
Certes, ce n’est pas une compétence régionale, mais le président d’Auvergne-Rhône-Alpes l’avait promis durant toute sa campagne : la Région allait participer au financement de l’autoroute entre La Fouillouse (au nord de Saint-Étienne) et Brignais (au sud de Lyon).

Tracé de l’autoroute A45 ©Capture écran Alcaly
Cependant, face à l’opposition d’une partie de son propre camp, il avait préféré temporiser un brin.
Usant d’une stratégie bien rodée, le président de région avait alors annoncé une étude pour évaluer le principal argument des opposants : la « requalification » de l’autoroute existante A47 dans le but d’éviter de construire une deuxième autoroute.
Confiée début avril au cabinet Artelia, cette étude n’est en réalité qu’une simple actualisation d’une étude réalisée en 2005 intitulée « Parti alternatif d’aménagement des itinéraires existants » qui était, à l’époque produite par le CETE de Lyon (Centre d’études techniques de l’équipement – devenu le Cerema).
Elle a été rendue publique le 25 juin, notamment dans le Progrès.
Le 26 juin, Laurent Wauquiez, s’appuyant sur les conclusions de cette étude, annonçait, toujours dans les colonnes du quotidien, que la Région allait financer à hauteur de « 140 millions » (et non plus 100 millions prévus en mars) l’autoroute A45.
Nous publions la synthèse de cette étude envoyée aux élus régionaux.
Des conclusions « sans appel » en faveur de l’A45
Ce jeudi 7 juillet, en séance, lors de l’assemblée plénière, c’est le conseiller régional Les Républicains et maire de Feurs Jean-Pierre Taite qui a défendu le « financement de l’autoroute A45 entre Saint-Etienne et Lyon ».
Pour lui, les conclusions de cette étude du cabinet Artelia sont évidemment « sans appel » :
- La rénovation de l’A47 coûterait 1,015 milliard d’euros contre 1,2 milliard pour l’A45
- Les travaux de l’A47 durerait 10 ans.
Ce second point est, pour Laurent Wauquiez, l’argument « majeur » :
« On constate déjà la gêne occasionnée pour des travaux portant sur de pauvres glissières de sécurité ».

A l’appel des associations SCL et Alcaly, une soixantaine de personnes se sont rassemblées contre la participation de la Région au financement de l’A45, le 7 juillet, au moment du vote. ©LB/Rue89Lyon
Quelle honnêteté de l’étude commandée par Laurent Wauquiez ?
Les opposants au projet d’autoroute ne décolèrent pas quand ils ont appris, par la presse, la publication de cette étude commandée par la Région. Ils se posent la question de son honnêteté.
Tout d’abord, ils pointent une éternelle absence de concertation.
C’est le cas de Maurice Fisch, co-président de l’association intercommunale Sauvegarde des Coteaux du Lyonnais (SCL), qui appelait ce jeudi, à un rassemblement devant le conseil régional.
Idem, les élus opposés à l’A45 regroupés au sein de l’Alcaly (association de 110 communes) reprochent à l’exécutif régional de ne pas avoir été associés à cette étude sur la requalification de l’A47 alors qu’on leur avait promis des réunions de concertation.
Ces élus des petites communes ont écrit leur désappointement dans un courrier adressé à Laurent Wauquiez :
« Le Conseil départemental qui devait copiloter la démarche n’a pas été associé de fait à celle-ci. Les différents intervenants qui devaient être auditionnés par une commission – dont notre association d’élus et les associations d’habitants – ont été totalement exclus du processus, malgré les promesses faites et réitérées…
Finalement la commission promise par Patrick Mignola, qui devait les « entendre très rapidement », afin de recueillir « expertise et éclairages sur ce dossier » a été reportée au début du mois d’août. Donc, après le vote de la subvention, en pleines vacances.
Une délégation de SCL et Alcaly a quand même été reçue au moment où les élus votaient la subvention à l’A45.
