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Chiffres du chômage en Rhône-Alpes : qui est compté, qui ne l’est pas ?

Chômeurs qui travaillent, situations de sous-emploi, inactifs à la recherche d’un emploi… Les frontières qui séparent le chômage de l’emploi sont beaucoup plus floues qu’on ne le croit et les interprétations des fameux « chiffres du chômage » sont multiples et minorent généralement la réalité.

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Pôle emploi rue André Bollier. Crédit : Guillaume Bernard/Rue89Lyon

Le rapport d’étude d’octobre 2014 fait par le groupe OPERA (Observation Publique de l’Emploi en Rhône-Alpes, piloté par l’Insee), clarifie un peu la situation.

Pour calculer le taux de chômage il faut tout d’abord séparer les actifs des inactifs. Attention ! Cette distinction ne sépare pas les personnes ayant un travail de celles qui n’en ont pas et c’est là toute la subtilité.

Elle distingue les personnes qui occupent un emploi ou en cherchent un de celles qui ne cherchent plus depuis plus d’un mois. Parmi ces actifs on distingue les « actifs occupés » (en emploi), des chômeurs, qui sont des « actifs inoccupés », autrement dit en recherche d’emploi.

Un chômeur est donc avant tout un chercheur d’emploi.

Le BIT (Bureau International du Travail) définit le chômage de la manière suivante :

  • être en âge de travailler (15 ans ou plus)
  • ne pas avoir travaillé une heure durant la semaine de référence
  • être disponible pour occuper un emploi dans les 15 jours suivant la période de référence,
  • avoir recherché activement du travail dans le mois précédent l’enquête.

Les chômeurs de l’enquête Emploi de l’Insee correspondent donc plus ou moins à la catégorie A de Pôle emploi. L’agence Pôle emploi ne prenant en compte que les demandeurs d’emploi qui sont inscrits chez elle.

Le problème que soulève, une fois de plus, le rapport du groupe OPERA c’est qu’une telle définition oublie de comptabiliser de nombreux chômeurs, ceux que Pôle emploi classe dans les catégories B, C voire D (s’ils sont inscrits). L’étude basée sur des chiffres de 2010 évalue à 230 000 ce nombre de Rhônalpins.

Entrée pôle emploi rue André Bollier. Crédit Guillaume Bernard/Rue89 Lyon
Entrée pôle emploi rue André Bollier (7e arrondissement de Lyon). Crédit Guillaume Bernard/Rue89 Lyon

Les chômeurs « halo du chômage » et « sous-emploi »

Ces « oubliés » sont soit en « sous-emploi » soit classés dans le « halo du chômage« . Ils seraient presque autant que les chômeurs « officiels » qui étaient 244 000 en 2010.

Représentation du halo du chômage et du sous-emploi, suivant les définition du CNIS
La séparation Actif/inactif selon la définition du CNIS. Sur la base de la ventilation Actifs/ Inactifs proposée par l’Insee). Capture d’écran rapport de l’OPERA.

Le halo du chômage

Il concerne, en 2010, 81 000 « inactifs » qui manifestent la volonté de travailler mais ne cherchent pas d’emploi. Soit parce qu’ils en sont empêchés par des problèmes de santé ou familiaux (54 000) soit parce qu’ils en sont découragés (27 000).
Les femmes, les jeunes, les familles monoparentales et les personnes peu diplômées sont davantage concernés.

La subtilité étant la suivante: on peut ne pas faire les démarches de recherche de travail mais exprimer la volonté de travailler.

On peut les retrouver dans la catégorie D de Pôle emploi.

Le sous-emploi

Il désigne les personnes employées sur un temps qu’elles jugent insuffisant (elles sont 149 000 en Rhône-Alpes en 2010).

  • Certaines travaillent à « temps partiel subi » : 129 000 personnes ont un emploi à temps partiel pendant la semaine de référence, souhaitent travailler plus d’heures et se déclarent disponible pour le faire, qu’elles recherchent un emploi ou non. Cette dernière situation concerne surtout les femmes (80 % du temps partiel subi).
  • D’autres ont involontairement moins travaillé que d’habitude (pour des raisons de chômage technique, d’intempérie, de réduction d’emploi saisonnière).

On peut les retrouver dans les catégories B et C de Pôle emploi, si elle sont inscrites. Toutes ne le sont pas.

  • Catégories B : chômeurs ayant exercé une activité de moins de 78 heures
  • Catégorie C : chômeurs ayant exercé une activité entre 79 et 168 heures au cours du mois.

Le rapport OPERA note d’ailleurs que « cette population couvre partiellement le sous-emploi de l’enquête emploi ». Sans plus de précision.

Correspondance entre halo du chômage et sous-emploi et catégories de chômeurs Pôle emploi. Capture d'écran rapport de l'OPERA.
Correspondance entre halo du chômage et sous-emploi et catégories de chômeurs Pôle emploi. Capture d’écran rapport de l’OPERA.

Encore une augmentation du chômage en novembre 2014

En raison de cette zone grise constituée par le halo du chômage et le sous-emploi, ne prendre en considération que le chômage au sens du BIT ou au sens de Pôle emploi est trop restrictif pour rendre réellement compte du nombre de chômeurs.

Les différentes catégories de Pôle emploi permettent seulement d’approcher cette réalité.

Ainsi, en novembre, selon les derniers chiffres Pôle emploi, en Rhône -Alpes, le nombre de chômeurs de catégorie A (demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi) a augmenté de 1,4% par rapport à octobre (320 391 personnes).

Si on confond les 3 catégories le chômage n’a augmenté « que » de 0,3% en Rhône-Alpes ce mois-ci pour s’élever à 479 801 fin novembre.

Il faut cependant noter que la baisse du nombre de « chômeurs qui travaillent » (catégorie B et C) n’est pas forcément une bonne nouvelle si elle s’accompagne de l’augmentation du nombre de chômeurs de catégorie A qui sont les  » chômeurs sans-emploi ».


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