Sur les quatre centrales nucléaires de la zone, trois ont un bilan de sûreté qui présente des « faiblesses » ou est considéré comme « en retrait ».
Tout est relatif. Dans sa présentation générale des installations nucléaires, l’ASN accorde des bons points : « bilan globalement satisfaisant », déclarait Marie Thomines, cheffe de la division de Lyon, lors de la conférence de presse de présentation de son rapport.
Mais ce bon point est à relativiser s’agissant des centrales nucléaires. Essentiellement pour deux raisons :
- L’ASN se réfère à l’état général des installations d’EDF en France, jugé lui-aussi « globalement satisfaisant ».
- Cette autorité administrative indépendante porte un jugement sur un ensemble de sujets qui ne portent pas tous directement sur la sûreté, à savoir la « protection de l’environnement » (la gestion des déchets et des rejets) et la radioprotection (les doses prises par les employés). Au niveau régional, ce sont ces deux derniers points qui tirent l’appréciation globale des centrales nucléaires vers le haut.
Il faut donc observer chacune des centrales, pour avoir une idée plus précise de la sûreté nucléaire dans la région.
1/ À la centrale nucléaire du Bugey, la sûreté « en léger retrait »
Située à une trentaine de kilomètres de Lyon, la plus vieille centrale nucléaire française après Fessenheim suscite l’inquiétude. Pas seulement des militants anti-nucléaire qui réclament sa fermeture mais aussi de la part des autorités genevoises qui demandent des comptes à leurs voisins français.
Il faut dire que les problèmes s’y accumulent.
Après près de deux ans d’arrêt du réacteur numéro 5 pour des défauts d’étanchéité, il est reparti en juillet dernier. Mais la technique utilisée (mettre du lait de chaux entre le radier et l’enceinte de confinement) pose question. À l’ASN, on déclare que cette enveloppe est « contrôlée » et que les fuites sont à un niveau acceptable.
Bugey est également concernée par le problème récurrent dans le parc nucléaire français de ségrégations de carbone dans l’acier constitutif des fonds primaires des générateurs de vapeur du réacteur numéro 4.
En juin 2017, la centrale a connu deux incidents. Pour l’ASN, le plus grave concerne celui du 19 juin. Le départ de feu a eu lieu sur le toit du bâtiment technique alimentant le réacteur numéro 5. Il a eu lieu lors de travaux d’isolation.
Le 29 juin, une montée de la pression du circuit de refroidissement du réacteur numéro 2, qui était à l’arrêt pour cause de maintenance, a été constatée.
Dans les deux cas, le plan d’urgence interne a été déclenché.
2/ Saint-Alban « poursuit son redressement »
La sûreté de la centrale iséroise de la Vallée du Rhône est jugée dans la moyenne des centrales françaises, « globalement satisfaisant ». C’est la centrale de la région qui obtient la meilleure appréciation.
Dans son rapport 2016, l’ASN note au sujet de Saint-Alban :
« Les actions de fond menées depuis 2011 pour redresser les performances du site dans la durée ont abouti à des résultats ».
Olivier Veyret, adjoint à la cheffe de la division de Lyon, précise :
« Saint-Alban poursuit son redressement après une période de surveillance renforcée ».
3/ La sûreté de la centrale de Cruas « en retrait »
Pour la deuxième année consécutive, la sûreté de la centrale nucléaire de Cruas est jugée « en retrait ».
C’est surtout le second semestre 2016 qui a été difficile dans cette centrale ardéchoise de la vallée du Rhône.
Les problèmes portent essentiellement sur les opérations réalisées lors du renouvellement du combustible.
L’adjoint à la cheffe de la division de Lyon, Olivier Veyret, développe :
« À chaque renouvellement, il faut ajuster la protection pour un cycle de plus. Lors de ces arrêts du réacteur, on a constaté plusieurs erreurs particulièrement dans le contrôle technique. C’est notamment des personnes qui recopient mal les indications. »
Pour Olivier Veyret, l’explication tient à l’accumulation, depuis 2012, des travaux de maintenance qu’il faut réaliser sur les quatre réacteurs.
4/ Les « faiblesses » de la centrale du Tricastin
La centrale la plus au sud de la vallée du Rhône sert essentiellement à fournir l’électricité pour l’usine Areva d’enrichissement d’uranium.
Dans cette gigantesque plateforme nucléaire, la partie EDF (la centrale, donc) est considéré par l’ASN comme étant « en ligne avec l’appréciation générale que l’ASN porte sur EDF », à savoir globalement satisfaisant.
Ce jugement positif est émis alors que l’ASN note que l’ensemble des réacteurs est touché par la problématique des ségrégations de carbone dans l’acier constitutif des fonds primaires des générateurs de vapeur. Ce qui a même donné lieu a des arrêts prolongés des réacteurs 1 et 3 au premier semestre 2016.
Les premiers mois de 2017 ont montré des « faiblesses » selon l’ASN.
Lors de la conférence de presse de ce mercredi, la cheffe de la division de Lyon, Marie Thomines, a ainsi déclaré :
« On a relevé trois incidents en avril, juin et août liés à la conduite des réacteurs. Cela a abouti à des surpuissance pendant quelques heures ».
Ces « faiblesses » constatées ont abouti au lancement d’« une opération de contrôle renforcée » engagée le 12 septembre dernier et qui doit se poursuivre jusqu’au 31 décembre prochain.
Parallèlement, à la suite de tests, EDF et Areva ont déclaré en août qu’une portion de la digue du canal de Donzère-Montdragon (qui protège le site en cas d’inondation) ne tiendrait pas en cas de séisme de niveau SMS (séisme majoré de sécurité).
Pour l’année 2016, l’ASN a relevé 33 incidents de niveau 1 sur l’échelle INES dans la région. Elle en avait relevé 25 en 2015 et 40 en 2014.
Chargement des commentaires…