Toujours dans leur courrier, les élus de l’Alcaly concluent « à la suspicion légitime sur le rendu de l’étude » :
« Qui peut avoir le moindre doute sur le fait que le secret et l’opacité ayant entouré l’affaire, l’absence totale de concertation et d’écoute d’autres opinions pouvait conclure à une autre conclusion ? »
Par ailleurs, les opposants mettent en avant « un partenariat depuis de nombreuses années » entre le cabinet Artelia et l’entreprise Vinci qui sera le concessionnaire de l’A45.
Quant au président du Département du Rhône (opposé à l’A45), Christophe Guilloteau, il se montrait « dubitatif » dans le Progrès à propos ce cette étude :
« Une étude de 24 pages pour un projet de plus d’un milliard d’euros. (…) On pouvait s’attendre à quelque chose de plus fouillé ! »
Laurent Wauquiez a balayé ces arguments en séance :
« Quand une étude n’est pas favorable, on dit qu’elle est trop courte. Alors qu’elle a été faite par un cabinet d’expertise indépendant ».

Elus, habitants des Monts du Lyonnais mais aussi militants écolos radicaux avaient fait le déplacement contre l’A45. Ici, une banderole d’un militant se présentant comme « zadiste » qui dénonce la destruction de 500 ha de terres agricoles sur le tracé de l’A45. ©LB/Rue89Lyon
Une contre-expertise rédigée à la hâte
Jean Grenier, conseiller municipal de Saint-Maurice-sur-Dargoire, et secrétaire de l’Alcaly, est également définitif sur les conclusions de cette étude commandée par la Région :
« Une étude de mauvaise qualité qui ne compare pas ce qui est comparable ».
Pour contrer l’étude Artelia, les opposants d’Alcaly ont commandé une contre « contre-expertise » présentée, elle, comme « indépendante et objective ».
Il s’agit d’une « note préliminaire » de 10 pages qu’ils ont envoyée aux élus régionaux avant le vote du 7 juillet.
Elle a été rédigée par Jean-Noël Chapulut et Jean Deterne, deux ingénieurs honoraires des Ponts et Chaussées.
Nous publions également cette étude.
Les coûts cachés de l’A45
Dans cette « expertise » rapide, les deux ingénieurs soulèvent deux problèmes majeurs posés par l’étude Artelia qui fournit une base de comparaison entre le scénario « amélioration de l’A47 » et le scénario « création de l’A45 ».
Tout d’abord, selon eux, le scénario A45 tel que présenté par ses partisans ne prend pas en compte les coûts d’arrivée sur Lyon de l’A45 et du raccordement au Contournement Ouest de St Etienne (COSE).
En séance, l’écologiste Jean-Charles Kohlhaas a répercuté une évaluation mis en avant par les deux ingénieurs :
« Les travaux de raccordement de l’A45 à l’A7 (…) dépasseront les 300 millions d’euros ».
Ensuite, selon ces ingénieurs, l’étude Artelia a ajouté des « opérations discutables » pour le scénario A47 comme l’augmentation de la capacité de l’A7 entre Givors.
Et les de conclure :
« On peut estimer qu’il y a dans le comparatif présenté : une sous-estimation des coûts de l’option A45 par omission de nombreux coûts cachés connexes et une surestimation des coûts de l’alternative (aménagement A47). » .
Christophe Guilloteau dénonçait également dans les colonnes du Progrès un autre problème posé par l’étude Artelia :
« Le prix de l’A47 a été revalorisé dans cette étude, mais pas celui de l’A45 ! ».
Tous ces arguments nourrissent, encore, les oppositions à l’A45. Ils viendront alimenter les recours en justice qui sont déjà annoncés, notamment contre les différentes subventions votées par les collectivités.
En séance comme devant les journalistes, Laurent Wauquiez est resté droit dans ses bottes :
« C’est un dossier sur lequel les élus se regardent le nombril depuis 30 ans. (…) En six mois, ce dossier a plus avancé qu’en 30 ans : on assume nos responsabilités. »
Le bétonneur à l'honneur, vive la pollution par les voitures et tant pis pour les transports alternatifs représentés par le train
Ces 30% supplémentaires, non prévus, seront pris sur des autorisations de programme destinées au réseau ferroviaire.
