
Jeudi matin à 9h30, la maire du 1er arrondissement de Lyon, en congé du PS, Nathalie Perrin-Gilbert était convoquée au commissariat central de Lyon, rue Marius Berliet (8e arrondissement). Elle a été placée en garde à vue jusqu’à 19 heures.
Elle était interrogée pour « complicité de violence sur personnes dépositaires de l’autorité publique » et « incitation à la rébellion » après de l’occupation temporaire du collège François Truffaut, sur les Pentes de la Croix-Rousse, vide depuis septembre.
Elles est ressortie libre et ne fait l’objet, pour le moment, d’aucune poursuite. Une enquête de police est toujours en cours.
Une centaine de personnes étaient venues l’attendre en soutien. La maire du 1er n’a souhaité faire aucune déclaration le soir-même.
Elle l’a fait le lendemain, vendredi, par communiqué. Surprise par la forme (une « mise en garde à vue immédiate ») et par la qualification retenue, qui selon elle « n’existe(…) plus dans le code pénal depuis deux décennies », elle ne compte pas en rester là :
« La qualification retenue se heurte à la réalité des faits comment évoquer une incitation à la violence alors que tous les témoins font état au contraire des démarches de conciliation que j’ai engagées pour une issue apaisée ? Ces accusations ne résistent pas à l’examen. C’est la raison pour laquelle je demande des investigations supplémentaires.
La gauche de Collomb condamne cette garde à vue
Ce placement en garde à vue intervient alors que Le Front de Gauche et le Gram (le club de réflexion créée par la maire du premier) viennent d’annoncer leur alliance pour les municipales en vue de défier le maire PS de Lyon. Dans un communiqué commun ils ont dénoncé « le traitement réservé à une élue qui n’a fait que demander une réquisition légale ».
« Gérard Collomb a le bras long. Il tente de la criminaliser », a déclaré à l’AFP (via lefigaro.fr) le conseiller régional Front de Gauche Armand Creus qui était présent lors de l’occupation. Mais lui n’est pas concerné par d’éventuelles poursuites.
Les écolos d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), qui sont en passe de constituer leur propre liste pour les municipales, ont également fortement réagi par un communiqué :
« Les écologistes dénoncent une attitude disproportionnée de la force publique, et du ministère publique à l’encontre d’une élue de la république. Cela ne doit pas être utilisé par le préfet pour faire oublier que des familles dorment encore ce soir à la rue et qu’il est de sa responsabilité de régler ce scandale ».
Une occupation de quelques heures d’un collège désaffecté
Mardi soir, Nathalie Perrin-Gilbert avait participé à une mobilisation demandant la réquisition d’un collège désaffecté de son arrondissement, dans le but d’héberger des enfants et leurs parents dormant à la rue. Dans un contexte de crise de l’hébergement d’urgence à Lyon, entre 150 et 200 personnes s’étaient données rendez-vous à la Croix-Rousse, avant de pénétrer dans le collège Truffaut.
L’action coup de poing avait tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre, qui à deux reprises avait fait usage de gaz lacrymogène afin de tenter d’empêcher l’entrée des manifestants dans les locaux. Une cinquantaine de personnes avaient toutefois réussi à pénétrer dans le collège avant d’en ressortir, d’eux-mêmes, trois heures plus tard.
Ce mardi soir, les deux Nathalie Perrin-Gilbert et Armand Creus ont été touchés par du gaz lacrymogène. © Leïla Piazza / Rue89Lyon
« Récupération politique » et demande de démission,… les municipales au tournant
Le lendemain de l’occupation pour quelques heures du collège Truffaut, le maire de Lyon Gérard Collomb a fortement réagi. Il n’a pas répondu à la question soulevée par cette action (la crise de l’hébergement d’urgence) mais a pilonné sa rivale de gauche en l’accusant de faire de la « récupération politique ».
Huit élus du 1er arrondissement, proche du maire de Lyon, ont également demandé la démission de Nathalie Perrin-Gilbert.
Au lendemain de sa garde à vue, la maire du premier a répondu à Gérard Collomb. Sans le nommer dans son communiqué, elle demande que la justice tranche le différend avec le maire de Lyon :
« Des investigations son d’autant plus importantes que des responsables politiques – absents de la manifestation faut-il le rappeler – m’ont publiquement dénoncée comme étant à l’origine de l’occupation, voire responsable de l’ouverture des portes du collège ».
