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SDF : Emmanuelle Cosse annonce « la fin de la gestion au thermomètre ». Vraiment ?

En visite à Lyon, la nouvelle ministre du logement, l’écologiste Emmanuelle Cosse, a annoncé la création de 2300 places pérennes d’hébergement pour les SDF. Dans le Rhône, ce sont 373 places du plan froid qui ne seront pas fermées. Mais cet effort ne sera pas suffisant. Explications.

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La ministre du logement, Emmanuelle Cosse (à gauche) dans les locaux de la Fondation Abbé Pierre à Lyon où elle présentait un plan de prévention des expulsions. ©LB/Rue89Lyon

La ministre du logement, Emmanuelle Cosse (à gauche) dans les locaux de la Fondation Abbé Pierre à Lyon où elle présentait un plan de prévention des expulsions. ©LB/Rue89Lyon
La ministre du logement, Emmanuelle Cosse (à gauche) dans les locaux de la Fondation Abbé Pierre à Lyon où elle présentait un plan de prévention des expulsions. ©LB/Rue89Lyon

Comme chaque année, l’Etat va remettre à la rue des SDF hébergés durant l’hiver. Pourtant, le ministre du logement en fonction annonce l’inverse à chaque sortie de la période hivernale.

D’abord en mars 2013, l’écologiste Cécile Duflot, alors ministre du logement, qui affirmait la fin de la « politique du thermomètre ». L’année dernière, c’était autour de Sylvia Pinel d’annoncer 2000 places d’hébergement pérennisées pour éviter les remises à la rue à la fin de l’hiver.

A Lyon, le nouveau préfet du Rhône, Michel Delpuech, avait obtenu 420 places supplémentaires en mars 2015.

Pour cette saison 2015/2016, c’est la nouvelle ministre du logement, Emmanuelle Cosse, qui entonne le couplet.

Comme sa collègue écologiste qui l’avait précédée, elle dit vouloir en finir avec la « gestion au thermomètre de l’hébergement d’urgence » et met en avant « les efforts » de l’Etat :

« Actuellement, on compte 110 000 places pérennes d’hébergement, soit 30 000 de plus depuis 2012. C’est un effort constant du gouvernement. »

Cet hiver, « pour répondre à la hausse des demandes en cette saison », 10 000 places supplémentaires ont été ouvertes.

Ce mardi à Lyon, la ministre a annoncé que 2300 (sur les 10000 ouvertes) seraient pérennisées. Ce qui représente un budget de 15 millions d’euros. 500 places le seront en Rhône-Alpes dont 373 dans le Rhône.

Parmi ces lieux d’hébergement ouverts pour l’hiver et maintenus au-delà du 31 mars, le fort Saint-Laurent à la Croix-Rousse où la ministre s’est rendu avant d’aller visiter les locaux de l’association Alpil et de la Fondation Abbé Pierre Rhône-Alpes.

Bientôt 754 personnes à la rue dans le Rhône ?

Si l’Etat fait un effort « sans précédent », des personnes risquent d’être quand même remises à la rue dans les grands centres urbains. Tant la demande d’hébergement est importante. Prenons l’exemple du Rhône où la demande concerne essentiellement la métropole de Lyon.

Au 28 mars, dans le Rhône, 1127 personnes étaient hébergées dans le cadre du plan froid dont 572 à l’hôtel (chiffres préfecture du Rhône).
Emmanuelle Cosse a donc annoncé 373 places pérennisées pour l’agglomération lyonnaise.
Posons la soustraction :

1127 – 373 = 754. En d’autres termes, 754 personnes devraient ne plus avoir d’hébergement dans un avenir proche, certainement après le 31 mai si l’on en croit les annonces faites aux acteurs associatifs.

Mais la ministre se veut rassurante :

« L’objectif est de ne laisser aucune personne sans solution. (…) La gestion au thermomètre est finie. Nous n’avons plus ce va-et-vient de personnes en fonction des températures ».

Comment l’Etat va-t-il trouver des solutions ?

Lors du point presse de la ministre, le préfet du Rhône, Michel Delpuech, a également réaffirmé :

« Il est hors de question de fermer des places brutalement ».

La ministre a exclu le recours aux hôtels. Or actuellement, si l’on ne prend que le plan froid, 572 personnes s’y trouvent. Et toutes les structures d’hébergement ouvertes à l’année affichent complet.

Comment l’Etat va-t-il alors procéder pour trouver, à Lyon, plus de 700 places et garantir la continuité de l’hébergement ?

Sans compter les personnes qui étaient sans solution malgré le plan froid. Au 21 mars, 1464 SDF avaient appelé le 115 en vain.

En grève le 24 mars, les salariés du Samu social ou d’autres associations d’hébergement dénonçaient cette « la remise à la rue » des SDF hébergés dans le cadre de ce renfort hivernal.


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