
La galaxie Eric Piolle : Vincent Comparat, cheville ouvrière du « Rassemblement » 4/6
Dans la sélection de portraits de ce premier cercle dévoué, on trouve l’influent Vincent Comparat, instigateur du « réseau citoyen » et animateur de l’arrière-garde militante.

Vincent Comparat, devant le local grenoblois de l’Association démocratie écologie et solidarité (ADES) qu’il préside. Crédit : VG/Rue89Lyon
Ce mardi 11 mai, la réunion publique pour un « pôle public de l’énergie » dans la métropole grenobloise n’a pas attiré les foules, face à la concurrence de la manifestation improvisée à Grenoble contre le recours du gouvernement à l’article 49.3 sur la loi Travail.
La soirée devait pourtant être le premier jalon de la réalisation d’un engagement de campagne d’Eric Piolle. Il promettait à l’époque de travailler à la fusion du fournisseur Gaz et Electricité de Grenoble (GEG) avec la compagnie de chauffage de l’agglomération pour permettre la mise en place d’une tarification progressive de l’énergie.
Autour de Vincent Comparat – à l’origine de cette réunion publique -, plusieurs élus de la majorité métropolitaine écolo-socialo-communiste ont participé à des tables-rondes pour trouver un terrain d’entente sur l’intérêt et le mode de gestion d’un tel dispositif et, à terme, imposer la mesure dans le plan de mandat de l’exécutif métropolitain.
Vincent Comparat reçoit toujours au même endroit.
Dans la rue Voltaire de Grenoble, le petit local du micro-parti Association démocratie écologie solidarité (ADES) – qu’il préside – est devenu sa deuxième demeure.
À 72 ans, ce chercheur en physique nucléaire à la retraite a développé une passion pour l’ennuyeux jargon technique des délibérations de collectivités locales, des marchés publics et des contrats de gestion déléguée.
C’est devenue, pour lui, une déformation professionnelle :
« Au CNRS, j’étais responsable des transferts de technologie. Je devais être particulièrement vigilant aux notes de bas de page et savoir lire entre les lignes des contrats ».
Sous le dernier mandat du maire socialiste Michel Destot, le tandem formé par Vincent Comparat et Raymond Avrillier était devenu la « bête noire » des élus par la capacité de nuisance procédurière dont l’ADES était la vitrine. Combien de plans de déplacements, de projets d’urbanisme et de délibérations ont été mis en difficultés par le minutieux travail de décorticage de ces deux retraités-militants ?
Créateur du réseau citoyen
Mais dans les dernières années de la municipalité socialiste, l’ancien ingénieur « formé au militantisme à la CFDT et au PSU », travaillait en secret sur tout autre chose que des recours.
L’ADES est devenue le pivot politique du rassemblement à la gauche du PS en vue des municipales de 2014. Vincent Comparat décrit aujourd’hui leur méthode :
« Notre postulat était de garantir un poids similaire à toutes les composantes qui nous rejoindraient, contrairement au PS qui fonctionne par absorption de ses partenaires ».
EELV, Le Parti de Gauche, Ensemble!, les Alternatifs, Nouvelle Donne fondent le socle de cette coalition. Quelques personnes non-encartées rencontrées lors de luttes locales rejoignent les rangs du melting pot.

Eric Piolle et Vincent Comparat à l’arrière plan de la conférence de presse du lancement de l’appel « Grenoble, une ville pour tous », en septembre 2013. Crédit : VG/Rue89Lyon
Vincent Comparat les aide à se structurer dans un « réseau citoyen » dont « l’indépendance » sera mise en avant dans les premiers temps de la campagne avant d’être absorbé dans le « rassemblement » d’Eric Piolle. L’ingénieur retraité en reconnait désormais la paternité :
« J’ai initié le réseau citoyen parce que j’avais l’expérience politique et les réseaux pour faire entendre leur voix ».
Dix élus issus de ce groupe siègent désormais au conseil municipal.
La « famille Rapetout »
Aujourd’hui, toutes les composantes politiques sont fondues dans un unique groupe majoritaire au conseil municipal, sans distinction de parti. Indispensable pour garantir l’union jusqu’au terme du mandat, selon Vincent Comparat :
« Nous sommes condamnés à réussir ensemble ou à disparaitre ensemble ».
