il y a plein de familles dont cela représente le budget alimentation pour le mois ! Quant à votre campagne de communication c'est une honte vous transformez ceux qui n'ont pas beaucoup de moyens en dangereux délinquants. Mais ça, malheureusement c'est dans l'air du temps et personne ne s'en inquiète. A quand le délit de pauvreté ?.....
http://www.rue89lyon.fr/2013/04/09/fraude-dans-les-tcl-pourquoi-les-mesures-actuelles-ne-servent-a-rien/
On y apprend entre autre que les portiques ont coûté 45 millions d'euros en 2006-2007. Bien davantage évidemment depuis, avec les frais de maintenance ou de remplacement.
A cela s'ajoute le coût des contrôleurs, estimée à l'époque à 5 millions d'euros, et qui doit coûter bien plus aujourd'hui, vu l'équipement des Robocop qu'on croise sur le réseau.
Et rien n'est dit sur le coût des campagnes de communication anti fraudes comme celle dont on parle aujourd'hui + les pleines pages de pub dans la presse.
Bref, la lutte anti fraude coûte très cher. Ne serait-il pas plus simple de rendre le ticket gratuit (il ne couvre en fait qu'un quart à un tiers du prix réel du trajet) et de faire des économies sur les portiques, les contrôleurs (devenus inutiles) et les campagnes de com' comme celle ci ?
Si une grande ville comme Lyon rendait les transports gratuits, l'impact serait énorme en termes d'image et de fréquentation. Les transports publics deviendraient un vrai service public.
mais qu'en pense la nouvelle présidente du Sytral ? ce truc inutile qui ne sert qu'à donner des pseudos responsabilités à des loosers de la politique locale ? elle doit bien avoir une attachée de presse pour bredouiller des éléments de langage
on pourrait même demander au président du Sytral ce qu'il en pense
mieux, interroger celui qui cite Saint-Simon à tout bout de phrase...
allez, les journalites, allez les chercher nos élus !!
on pourrait demander au président de la métropole ce qu'il en pense
et sinon, chaque grand lyonnais peut questionner la présidente directement : bouzerda@sytral.fr