RANK’N’OL #2. Drôle d’été à Lyon. Meurtrier pour le genou droit de Gourcuff. En remonte-pente pour les « dinosaures » de la veille qui font de Gerland leur plus beau jurassique parc. À la sauvette pour les gars promis à la charrette. Preuve que les départs en fanfare supportent pas si mal les jours de foire. So Rank’n’OL !
Samedi 18 août 2012, 2ème journée de Ligue 1
Olympique Lyonnais – Troyes 4-1
Pour Lyon : Gomis (51ème), Michel Bastos (66ème), Lisandro (88ème), Gomis (90ème+2).
Pour Troyes : Bahebeck (47ème)
1. Clément Grenier : c’est un peu l’histoire de ce début de saison, celle des gars pressentis pour servir de monnaie d’échange et qui finissent par rappeler qu’ils valent un peu plus que la classe moyenne, trop moyenne qu’on leur attribuait la veille encore. Condamné par le retour en grâce de Yoyo, Grenier profite du destin qui s’acharne sur le meneur de jeu en titre pour coller son double-double à lui : trois passes déc’ et demi sur les quatre buts enfilés. Une performance raccord avec l’éthique du garçon : « Certains sont capables d’éliminer sur un contrôle, moi c’est la passe. » Surtout, un message envoyé à JMA : les années de formation passées à admirer en secret Tiago vaudront toujours plus qu’une place en charrette pour ramener un sous-Taiwo de la Côte.
2. Benjamin Biolay : alors que la critique s’apprête à s’enflammer pour son prochain album, La Vengeance (sortie prévue en novembre), Benji squatte le plateau d’OLTV en mode ultra Biolay. Un prono rien que pour aller à contre-courant du triomphe annoncé des Parisiens : « Je sais pas pourquoi, mais je sens qu’on va faire une Montpellier cette saison. » Une vanne aux allures de flagrant délit d’initiés : « Je suis là pour remplacer Serge Collonges. » Et cette punchline trop parfaite pour ne pas être so OL’ dirty bâtarde : « Je ne jouerai jamais à Saint-Etienne. Maintenant, c’est trop tard. En même temps, pourquoi y aller quand tout me dégoûte dans cette ville, rien qu’au niveau esthétique. Je suis désolé pour les gens qui sont nés là-bas, hein… Même si je me dis que ça ne doit pas être facile pour eux. » Et si le dandy chanteur incarnait la seule façon d’être à la hauteur du club qu’on supporte : détesté pour de mauvaises raisons, adoré pour d’autres qui ne le sont pas moins. Ouais, Biolay est une bonne raison d’être insupportable.
3. Gueïda Fofana : en 2016, il sera le capitaine de l’équipe de France pour l’Euro ; ou alors il signera à l’US Orléans, en National, pour se relancer après une saison galère à Ipswish Town. Si une bonne partie de son destin de Gueïda Fofana se joue cette année, le rendement de l’OL 2012-2013 dépendra encore plus de ses performances au poste de relayeur. Corgnet ou pas. Parce qu’il devra soulager une défense au passé notoirement connu, venir en soutien à une attaque dont on ignore l’avenir et même apporter une dose de charisme à un groupe qui en manquait cruellement. Voilà, Fofana tient les clés de la maison, qu’on s’en réjouisse ou non. S’il n’est qu’une racine carré de Steven Gerrard, le Havrais a démontré contre Troyes avec son enchaînement tacle décisif dans sa surface + passe parfaite pour Gomis dans l’autre (18ème) qu’il pouvait être le milieu box-to-box qui donne un supplément d’âme à une équipe. Pour tout ça, il mérite qu’on croit en lui. Et puis aussi parce qu’on n’a pas vraiment le choix.
4. Bafétimbi Gomis : une première période passée au bord du désastre (3 d’indice Juni) et une seconde aux allures de rédemption modèle (9 d’indice Juni). En bref, un aperçu de la carrière lyonnaise de Bafé, qui doit en passer par les sorties en eaux troubles avant d’obtenir son pass pour le sauvetage express. On pourrait croire au miracle comme semble les apprécier celui qui occupe la première place au classement des plus gros brûleurs de cierges à Fourvière. On préfèrera plutôt y voir une autre idée, celle du joueur le plus convaincant du moment lorsqu’il s’agit d’occuper la pointe de ce 4-2-3-1 nouveau genre.
5. Michel Bastos : mauvaise volonté, négociations salariales, procédures administratives émiraties, Ramadan, etc. Si l’on n’a jamais vraiment compris pourquoi l’ailier brésilien allait signer à Al-Aïn en pleine force de l’âge (29 ans), on savait encore moins pourquoi il était encore là le 18 août. C’était donc pour marquer le plus beau but de la saison en Ligue 1. Mais également pour faire douter ceux qui s’agaçaient de ses performances inégales et de sa très relative implication sentimentale envers « l’Institution » et qui n’avaient qu’une seule certitude en cette trouble période de mercato : le départ de Bastos était une bonne chose. On n’ose imaginer le degré de perturbation général si Aly Cissokho venait à réussir un centre.
À suivre…
Milan Bisevac : même pas besoin de stage d’intégration pour se faire une place dans les cœurs, entre la séquence câlins avec Umtiti à l’échauffement et les sentences définitives envoyées sans ciller : « Lyon est un grand cloube ! » Pour Milan, bises en vrac.
Rémi Garde : au-delà de son coaching, on retiendra surtout la phrase de l’année du pourtant ascétique entraîneur lyonnais : « C’était difficile de regarder le match sans avoir envie de boire. » Certes, il faisait référence à la chaleur caniculaire de ce samedi après-midi. Mais les amateurs de bière et de foot l’ont forcément entendu d’une autre oreille. Et plus encore les Lyonnais qui ne comptent plus, depuis quatre ans, ces soirées de désarroi qu’il a bien fallu noyer.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et sur la 89ème minute.

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Comme l'ont montré les cas Rémy et Mounier, les Niçois sont experts dans l'art de venir te soutirer à bas prix des jeunes joueurs qui révèlent ensuite toute leur qualité et que tu essayes en vain de racheter pour nettement plus cher. Epargne-toi donc une future désillusion et évite de leur refiler Clément Grenier...
Un ami qui te veut du bien
Ceci dit, il faut sans doute considérer que ce sont les années de domination et les matchs quasi toujours à guichets fermés qui étaient l'exception. Pour avoir travaillé à Gerland durant ces années, je peux d'ailleurs vous dire que beaucoup de gens ne venaient pas au stade par intérêt pour le foot mais parce que c'était devenu un endroit socialement valorisant, à la manière d'une boîte de nuit branchée ou d'un resto à la mode.
Aujourd'hui la hype est retombée et on revient à une situation plus normale où c'est l'intérêt pour le foot qui attire principalement les spectateurs. L'OL n'a pas à rougir à ce niveau là avec une moyenne de 33 000 spectateurs la saison dernière (la 3ème de france, supérieure à la Juventus ou la Lazio), à comparer aux 20 000 de la saison 1996-1997. Du coup, maître Prugneau a raison de noter que dans le contexte actuel, 25 000 ce n'est finalement pas si mal (c'est notamment supérieur aux moyennes d'affluence de Bordeaux, Saint-Etienne ou Rennes la saison dernière).