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Dix auteurs lyonnais à découvrir au festival Lyon BD

Baru, Loisel, Peeters, Schuiten, Trondheim… Nous avons, au fil des saisons, déjà largement commenté l’œuvre des invités les plus illustres de Lyon BD 2015. Profitons plutôt des dix ans du festival pour louer autant d’auteurs qui comptent ou vont compter, issus du paysage lyonnais (qui en recense pas moins de 150 à ce jour !).

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Dix auteurs lyonnais à découvrir au festival Lyon BD

Jean-Christophe Deveney, le seul scénariste

Jean-Christophe Deveney coordonne deux des projets les plus révélateurs des préoccupations supra-événementielles de Lyon BD. D’un côté Webtrip, un feuilleton qui voit collaborer à distance auteurs du cru et invités internationaux (cette année exclusivement des Catalans). De l’autre Héroin(es), une expo (et désormais un livre) qui fait subir aux grands héros du neuvième art un changement de sexe, manière ludique de pointer certains automatismes phallocrates que le milieu peine à désapprendre.

Il est surtout un excellent scénariste, le seul de cette sélection, notamment de Mangetrouille (Le Lombard), un croquignolet triptyque jeunesse sur les craintes enfantines, et de Bang ! (Akileos), un polar russophile particulièrement sombre et pétaradant.

Heroines

Héro(ïne)s
Jusqu’au 27 juin à la Maison du Livre, de l’Image et du Son
Retour sur Webtrip saison 3
Au Palais du commerce dimanche 14 juin à 14h
Film de genre et BD
Au Comoedia vendredi 22 juin à 20h

Jérôme Jouvray, l’homme à tout faire

Frère de l’autre Jouvray de cette édition mais aussi compagnon de (Anne-Claire, coloriste), Jérôme Jouvray est sans doute le dessinateur le plus emblématique de la vitalité de l’art séquentiel à la Lyonnaise – même s’il a vu le jour à Oyonnax.

Il est aussi le plus polyvalent. Buddy western métaphysique (Lincoln, Paquet), relecture burlesco-sanglante de la Guerre froide (L’Idole dans la bombe, Futuropolis), récit d’apprentissage à la Twain en terres créoles (La Pès Rekin, Futuropolis aussi), biopic scorsesien d’un Mowgli des temps modernes (Johnny Jungle, Glénat, dont des planches, d’ailleurs scénarisées par Deveney, sont visibles à la bibliothèque du 5e) ou autofiction format strip (L’Atelier Mastodonte, Dupuis), Jérôme sait tout faire, dans un semi-réalisme d’une souplesse qui n’appartient qu’à lui. Y compris des couvertures exclusives pour le Petit Bulletin donc.

Johnny Jungle
A la BM du 5e jusqu’au 4 juillet
Film de genre et BD
Au Comoedia vendredi 22 juin à 20h

Jibé en quarantaine au musée gallo-romain

Entre Lyon BD et les musées locaux, c’est une histoire d’amour qui dure. Ouverture récente oblige, c’est celui des Confluences qui aura le plus beau rôle cette année, lui qui a accueilli le surdoué du scrolling Boulet pendant quatre jours. Jibé a fait plus fort : lui en a passé pas moins de 40 au Musée gallo-romain de Fourvière (pour ses 40 ans) à croquer le quotidien de ses équipes.

Consigné dans un ouvrage à paraître pendant le festival, l’ensemble de ce travail, très instructif et d’une précision qu’on ne soupçonnait pas chez cet enthousiaste du pixel art, est exposé sur place jusqu’à l’été. On aimerait tout de même voir ce que donnerait pareille expérience avec cet immense dessinateur d’observation (installé près de Lyon) qu’est Benjamin Flao.

Jibé au Musée Gallo-romain
Au Musée gallo-romain de Fourvière jusqu’au 31 juillet
Les auteurs croquent le Musée des beaux-arts
Au Musée des beaux-arts dimanche 14 juin à 10h

Mathieu Bertrand : les retrouvailles à Saint-Malo

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Son nom vous est peut-être familier, et pour cause : il est à l’honneur du dernier épisode en date de Un œil sur…, la série de portraits d’artistes émergents que nous vous proposons sur notre site en partenariat avec la Ville de Lyon. Originaire de Bourgogne et passé par la case Émile Cohl, Mathieu Bertrand vient de publier, après quelques contributions (notamment au record de la plus grande BD du monde pour Lyon BD 2012), son tout premier récit.

Intitulé Mona (Les Enfants Rouges), on y suit les retrouvailles à Saint-Malo d’une jeune femme venue enterrer sa grand-mère avec son amour d’enfance devenu homosexuel. Et la façon dont ses courbes et teintes marines y dessinent le retour sur soi-même comme seul moyen d’atténuer le passage du temps est d’une justesse tout à fait confondante.

Guillaume Long, à boire et à manger

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Guillaume Long est né à Genève (aïe) et a fait les Beaux-arts à Saint-Étienne (oulala). Mais à l’instar du saint-patron des losers au grand cœur Didier Tronchet, évidemment au générique de Lyon BD, il s’est installé récemment sur Lyon, alors tout est pardonné. D’autant qu’il tient l’un des rares blogs BD dignes d’intérêt, A boire et à manger,  où il disserte avec forces recettes illustrées (et annotées de réjouissantes conneries) sur sa passion pour la gastronomie – et dont les billets ont été compilés par Gallimard dans trois albums à ce jour. Autant dire que son déménagement est tout à fait cohérent.