> Actualisé à 16h55 avec les motifs de placement en garde à vue
> Actualisé à 19h20 après la sortie de la la garde à vue et les réactions d’EELV
> Actualisé le 20/12 à 10h, avec l’absence de poursuite contre la maire du 1er
> Actualisé le 20/12 à 14h, suite au communiqué de Nathalie Perrin-Gilbert
> Actualisé le 20/12 à 14h14 avec la réaction de Nathalie Perrin-Gilbert
Et pour finir les flics avaient promis dans les négociations de ne relever l'identité de personne et de n'arrêter personne si les militants sortaient .... ce qu'ils ont fait .... et effectivement sur le coup pas d'arrestation mais aujourd'hui la maire est arrêtée ....
" A vaincre sans perils, on triomphe sans gloire"......
Comment oublier que nous sommes tous, méridionaux, des fascistes racistes mafieux ?
Grâce à vous, on ne l'oublie pas et on reste vigilant. C'est très important de se surveiller les uns les autres. Ca évite de dire des bêtises...
Dorénavant , quoique vous puissiez constater , même le plus horrible qui se joue devant vous , ne bougez pas .... ainsi vous ne prendrez aucun risque .
C'est sur, on pourrait utiliser la maxime bien connue : "il n'y a que celui qui ne fait rien qui ne se trope pas" !
Une garde à vue à Nathalie Perrin, mais pour elle, comme pour nous, PAS DE GARDE A VOUS devant le MAIRE de LYON !!
Un délit de solidarité qui ne dit pas son nom
RESF s'indigne de la mise en garde à vue de Nathalie Perrin-Gilbert,
maire d’arrondissement à Lyon
De nombreux militants RESF – parents et enseignants - ont pris part mardi 17 décembre 2013 à Lyon 1er à l'action visant à demander la réquisition légale des bâtiments publics.
A ce titre RESF souhaite rappeler quelques faits :
Nathalie Perrin-Gilbert a depuis des années montré, à côté de RESF, son soutien aux familles sans papiers (et pour certaines à la rue).
C’est l’hiver, le plan froid est lancé depuis un mois et pourtant chaque soir des familles, des enfants dorment à la rue faute d’hébergements d’urgence.
Le logement est un droit : Nous ne pouvons tolérer que des personnes en France soient tenues à l'écart de ce droit par l'état et les collectivités territoriales et locales.
L'initiative de cette manifestation est née d'habitants du quartier fatigués de l'absence de réponse du 115 et des pouvoirs publics aux demandes de logement de familles d'enfants scolarisés dans le quartier (écoles Servet, Victor Hugo, collège La Tourette etc…). Le bâtiment dont les manifestants demandent la réquisition légale est vide et chauffé.
Au même instant, dans le 7e arrondissement, une action menée par les parents d'élèves de Berthelot et Gilbert Dru entendait dénoncer les mêmes carences des services de l'état et du Grand Lyon.
Depuis les élections présidentielles, RESF ne peut que constater que les soutiens politiques se font de plus en plus rares et le regretter. Heureusement quelques élus continuent d’être présents : Nathalie Perrin-Gilbert et Armand Creus étaient bien là, ce soir-là, dans le 1er arrondissement pour marquer leur soutien aux 200 à 300 personnes qui s'étaient rassemblées.
L'action qui se voulait symbolique s'est déroulée, du côté des manifestants, sans violence. Les personnes sont entrées dans le bâtiment sans effraction et sans faire aucune dégradation. Elles en sont sorties de leur propre chef, parfois à contre-coeur, mais en acceptant et la décision collective et la médiation des élus.
Les policiers ont gazé la foule de personnes massées devant l'entrée du bâtiment parmi lesquelles des enfants et... les deux élus !
Aussi, face aux faits, RESF s'indigne de la mise en garde à vue d'une élue – Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement de Lyon – pour « incitation à la violence» et plus généralement des mises en garde à vue, en France, de militants et simples citoyens qui mènent des actions pour palier les manques des dispositifs institutionnels. La suppression du délit de solidarité ne devait-elle pas s'appliquer ?
RESF s'étonne également de la réaction de certains élus lyonnais à la présence de Nathalie Perrin-Gilbert aux côtés des manifestants ; plusieurs d'entre eux demandant sa démission. Nous ne sommes ni des criminels, ni des terroristes : en quoi son engagement à nos côtés est-il un délit ?
RESF rappelle qu'aujourd’hui à Lyon comme ailleurs en France, des familles dorment dehors en attendant une éventuelle prise en charge dans le cadre de l’hébergement d’urgence. Face à cette situation la ville de Lyon ne nous oppose que des chiffres et des lignes budgétaires.
Plusieurs de ces familles aujourd’hui à la rue sont sans papiers et sont connues et soutenues par les comités de soutien RESF.
RESF continuera de demander la régularisation des familles sans papiers, continuera de réclamer qu’elles soient hébergées, et continuera de solliciter les élus dont la responsabilité est de faire exister dans l'espace public une vie sociale conforme aux principes qui restent officiellement ceux de la république française.
RESF Rhône