Celle qui a publié le remarqué roman graphique Mauvais Genre, ne veut pas de cette distinction et le dit clairement. Elle voit dans sa promotion une « récupération politique » après la polémique concernant la sélection, entièrement masculine, des nominés pour le Grand Prix du dernier festival de BD d’Angoulême.
Dans un texte publié lundi sur son compte Facebook, elle demande au ministère de la Culture d’agir autrement pour plus de mixité et aider les auteurs de BD en général.
Nous publions ce post.
« Payer pour être Chevalier, je trouve ça un poil indécent »
A part cela, tout le monde s’est bien foutu de ma gueule… Pour ceux qui ne savent pas : J’ai été promue chevalier des arts et des lettres. On ne va pas revenir sur le coté incongru de la chose qui semblera évident je pense pour tous (…) Au final… Je ne veux plus en entendre parler, et je souhaite être retirée de cette liste.
Première raison. Je suis radin. Pour être chevalier, il faut payer. (la médaille et l’adhésion !) Même dans un concours de pétanque entre smicards qui n’ont pas un rond, on ne fait pas payer le trophée…
Plus sérieusement, alors que les chiffres alarmants des états généraux sur la paupérisation du métier d’auteur de BD viennent d’être publiés, je trouve ça un poil indécent.
« Je n’ai toujours pas compris comment ils ont choisi les « heureux élus » »
Deuxième raison. Comme le dit très bien Aurélie Neyret, il s’agit d’une récupération politique. Les promus sont tous signataires de la chartes contre le sexisme, on dirait qu’ils ont pioché, un peu au hasard, dans le tas.
Je soutiens à mort ce mouvement, mais à part ma présence molle, je me suis très peu investie concrètement. Mise à part Julie Maroh qui a insufflé le mouvement et à qui ils ont refilé le même titre pompeux que moi, d’autres auteurs comme Jeanne Puchol, Lisa Mandel, auraient été plus légitimes.
Je n’ai toujours pas compris comment ils ont choisi les « heureux élus ». Si le ministère veut faire quelque chose pour aider le collectif, qu’il encourage par exemple le FIBD (Festival International de la BD d’Angoulême, ndlr) à avoir des jury mixtes, je pense que ça nous aiderait beaucoup plus. Entre autres choses. Il y aurait plein d’initiatives concrètes à entreprendre.
Je n’aurais donc pas le plaisir de faire partie de cette noble institution, crée par Malraux à la base, (il doit se retourner dans sa tombe à chaque annonce des éligibles) aux cotés d’autres chevaliers des arts et des lettres comme Nikos Aliagas ou Shaka ponk. Il aurait peut-être été plaisant de boire une coupette avec ces chevaliers prestigieux, mais j’ai fait mon choix.
Le hasard veut que je travaille en ce moment sur la période des croisades, avec des armures, de blancs destriers… Je vais rester avec ces récits plein d’esprit chevaleresque, et ne pas me polluer la tête avec ces pseudo-récompenses factices qui mettent mal à l’aise tout le monde.
Et encore une fois, il y a tellement d’autres manières beaucoup plus efficaces et concrètes d’aider les auteurs. »
> Lire le post de Chloé Cruchaudet sur sa page Facebook. Les intertitres et les liens hypertexte sont de Rue89Lyon.
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