Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Face à Meirieu et au PS, Collomb gagne son plébiscite

Ce dimanche soir, à la préfecture du Rhône, Philippe Meirieu a tenu une feuille de papier dont il n’a pas levé les yeux. Il l’a lue, le visage fermé, commentant sa « défaite », avant de partir sous les applaudissements de ses partisans, et les huées de ses adversaires.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.


Candidat écologiste investi officiellement par le PS dans le cadre d’accords nationaux avec EELV, le pédagogue et conseiller régional a essuyé un véritable revers. Gérard Collomb a mené une campagne sans répit face à lui, orchestrant une dissidence à gauche, par le biais du candidat PRG Thierry Braillard. Elle a porté ses fruits, le candidat du parti radical s’est retrouvé devant Philippe Meirieu avec 26,21% des voix contre 18,36% des voix pour l’écologiste. De quoi rendre amer le conseiller régional qui a fustigé dimanche soir, une « campagne de désinformation » menée contre lui :

« Vous le savez cette élection a été transformée en plébiscite pour le maire de Lyon, qui a engagé tout son poids pour faire élire celui qu’il pensait être le meilleur défenseur de l’intérêt d’une ville dont il se croit le propriétaire. Il a dévoyé gravement cette élection législative, au mépris de l’intérêt national et contre les instances de son propre parti. »

 

Gérard Collomb, « propriétaire » de Lyon

Meirieu et Braillard se sont toujours qualifiés l’un et l’autre de concurrents, affirmant tous deux que leur seul adversaire était le député UMP Michel Havard. Et ce dernier, arrivé en tête au soir du premier tour avec 31,42% des voix, a tout à fait rejoint Philippe Meirieu sur la façon dont Gérard Collomb a trouvé dans cette élection l’occasion d’un sondage :

« J’ai bien conscience que le candidat que j’ai contre moi c’est Gérard Collomb. Et c’est bien normal puisque je serai le candidat contre lui. »

S’il est arrivé en tête dimanche soir, Michel Havard ne conserve que peu d’illusions, le report des voix de Philippe Meirieu sur la candidature de Thierry Braillard devrait l’éjecter de son siège de député dimanche prochain. Il songe donc à 2014, en candidat déclaré de longue date, mais il sait qu’il devra aussi faire face, dans son propre camp, à des velléités de leadership.

Collomb a donc fait aboutir sa démonstration de force, montrant qu’il est bel et bien baron en sa baronnie. Paradant ce dimanche soir à la préfecture, il a serré la main de Philippe Meirieu en haussant les épaules, lui glissant un « et voilà… ». Aux télés, il a aussi dit :

« Oui c’est une reconnaissance des Lyonnais. Ils ont suivi ce qu’on leur conseillait. C’est une source d’exigence supplémentaire pour moi. »

En apparaissant sur les affiches de Thierry Braillard, en allant sur les marchés, dans les allées des immeubles, en parvenant à placer sur ces tracts le poing et la rose, il a semé le trouble, pris la place sur le terrain, raflant la mention « majorité présidentielle » qu’il disputait à Meirieu.

 

À ceux qui voudraient la mairie…

La campagne sur la 1e circo du Rhône a été sanglante. Au « Khmer vert » et à l’ »opportuniste », on a opposé un « gangster », parmi les nombreux noms d’oiseaux dont ont pu se qualifier les candidats de la gauche.

Sur le terrain, la campagne aura été « violente », « crade », ou encore « motivante« , selon les militants. Thierry Braillard a promis qu’elle ne laisserait pas de trace. Rien n’est moins sûr. Philippe Meirieu a terminé son speech de la défaite par un énigmatique :

« Pour ce qui me concerne je continuerai aussi mon combat, sous des formes que je n’ai pas encore déterminées, pour la démocratie, et au service indéfectible des plus faibles et des plus démunis, contre toutes les formes d’oppression, quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent. »

Jusqu’à présent, Philippe Meirieu a toujours assuré que ses ambitions n’étaient pas municipales. Mais, poussé par la hargne de Gérard Collomb qui aimerait laminer une liste écologiste indépendante sur Lyon, il pourrait revoir ses positions, d’autant que sa suppléante socialiste, Nathalie Perrin-Gilbert, en a déjà pris la voie.


#1ère circonscription du Rhône

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options