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Naufrages en Méditerranée : la mer à mort

Un nouveau naufrage a fait 700 morts dimanche en Méditerranée. Confronté aux tragédies à répétition et à l’impuissance de l’Italie et de Malte, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a annoncé qu’il réunirait jeudi un conseil extraordinaire pour répondre à la situation d’urgence.

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Lampedusa
Lampedusa

Combien faut-il de morts pour réagir ? Le décompte macabre de ce début d’année laisse sans voix : 1650 morts depuis janvier 2015, selon les organisations non gouvernementales. 1650 vies englouti par les flots, les crises, la cruauté des passeurs et l’inaction de l’Europe.

Dimanche dernier, au moins 700 personnes ont péri à 110 kilomètre des côtes Libyennes. Le 12 avril déjà, 400 migrants avaient perdu la vie en tentant de rejoindre l’Europe. Il s’agit probablement de la « pire hécatombe » en Méditerranée, comme l’a précisé Carlotta Salmi du Haut Commissariat des Nations unies aux Réfugiés (UNHCR).

Les dirigeants Italien et Maltais demandent depuis des mois l’aide de l’Europe. Chaque jour, l’Italie voit débarquer 500 à 1000 personnes sur ses côtes. Face à l’absence de réponse, le ministre des Affaires étrangères italien Paolo Gentiloni a explosé :

« L’Union européenne est la plus grande superpuissance économique de notre époque, il n’est pas possible qu’elle ne consacre que 3 millions d’euros par mois à l’aide aux migrants. La surveillance et les secours en mer pèsent à 90% sur nos épaules ! »

Mare Nostrum contre Triton

Les naufrages meurtriers sont le résultat direct de l’intensité des crises régionales et de l’abandon de Mare Nostrum. Ce programme a été lancé en 2013 après la mort de 366 migrants au large de l’Italie. A l’époque, il s’agissait de la pire catastrophe humanitaire de ce genre.

L’Italie prend alors l’initiative de lancer Mare Nostrum, un programme de surveillance 24 heures sur 24 mobilisant 900 soldats et 32 navires capables de récupérer une embarcation en détresse jusqu’aux côtes de la Libye.

Malgré son coût de 9 millions par mois, le programme est un succès : en à peine un an, 588 sauvetages, 120 000 personnes secourues, 350 passeurs arrêtés. Les conservateurs rechignent, Mare Nostrum ferait le jeu des passeurs. En novembre 2014 Triton vient en remplacement : 3 millions d’euros et un périmètre restreint.

Les solutions européennes

Jeudi 23 avril, les 28 se réuniront donc à Bruxelles pour trouver des solutions en urgence. La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini demande une plus grande présence de navires en mer et un partage des responsabilités pour l’accueil des réfugiés.

Les solutions déjà évoquées lundi : le doublement des moyens alloués à Triton, la destruction systématique des embarcations, un projet pilote avec la répartition entre les 28 sur une base de 5000 migrants, un renforcement des demandes d’asile…

Mais est-ce suffisant ?

L’Italie s’organise

En attendant des réponses, l’Italie s’organise, comme elle peut. Car il n’y a pas que sur mer que l’aide est nécessaire. Sur terre, il faut prendre en charge ces personnes qui ont risqué leur vie pour atteindre l’Europe. Actuellement, 87 000 adultes, dont 14 000 mineurs non accompagnés, sont pris en charge dans des structures d’aides aux réfugiés. Par ailleurs, 20 000 migrants sont hébergés par des associations catholiques telles que Caritas ou Migrantes.

Les centres sont saturés, notamment en Sicile et dans le Latium. Le ministère de l’Intérieur a donc envoyé une circulaire aux préfets afin qu’ils répartissent les migrants sur l’ensemble du territoire. Les régions ont répondu présentes et vont proposer entre 300 et 700 places.

Il est également question de réhabiliter les casernes militaires abandonnées pour héberger les migrants, un marronnier en Italie. Evidemment, la Lombardie de Roberto Maroni et la Vénétie de Luca Zaia, tous deux membres de la Ligue du Nord ne veulent pas « d’invasion ». Le dirigeant de la Ligue du Nord et copain de Marine Le Pen, a confirmé :

« La Ligue est prête à occuper chaque hôtel, école, salle de sport ou baraquement qui pourrait être mis à disposition des soi-disant réfugiés. Il s’agit de défendre les Italiens et d’empêcher que les contribuables soient contraints d’entretenir des milliers et des milliers d’étrangers. »

Pendant ce temps-là, Giusi Nicolini, maire à bout de souffle de Lampedusa, se bat contre vents et marées.


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Photo : LB/Rue89Lyon

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