Sa participation au festival aussi, la bonne chère y étant particulièrement vantée cette année – notamment dans Webtrip.

A la BM du 6e mercredi 10 juin à 18h
La grande dégustation
A la Comédie-Odéon samedi 13 juin à 17h
Retour sur Webtrip saison 3
Au Palais du commerce dimanche 14 juin à 14h

Chloé Cruchaudet qui s’affiche

Née à Lyon et diplômée d’Émile Cohl, Chloé Cruchaudet a remporté l’an passé le Grand Prix Lyon BD pour son déjà multi-primé Mauvais genre (Delcourt), adaptation élégamment charbonneuse – maquillage oblige – de la poignante histoire de Paul Grappe, un déserteur qui accéda à un stade supérieur d’épanouissement – puis à une dépression fatale – à force de se travestir en femme pour échapper aux représailles de la grande muette.

C’est du coup à elle qu’est revenue le soin de réaliser l’affiche de cette édition 2015 (le Marshmallow Man de Ghostbusters n’a qu’à bien se tenir), où elle donnera de sa personne plus qu’aucun autre.

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Tournoi de ping-pong auteurs-public
Au Goethe-Institut mercredi 10 juin à 17h
Les épiciers cuisinent Chloé Cruchaudet
A la Comédie-Odéon samedi 13 juin à 15h30
Les auteurs croquent le Musée des beaux-arts
Au Musée des beaux-arts dimanche 14 juin à 10h

Cousin Hub

Cette année encore, Lyon BD organise un cycle de rencontres s’intéressant au processus créatif à l’œuvre dans la réalisation d’une bande dessinée. Parmi les cobayes de cette belle initiative, quatre sommités de la BD d’auteur (Loisel et Tripp, Emmanuel Lepage, Étienne Davodeau, Baru) et un « intrus », la star locale Hub.

Intrus car ce natif d’Annecy est le créateur de Okko (Delcourt), une très populaire – tellement populaire d’ailleurs que ses dédicaces seront rationnées par tirage au sort – saga d’heroic fantasy se déroulant dans un Japon médiéval fantasmé. Le truc, c’est que dans ce genre, gangrené par le fan service facile et le conservatisme esthétique, c’est un peu ce qui se fait de mieux – neuf tomes fourmillant de détails et de sophistication martiale à ce jour, chez Delcourt.

Dans l’atelier de Hub
Au Palais du commerce samedi 13 juin à 18h

B-Gnet, le Gotlib de Lyon

B-Gnet, Lutin Spirix

Le Gotlib lyonnais. C’est ainsi que nous nous plaisons à surnommer ce doux dingue, auteur récemment d’un impayable mashup de grandes figures de la franco-belgitude,  Lutin Spirix (Varoum!) et, sans surprise, de la contribution la plus décapante de la saison 3 de Webtrip. C’est dire si le bonhomme, lui aussi sorti de la cuisse d’Émile Cohl, maîtrise l’art plus habile qu’il n’y paraît du détournement.

A vrai dire, on ne lui connaît qu’un rival, lui aussi lyonnais et présent sur le festival : Geoffroy Monde, dont le Serge et demi-Serge (ou les absurdes aventures d’un grand barbu en chemise à carreaux et d’une demi-tête de renard, chez Vide-Cocagne) nous a presque valu un déchirement des muscles zygomatiques.

Retour sur Webtrip saison 3
Au Palais du commerce dimanche 14 juin à 14h

Dans l’atelier de Hub
Au Palais du commerce samedi 13 juin à 18h

Marie Avril, en juin

Illustratrice et coloriste (notamment de la première réalisation de Yan Le Pon), Marie Avril vient de plonger dans le grand bain infesté de requins de l’édition BD avec Confidences à Allah (Futuropolis). Soit l’adaptation du best-seller éponyme de Saphia Azzeddine, monologue anti-patriarcal d’une bergère par tradition et putain par nécessité que cette énième « cohlienne » transfigure par une mise en images à la douceur paradoxale d’un conte Disney.

Confidences

Elle côtoiera en off du festival une de ses condisciples, Anaïs Depommier qui vient de franchir le même cap avec une biographie pleine de pédagogie de Jean-Paul Sartre. Ça s’appelle tout simplement Sartre (Dargaud) et le chantre de l’existentialisme y reprend vie sous un trait joliment malingre.

Marie Avril et Anaïs Depommier
Au Bal des Ardents jeudi 18 juin à 19h
Film de genre et BD
Au Comoedia vendredi 22 juin à 20h

Yan Le Pon ou le huis clos maritime

Comme beaucoup de ses camarades, Yan Le Pon a fait ses premières armes dans le jeu vidéo et l’animation, expériences dont il a gardé une certaine efficacité en matière de découpage. Á la différence de ses camarades, il a eu la « chance » de passer quelques jours dans un sous-marin nucléaire fonctionnel, séjour dont il a tiré une chronique lisible au Palais du commerce durant le festival.

Pourquoi un sous-marin ? Parce qu’il s’y connaît en huis clos maritime : Gold of the Dead (Paquet), son premier véritable album, hommage décomplexé à la littérature pulp et au cinéma de genre, prend place sur un navire en proie à une malédiction zombiesque. Ça vous rappelle L’Enfer des zombies de Lucio Fulci ? Ça tombe bien, il en présentera la projection au Comoedia.

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Film de genre et BD
Au Comoedia vendredi 22 juin à 20h

Et toute la programmation du Lyon BD Festival.

Par petit-bulletin.fr.


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