Un nom familier préside cette majorité chamarrée. Laurence Comparat, sa fille, également membre de l’ADES. Les liens familiaux ne s’arrêtent pas là. Sa compagne, Maryvonne Boileau, ancienne candidate écologiste aux élections municipales à Grenoble en 2008 est celle qui a proposé, encouragé et préparé Eric Piolle à une candidature. Et c’est d’ailleurs à Vincent Comparat que ce dernier a confié le rôle de confiance de mandataire financier de sa campagne.
À cause de ces liens, la droite grenobloise dénonce régulièrement « la main mise sur la ville d’une famille Rapetout ».
Animateur de la base arrière
C’est en périphérie de la municipalité que Vincent Comparat agit désormais. Il est l’un des animateurs d’un groupe réunissant toutes les composantes de la majorité grenobloise, auquel ne participe pas les élus municipaux. Il justifie cette base arrière militante :
« Quand j’étais conseiller municipal en région parisienne, je me suis rendu-compte de l’isolement des élus avec leur base militante. Alors que c’est très important qu’il y ait des forces vives qui ne soient pas prises dans la mécanique élective ».
Le groupe se réunit régulièrement pour rappeler aux élus leurs engagements, quand c’est nécessaire, et recruter de nouveaux profils.
« Nous sommes un soutien critique pour éviter qu’ils se coupent des militants et du public ».
« Je fuis la représentation »

Vincent Comparat assiste systématiquement à l’ensemble des conseils municipaux de Grenoble, dans le public. Le 19 octobre 2015. Crédit : VG/Rue89Lyon.
Cet investissement depuis l’extérieur de la municipalité lui vaut d’autres surnoms de la part de ses opposants. « L’ayatollah de l’écologie », « L’éminence grise » ou le titre de « conseiller occulte » dont l’avait affublé le socialiste Jérôme Safar, quand il s’interrogeait en juin 2014 dans le Dauphiné Libéré sur son rôle auprès de la municipalité.
« On sait qu’il participe à certaines réunions budgétaires, alors qu’il n’est pas élu. On sait qu’il se présente comme le conseiller de l’adjoint aux Finances Hakim Sabri. Est-il salarié de la Ville ? Si oui, on aimerait le savoir. Car on a vu aussi qu’il avait eu, dès avril, des informations sur le compte administratif, c’est à dire bien avant les élus ! Il y a là un dysfonctionnement ».
En réponse, Vincent Comparat reconnait jouer un rôle satellitaire auprès de certains élus :
« Je travaille depuis 1993 sur les budgets de la ville de Grenoble et sur les services publics locaux. J’en ai acquis une expertise dont je fais profiter les élus, sans aucune rémunération pour cela. »
Et de conclure avant-même que nous lui demandions s’il n’aurait pas souhaité être élu pour faire ce travail décisionnaire avec la légitimé d’un mandat :
« La vie publique me passionne, mais je préfère être dans la réflexion plutôt que dans la représentation. Je tiens à ma liberté ».
> Article mis à jour le 12/05 à 15h en corrigeant la légende de la deuxième photographie. Il s’agit de la conférence de presse de lancement de l’appel « Grenoble une ville pour tous », pas du « réseau citoyen ».

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A propos de "la famille Rapetout", comme l'a appelée l'opposition PS...
Au départ, certes, ce sont des bandits dans la BD Picsou, mais Safar semble oublier que Grenoble est une ville de rugby. Rapetout désigne les avants d'une équipe, poussés aux fesses par les co-équipiers pour former un dos de tortue et avancer.
Le concept vient de l'équipe de Béziers, il y a fort longtemps. On la voit ici traverser presque tout le terrain adverse
http://www.lerugbynistere.fr/videos/la-tortue-geante-de-begles-.php
Cette technique a été reprise par les autres équipes et il fut un temps où l'équipe de Grenoble la réussissait à merveille
Appeler la famille Comparat, les "Rapetout" est en fait un compliment auquel j'adhère vu le travail qu'elle accomplit, elle est le fer de lance d'une équipe qui avance.
Comparat successeur d'Avrillier, aucun n'est d'ailleurs élu, l'homme du procès, l'homme des tribunaux...les deux sont dans l'ombre, on ne sait qu'ils sont vraiment, et seront prêts à rappeler Piolle à l'ordre car la solidarité n'existe pas pour ces deux là dans la durée.
