Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Aidez-nous à réunir 300 nouveaux abonné·es avant le 20 mars 2024 !

Soutenez un journalisme de terrain qui se fait avec vous. Aidez-nous à réunir 300 nouveaux abonné⋅es avant le 20 mars 2024.

20/03/2024 date de fin
1 047 abonné⋅es sur 1 300

Homosexualité de deux cadres du FN : « l’outing est une démarche militante »

L’homosexualité de membres de l’entourage proche de la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen est un secret de polichinelle, mais il est rare qu’elle soit évoquée publiquement. La crainte de représailles juridiques n’a pourtant pas suffi à décourager Octave Nitkowski, étudiant en première année à l’Institut d’Études Politiques de Paris révélé l’an dernier par son blog consacré à la campagne des législatives à Hénin-Beaumont.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

Homosexualité de deux cadres du FN : « l’outing est une démarche militante »

baiser-gay

By Christophe Chelmis.

Son premier ouvrage, « Le Front national des villes et le Front national des champs », se veut une analyse de la stratégie politique du parti d’extrême-droite sur ces terres qui ont vu grandir le jeune homme. Il s’interroge notamment sur la relative discrétion de Marine Le Pen lors de la bataille du «mariage pour tous» : à l’inverse de nombreuses figures de son parti (le député Gilbert Collard, le conseiller régional Rhône-Alpes Bruno Gollnisch, sa nièce Marion Maréchal-Le Pen ou son compagnon Louis Aliot), la présidente du FN, tout en rappelant son opposition à l’ouverture du mariage, de l’adoption et de la PMA aux couples de même sexe, n’a pas participé aux grandes «manifs pour tous».

Pour Octave Nitkowski comme pour de nombreux autres analystes, cette absence s’expliquerait notamment par la volonté de ménager l’électorat gay du FN mais aussi par la présence, dans l’entourage proche de la présidente, de cadres homosexuels qui l’auraient poussé à la modération. Octave Nitkowski cite en exemple Steeve Briois, secrétaire général du parti, et son compagnon membre comme lui du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais.

Suite à une plainte des deux hommes pour «atteinte à la vie privée», la Cour d’appel de Paris a rendu le 19 décembre un jugement mi-figue, mi-raisin : elle condamne l’éditeur à expurger le livre des passages concernant l’homosexualité du seconddont la notoriété ne dépasse pas le cadre régional»), tout en estimant qu’en raison de son statut de «personnalité politique de premier plan», «le droit du public à être informé» sur Steeve Briois «prime sur le droit au respect de ce pan de sa vie privée».

Ancien président d’Act-Up Paris et aujourd’hui directeur de la publication du site yagg.com, Christophe Martet fait le point sur les origines de l’outing.

Christophe-Martet-directeur-de-la-rédaction-de-Yagg-copyright-Sebastien-Dolidon
Christophe Martet, directeur de la publication du site yagg.com. Copyright : Sébastien Dolidon.

Peut-on parler d’outing pour qualifier la récente révélation de l’homosexualité de deux cadres du Front national ?

Non. L’outing s’inscrit dans une démarche militante qui n’est apparemment pas celle de l’auteur du livre incriminé. « Le Front national des villes et le Front national des champs » ne vise pas à dénoncer le double discours de ces deux élus, mais tente d’expliquer pourquoi Marine Le Pen s’est tenue en retrait du mouvement de contestation du mariage pour tous.

C’est dans le cadre de cette analyse que l’auteur a jugé utile de révéler l’homosexualité de ces deux responsables du parti. Il s’agit-là d’information, pas d’activisme.

Comment alors définir l’outing ?

Le concept d’outing est né aux États-Unis lors de l’apparition du sida, en réaction à l’invisibilité des gays et des lesbiennes, qui faisait le jeu de l’épidémie. Il consiste à révéler l’homosexualité d’une personnalité publique (et pas, évidemment, de son voisin de palier) dont les propos, les attitudes, les comportements ou les actions vont à l’encontre des gays et des lesbiennes. Il se fonde sur le refus de tout double discours : on ne peut pas défendre des positions homophobes tout en étant soi-même protégé des discriminations.

C’est à cette époque (1993) qu’est paru aux États-Unis l’ouvrage Queer in America de Michelangelo Signorile, qui pointait du doigt, dans trois grands centres de pouvoir américains (New York pour la finance, Washington pour la politique, Hollywood pour le cinéma), l’inaction de gays extrêmement influents qui, parce qu’ils étaient dans le placard, refusaient d’user de leur pouvoir pour lutter contre le sida, voire encourageaient les discriminations.
Qu’est-ce qui a changé depuis cette époque ?

Beaucoup de choses, à commencer par les lois, qui punissent désormais les discriminations homophobes. Dans les années 90, on craignait que les personnes outées soient mises en danger par la soudaine révélation de leur homosexualité. Mais aujourd’hui, la loi est de leur côté : si elles font face à des propos homophobes suite à leur outing, elles peuvent à présent porter plainte.

Par Romain Vallet, rédacteur en chef de heteroclite.org.

Et si le prochain article que vous lisiez existait grâce à vous ?

Depuis 12 ans, à Rue89Lyon nous portons un journalisme de terrain qui se fait au plus proche de vous, de vos préoccupations et de votre vie. Aujourd’hui nous voulons faire plus. À l’heure de la défiance grandissante des citoyen·nes envers les médias, on veut vous impliquer dans la fabrique de l’information.

Nos enquêtes, ce sont vos histoires, vos combats et vos luttes. Mais aujourd’hui nous voulons vous donner encore plus de place dans la fabrique de l’info.

Engagez vous avec nous. Venez contribuer à faire le Rue89Lyon de demain.


#LGBT

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

#LGBT#Octave Nitkowski#Outing#Rassemblement National#Société
Partager
Plus d'options