Et voilà comment certains suscitent une ZAD qu'ils auront à coeur de combattre ... Du grand n'importe quoi !
N'oublions pas que la première ligne de chemin de fer continentale est née au 19ème siècle entre St Etienne et Lyon et a apporté à la région plus d'un siècle de prospérité.
L'A45 ressemble beaucoup à un projet du passé : cher et polluant.
L'A45 est le projet le plus raisonnable. Les seules objections sont de nature NIMBYesque (autant dire risibles) et politiciennes (autant dire pitoyables.)
Bien sûr il faudrait souhaiter que cela s'accompagne de progrès au niveau ferroviaire, mais là encore le problème est complexe : c'est bel et bien le noeud lyonnais qui sature, sans réelle possibilité d'extension (une nouvelle voie à l'avenir, ce qui est bien trop peu.)
Ça aussi, c'est très concret.
Cela soulagerait l'A 47 des flux vers le sud et offrirait également le débouché rive droite sud du contournement ouest de Lyon ( COL ). Creusé en limite des 2 départements ( au droit de Rive de Giers, cela règlerait les 2 pbs. Enclavement Ligériens et contournement Lyonnais. Mais peut être est ce trop simple ?
Surtout au moment ou d'importantes mutations sont en gestation dans le domaine des déplacements.
Si elle devait se faire je pense que les opposants sanctionneraient L.R. lors de la présidentielle car l'image donnée par l'A45 est significative.
Je ne me faisais pas d'illusions en lisant votre article en connaissant les conclusions à l'avance, les méchants bétonneurs des grands groupes du BTP contre les bons riverains (mouvement NIMBY ou PUMA si on choisit l'acronyme français ) et gentils environnementalistes. Cette autoroute est une nécessité faute d'alternatives crédibles (vous connaissez en France des transports publics qui offrent vraiment une alternative, c'est à dire : rapide, moderne, sûre, pérenne, moi peu, sauf dans l'esprit d'idéologues bornés et rétrogrades).
Autant des projets autoroutiers sont débiles (tout comme l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes), autant cette autoroute paraît utile et facilitera la vie (en réduisant le temps des trajets domicile/travail) de plusieurs milliers de personnes dont tout le monde se fout (surtout les Bobos environnementalistes).. Je n'ai ni le temps, ni l'envie (avec des gens bornés, ce n'est pas la peine) mais je pourrais vous balancer un argumentaire de 50 pages en pdf. Quant aux bonnes terres agricoles spoliées aux gentils paysans et à la pollution qui font mourir les enfants par milliers par ces criminels de guerre que sont les dirigeants des groupes du BTP, je signale juste que les nouvelles autoroutes ne contribuent qu'à un pourcentage dérisoire de cela ; en revanche les zones commerciales périphériques et les lotissements pavillonnaires (pour avoir sa petite maison avec ses deux enfants, son chien et ses 500 m² de jardin, les Bobos ont plus....) en bouffent 20 à 25 fois +.
Le profil en travers d'une autoroute montre que l'on bétonne 23m10 ou 24m10 au km, 14 m de chaussée (2x7m), 2,6 m de terre-plein central, 5 m ou 6 m de bande d'arrêt d'urgence, 1,5 m de berme (au-delà de la BAU). Si on y ajoute les échangeurs, les stations de pages et les aires (qui offrent des surfaces non bétonnées), on atteint 31 à 34 mètres, soit 3,4 hectares au km.
Je ne suis pas un employé des odieux groupes de BTP, juste un géographe qui travaille sur l'aménagement du territoire sans a priori et sans tenir compte de la pensée unique : le meilleur aménagement à un endroit donné en tenant compte de l'intérêt du plus grand nombre et qui lutte contre le mitage pavillonnaire et l'extension des zones commerciales périphériques qui nuisent à l'environnement et détruisent les centres-villes tout en satisfaisant l'intérêt égoïste (pléonasme mais j'assume) d'un certain nombre de personnes.