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Le Tour de France est-il vraiment un cadeau pour les Lyonnais ?

« Un formidable cadeau pour la ville ». Ainsi parle Thierry Braillard, député du Rhône et adjoint aux Sports à propos de l’arrivée du Tour de France, à Lyon, ce samedi. Mais à regarder de plus près, il n’y a pas de quoi s’exciter.

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Photo d’illustration : Les Triplettes de Belleville

 

Pour les Lyonnais qui n’apprécient ni cette compétition cycliste, ni la caravane du Tour et encore moins les bains de foule, ce ne sera pas un cadeau :

  • Entre 11h et 18h30, on ne pourra quasiment pas circuler dans Lyon.
  • Dès vendredi matin, sur les 18 km de chaussée empruntés par les coureurs, les voitures seront interdites de stationnement.

Abstraction faite de ces joyeusetés qui agrémenteront un week-end et compliqueront les départs en vacances, quel est impact d’une étape du Tour pour une ville comme Lyon ?

Chaque année, la société ASO, organisateur de l’épreuve, recevrait près de 250 demandes pour accueillir un départ ou une arrivée du Tour de France. C’est bien qu’il doit y avoir des effets positifs. Rue89Lyon a sorti la calculette.

 

Impact économique : « Pas plus qu’un match de Ligue des champions »

Côté dépenses, il faut tout d’abord faire un chèque aux organisateurs. Il en coûte 100 000 euros pour une ville d’arrivée et 60 000 pour une ville de départ. Dans sa grande générosité, bien que Lyon ne soit pas ville de départ de la 15e étape (c’est Givors), la Ville prend en charge la moitié du coût, l’autre moitié étant prise en charge par le Grand Lyon. Pour la ville du sud de l’agglomération lyonnaise, c’est donc cadeau.

Il faut ensuite ajouter 30 000 euros pour des « animations » et 50 000 pour la « communication et la sécurité », payés par la Ville, selon les chiffres fournis par cette dernière. Soit un total de 240 000 euros. Ce qui est bien inférieur aux 450 000 euros dépensés par Marseille.

Côté recettes, difficile d’affirmer qu’elles seront très importantes. Pour toutes les collectivités qui se positionnent pour accueillir une étape du Tour de France, c’est toutefois une bonne opération.

Seule la communauté d’agglomération de Metz a commandé une étude sur l’impact réel de l’accueil d’une étape, celle du 6 juillet 2012. Les résultats montrent que les « retombées ne sont pas faramineuses » : pour un euro investi (ici, 442 000 euros dépensés par Metz), il faut compter deux euros de retombées économiques, essentiellement dans l’hôtellerie et la restauration.

A Lyon, précisément, les chiffres annoncés varient du simple au double :

  • La Ville annonce 1300 nuitées réservées par l’organisateur ASO.
  • L’UMIH (le syndicat du secteur) parle plutôt de 500 sur les 12 500 potentielles

Le responsable local de l’UMIH, Laurent Duc, a même tendance à casser un peu le délire autour du Tour de France :

« Ce samedi sera déjà un gros jour pour les hôteliers car il correspond à un départ en vacances. Et Lyon est une ville d’étape. Les hôtels sont naturellement pleins. Quant à la nourriture, ce ne sera pas non plus un effet de masse. Ce n’est pas le 8 décembre. Cela ressemblera plutôt à un match de l’OL du temps de la Ligue des champions. »

 

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Le parcours de l’arrivée du Tour de France à Lyon. © Ville de Lyon

 

Une forte médiatisation mais des retombées difficilement mesurables

Mais l’intérêt pour une ville comme Lyon ne réside pas dans les retombées économiques. Présenté comme le troisième événement sportif mondial en terme d’audience (derrière la Coupe du monde de foot et les JO d’été), les chiffres concernant la médiatisation du Tour de France donnent le tournis :

  • 2 300 journalistes sont accrédités, représentant 35 nationalités et 560 médias (chiffres 2012).
  • Une diffusion télé qui concerne 190 pays. Quant au direct de France 2, il rassemble 3,4 millions de téléspectateurs.

Pour Thierry Braillard, le député (Radical de gauche) et adjoint aux Sports, ces « 18 kilomètres seront une exposition formidable pour la ville (…) Seule Paris, et son parcours sur les Champs-Elysées, aura autant de kilomètres ».

Bref, le nom de la ville de Lyon, au sommet de l’arche marquant la ligne d’arrivée, va faire le tour du monde. C’est ça le « cadeau formidable » dont parle l’adjoint aux Sports.

Eric Barget, maître de conférence à l’Université de Limoges et spécialiste de l’économie du sport, tient toutefois à relativiser :

« La notoriété apportée et les retombées indirectes en matière de tourisme sont très difficile à mesurer. C’est extrêmement aléatoire d’un territoire à un autre. »

La médiatisation fera davantage connaître une ville inconnue comme Saint-Pourçain-sur-Sioule (la ville de départ de la 14e étape) que Lyon, qui, on l’espère, est déjà un peu repérée sur les cartes. Reste un énorme coup de pub à 240 000 euros.

 

Guide de survie pour un jour de Tour

  • Sur la totalité du parcours (voir photo) et sur les voies adjacentes la circulation sera interdite de 11h à 18h30. Il sera donc extrêmement difficile, voire impossible, de traverser le parcours.
  • Stationnement interdit du vendredi 9h au samedi 18h sur la totalité du parcours.
  • Concernant les TCL, les tram T1 et T2 fonctionneront partiellement entre 12h30 et 18h. Mais les cadences des métros seront renforcées.

 


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