En 2007, Philippe Meunier avait ravi la circonscription au Parti socialiste en place depuis 1988. Réélu en 2012, il brigue un troisième mandat. Conseiller régional et vice-président de Laurent Wauquiez, Philippe Meunier avait aisément été élu par le passé. Cette fois l’issue semble plus indécise.
Philippe Meunier davantage à l’attaque contre Macron que contre le FN
Au premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron est arrivé en tête avec 24,3 % des suffrages. Il a devancé d’une courte tête Marine Le Pen (23,8%) et a distancé assez largement François Fillon (20,9 %). Des résultats qui laissent envisager une triangulaire entre Philippe Meunier (LR), Sandrine Ligout (FN) et Danielle Cazarian (République en marche).
Pour tenter d’éviter un tel cas de figure, Philippe Meunier peut compter sur son profil très droitier. Sarkozyste pur sucre, il est un des cofondateurs de la Droite Populaire avec Thierry Mariani ou Philippe Luca. Ce courant au sein de l’ancienne UMP est marqué à droite de la droite. Avec d’autres parlementaires, il a œuvré à mettre en avant au sein de sa famille politique les questions d’identité nationale et d’immigration. Secrétaire de la commission de la Défense Nationale et des forces armées, il se positionne alors régulièrement sur les questions de sécurité et du terrorisme. Des thèmes traditionnellement labourés par le Front national.
Par le passé, il s’est notamment élevé peu après son élection en 2012 contre « les mariages bruyants ».
« À ceux qui fêtent leur mariage sur nos routes et autoroutes en bloquant les voies de circulation, je rappelle qu’ici, nous sommes en France.
Si ces personnes ne le comprennent pas, je leur conseille de retourner dans le pays de leurs ancêtres pour vivre en fonction de leurs traditions qui ne sont pas les nôtres et qui violent nos lois. »
Le Front national l’avait d’ailleurs déjà invité à rejoindre ses rangs. Une adresse régulièrement utilisée par le même Christophe Boudot à l’endroit de Laurent Wauquiez, président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes à chaque prise de position proche de celles du parti frontiste.
Une triangulaire risquerait fort d’être favorable au camp d’Emmanuel Macron. Dans ses sorties, le député sortant s’en prend alors davantage au mouvement du Président de la République qu’au Front national.
« J’ai du respect pour les partis ayant des projets : France insoumise, le PS, même le FN. Mais je suis peiné de voir que d’autres ne sont que dans l’apparence. La République en marche est ce qu’il y a de pire en politique, ce parti surfe sur l’air du temps, ne représente que ceux ayant du pouvoir d’achat. »
Et quand on lui demande ce qui menace le plus le territoire de sa circonscription, il répond :
« Il est victime de l’accélération de la montée des communautarismes : c’est le risque majeur. »
Sans que cela semble en mesure de lui nuire, les investitures à droite ont été compliquées sur le territoire. Daniel Valéro, maire de Genas, s’est lancé dans la bataille. Il a notamment revendiqué l’investiture de l’UDI alors que Philippe Meunier est le candidat issus de l’accord entre LR et l’UDI. Il a finalement reçu le soutien officiel de l’autre parti centriste, le Modem.
Au FN « on mise vraiment sur cette circo »
La République en marche a choisi d’investir sur le territoire une personnalité symbolique. Novice en politique, Danielle Cazarian est cheffe d’entreprise et notamment présidente du Centre national de la mémoire armènienne. Une communauté très implantée sur la circonscription notamment du côté de Décines.
Elle voit notamment dans sa candidature la volonté de « lutter contre le FN ».
Le parti frontiste a investi Sandrine Ligout sur une circonscription où il a de grandes chances de bien figurer. Installée à Saint-Priest, elle s’était présentée en 2012 sur la 14e circonscription qui englobait alors toute la commune. Elle s’était hissée au second tour et avait obtenu 38 % des suffrages.
Elle sait que l’étiquette et la dynamique En marche bénéficieront à Danielle Cazarian. Mais elle juge la circonscription gagnable :
« On ne peut pas apprendre la politique en 15 jours, mais elle aura la dynamique pour elle. Les voix de la présidentielle ne sont pas acquises. On a toute une circonscription à amener à notre cause Mais, on a toutes nos chances. On a l’ambition de gagner. On mise vraiment sur cette circonscription. », indique-t-elle au Progrès.
Candidats aux législatives 2017 sur la 13e circonscription du Rhône
Philippe Meunier (Les Républicains)
Danielle Cazarian (République en marche)
Sandrine Ligout (Front national)
Roland Pacaud (La France insoumise)
Axel Marin (EELV)
Bernard Augier (Parti communiste français)
Françoise Bergame (Parti socialiste)
Michel Piot (Lutte Ouvrière)
Nathalie d’Eyssautier (Debout la France)
Laure Quincy (UPR)
Didier Barthès (Mouvement 100 %)
Daniel Valero (DVD)
Mourad Ben Madhi (Parti Égalité Justice)
Athénaïs Bléhaut (Divers droite)
Nathalie D’Eyssautier
Gwladys Peretti (Écologie)
Résultats du 1er tour de la présidentielle sur la 13 circonscription du Rhône
Emmanuel Macron 28,18% des suffr. exp.
François Fillon 27,25%
Jean-Luc Mélenchon 17,1%
Marine Le Pen 13,88%
Benoît Hamon6,31%
Nicolas Dupont-Aignan 4,28%
Jean Lassalle 0,74%
Philippe Poutou 0,69%
François Asselineau 0,91%
Nathalie Arthaud 0,5%
Jacques Cheminade 0,15%
Abstention (% inscrits) 20,08%
Vote blanc (% votants) 1,44%
Résultats du second tour la présidentielle 2017 sur la 13e circonscription du Rhône
Emmanuel Macron 63,53 %
Marine Le Pen 36,47%
Abstention 25.19 % des inscrits
Vote blanc 8.08 % des votants
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