Boileau qui est la femme de Comparat n'est jamais bien loin non plus: elle aussi pense toujours au passé en oubliant en le critiquant tant et plus (tactique ADES "on critique le passé et on ne propose rien pour l'avenir", rappelons au passage que Boileau a été présidente de l'OPHLM sous Destot, ancien Maire PS de Grenoble) maintenant que leur poulain est à la mairie et qu'il ne fait rien tellement ce système opaque rend le système non piloté. Le Conseil Municipal subit les conséquences de décisions prises dans l'anti-chambre avec l'ADES.
Et l'ADES anticapitaliste pense quoi d'un Maire comme Piolle actionnaire minoritaire de société à Singapour ?
Un système vraiment opaque...j'espère que Piolle saura s'éloigner de l'ADES s'il veut être réélu.
http://grenoble-le-changement.fr/
espèce de collectif issu de LR38, avec une page facebook virulente anti-Piolle dans le genre de ce que vous écrivez et quelques personnalités bien connues, comme Aziz Sahiri, ancien adjoint de Carrignon, monsieur "Sécurité" et qui court les plateaux télé comme "musulman laïque", plutôt extrême droite comme j'ai pu le lire.
Ou bien, vous êtes un de ces PS revanchard qui n'a toujours pas digéré la défaite de Safar ?
Madame Boileau n'est plus dans l'équipe de Destot depuis 2008, depuis qu'il a préféré ouvrir sa liste au MODEM et autres gens de droite.
Depuis sa déclaration de patrimoine de janvier 2014, tout le monde aurait pu lire que Piolle avait gardé une demi-part d'une action dans Raise Partner ... mais il a fallu attendre qu'il soit élu pour que beaucoup de gens lui tombent sur le râble ... bizarre ... vous parlez d'opacité ?
S'il n'y avait pas eu des combattants comme Comparat ou Avriller, l'eau serait toujours dans le privé, par exemple. Ils ont fait de l'excellent travail, qui n'aurait pas lieu d'être si certaines décisions des anciennes municipalités ne relevaient pas d'un droit de plaintes auprès de la Justice.
Je n'appréciais pas plus Destot que Safar, j'ai voté Piolle, mais s'il repart avec l'ADES je ne voterai pas pour son équipe, car le dogme ne me convient pas, et encore moins pour ceux qui ne parlent que du passé alors qu'ils sont maintenant au pouvoir.
Pour vous répondre: Je n'aime simplement pas ces mécanismes parallèles, typiques d'autres époques, typiques de l'ancien bloc de l'est, typique d'un contre-pouvoir qui détient en réalité la décision politique, je vous retourne en revanche la question, vous militez à l'ADES pour faire les questions et les réponses et pour systématiquement référence au passé ? Cesser de parler de méthode pour enfin décider et avancer, c'est ce que je demande à Piolle.
Pour conclure, je préfère la lisibilité à l'opacité, ADES ou pas, les modes de gestion publique sont devenues à la mode notamment pour l'eau, même l'UMP en a fait autant dans des grandes agglos.
Sur l'action de Raise Partner, c'est juste inadmissible, soit on est capitaliste et on assume, soit on anti et on assume, mais posséder une ou mille action revient à cautionner un système libéral, c'est juste un problème de lisibilité, ou d'opacité pour cette action d'ailleurs.
Je n'ai pas compris, comme je ne comprends certaines de ses positions, s'afficher en gros sur le DL avec Queyranne Ferrari à l'entre deux tours après avoir critiqué l'ancienne majorité régionale...
Perso, je trouve le site de l'ADES intéressant
http://www.ades-grenoble.org/wordpress/
de temps en temps je vais à la pêche aux infos que je ne trouve pas opaques. Au 2e tour des régionales en Isère les gauches avaient fusionné leurs listes : PS, EELV, Front de gauche, PCF et PRG. Si vous trouvez la liste, vous verrez que les gros bras de la liste Safar n'y sont pas.
Sure Raise Partner, j'avais lu quelque part que Piolle était un des fondateurs de l'entreprise avant qu'elle ne prenne ce nom et que garder un petit bout de part lui permettait de savoir ce qui s'y passe. Et puis, EELV ne s'est jamais déclaré anti-capitaliste
http://reporterre.net/Mais-pourquoi-les-partis-proches
Je ne suis pas encartée non plus, mais m'occupant beaucoup de problèmes des "sans papiers", je sais qui emploie les méthodes dignes du FHaine et qui les combat. Et ça, pour moi, ça fait toute la différence entre la gauche et la gauchedroite.
D'ailleurs Safar n'est pas un homme "gros bras", il n'y a qu'à Grenoble qu'on peut croire cela, le seul socialiste fort de l'agglo est Ferrari, un vrai renard sous des airs naïfs.
Il reste Fioraso, Destot ou encore Battistel, mais ce sont des parlementaires plus que des élus de proximité désormais.
Je condamne la méthode et ne le fond, que Piolle ait des actions je m'en fiche, il faut juste assumer une position claire.
Personnellement, je l'accepte même.
Voir un front de gauche écolo très loin de ce type de visions, est un élément de réponse incompatible avec le fonctionnement de l'homme Piolle ancien cadre sup d'une boite américaine qui a bien réagi en démissionnant mais qui a mangé dans un système pendant des années...et qui est actionnaire d'une société enregistrée dans des lieux surprenants...c'est juste un fait.
Un exemple: Vous parliez de régie publique, c'est parfait, mais lorsque l'on détient des actions on ne peut être fondamentalement pour des systèmes 100% publics: l'actionnaire n'a pas lieu d'être.
Des SEM peuvent suffire (ce que Piolle en tant que personne doit d'ailleurs penser), mais pourquoi faire de GEG ou de CCIAG des régies publiques par exemple ? la SEM suffit, on voit ici le dogme, entretenu notamment par l'ADES...le site que vous proposez est par exemple sur ces sujets sans ambiguïté jusqu'au boutisme, sans peser le pour le contre, l'impact sur la fiscalité, l'impact sur l'opacité des mouvements de personnels pour équilibrer les comptes d'une structure vers une autre, l'impact sur l'investissement...j'ai découvert dernièrement que la ville avait transféré du personnel à GEG, mais pourquoi faire ? qui paie ? GEG a perdu des contrats, et les grenoblois paient encore et toujours...
Dès lors que l'on préside une structure on a la main, un contrat bien ficelé suffit bien souvent à avoir la main, et la gestion concédée n'importe que peu, c'est une question plus juridique que politique.
Sur le social, je ne connais pas assez le domaine, et je comprends volontiers qu'une politique trop libérale soit inacceptable car elle condamne les démunis, et renforcent les inégalités.
La gauche doit se rassembler plutôt que de critiquer les fautes des uns ou des autres en la matière, je connais très bien Lyon aussi, et je reconnais que la politique de la Métropole de Lyon est plutôt bonne en la matière et pourtant Collomb est plutôt un social démocrate ce que vous appelez probablement la droite de la gauche.
La décision poilitique est toujours meilleure à la méthode, Collomb décide pendant que Ferrari et Piolle concertent. Il convient de redonner confiance, voilà mon analyse.
Allons nous tuer "le Père". Non, du père on s'en fiche.
Article intéressant et " objectif "( assez rare pour ętre soulignê!, 2 remarques:
U1)- Un bémol, vous dites :" capacité de nuisance procêduriere" plutôt " une volonté exacerbée de vigilance citoyenne face au politique et à ses décisions"; vous noter fort justement le bénévolat et le fort engagement de Mr V.Comparat certes un des "initiateur" plurôt qu'"instigateur"du réseau citoyen qui n'est pas l'apanage d'un seul créateur. ce citoyen éclaire avait une petite longueur d'avance ( avec une petite équipe) sur les mouvements actuels qui sont, on le constate un peu partout, constitués par des citoyens engagés hors des partis habituels classiques.
2)-Concernât la réunion publique de lénergie, thême cher à V.Comparat mais sous les feux de l'actualité grenobloise, noter qu'il travaille au sein d'une Coordination du Rassemblement qui comme son nom l'indique regroupe partis de gauche et mouvements ( citoyens//rouges/verts/ pour faire court). Vous avez trop tendance à parler de cheftaines et de chefs en insistant pas assez sur la base militante et les forces que ces " leaders" réussissent à lever et sans lesquelles ils sont inopérants.
La famille composée ne saurait se résumer à un trio de tête, ni patriarcale, ni matriarcale elle est celle d'un Rassemblement (" à la grenobloise"), va pour une galaxie ( un tantinet grandiose cette expression mais joliment trouvée!).