Il est dix heures tapantes quand une cinquantaine d’agriculteurs arrive devant le 1, rue Monod. En une quinzaine de minutes, ruches, pollen, enfumoirs et pancartes anti-OGM envahissent l’entrée vide du siège français de l’industriel américain Monsanto. Aucun représentant de la marque ne se montrera durant la mâtinée et son service de presse, après nous avoir assuré de nous rappeler, ne donnera plus signe de vie. 10h21, les percussions retentissent et les premiers discours commencent. Entre temps, l’assistance a quintuplé. Premier à prendre la parole, Jean-Luc Juthier, de la Confédération paysanne de la Loire, dénonce les « effets d’annonce du gouvernement » concernant un moratoire sur le MON810 (interview à écouter sur le site de Free-Landz)
Le MON810 est un maïs transgénique fabriqué par Monsanto. En 2007, le Ministère de l’Agriculture en interdit par arrêté sa commercialisation et son utilisation, avant de prendre, l’année d’après, une clause de sauvegarde. Le 28 novembre 2011, le Conseil d’État annule ces deux mesures, se rangeant ainsi derrière l’avis de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour qui l’interdiction d’un OGM ne peut être décidée par un État que s’il « [présente] un risque important mettant en péril […] la santé humaine, la santé animale ou l’environnement » et à condition qu’il existe une urgence manifeste à agir. « Le 6 septembre, la CJUE a dit que tout miel contenant du Monsanto 810 n’était pas commercialisable », complète Jean-Marie Sirvins, apiculteur du Puy-de-Dôme et vice-président de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF). « Nous, en France, on n’a pas d’OGM mais, en Espagne, les apiculteurs rencontrent des problèmes pour vendre leur production. […] Le gouvernement dit qu’il faut un nouveau moratoire sur le MON810, mais il fait tout pour ne pas le prendre avant l’élection ! »
Déjà échaudés par l’insecticide Cruiser (1), les apiculteurs craignent ainsi que l’autorisation du MON810, en dehors des risques écologiques, environnementaux et d’un « brevetage du vivant », ne les empêche de vendre et d’exporter leur miel. Pour l’heure, seule l’interdiction de la culture de ce maïs a été renouvelée pour 2012 par les Ministres français de l’Ecologie et de l’Agriculture, mais pas sa commercialisation.
Pour Alain Chabrolle, vice-président du Conseil régional en charge de la santé et de l’environnement, « Monsanto est dans tous les mauvais coups de la santé et de l’environnement. D’ailleurs, un projet européen sur les abeilles sauvages est actuellement expérimenté sur le Grand Lyon et Lyon [notamment au Parc de la Tête d’Or, NDLR] et on se rend compte que, aujourd’hui, le meilleur habitat pour elles se situe dans les villes ! » D’un budget de deux millions d’euros, « Urbanbees », c’est son nom, est expérimenté dans dix communes de la région lyonnaise jusqu’en 2014.
11h30, les prises de paroles terminées, une pétition circule. Place maintenant au pique-nique, avant le départ.
Texte et photos : Loïc Blache
(1) « Le gouvernement a autorisé le Cruiser en 2008, 2009 et 2010. Toutes ces décisions ont été cassées par la justice », explique Olivier Belval, le président de l’UNAF. « En 2011, il a de nouveau autorisé illégalement ce produit par tacite reconduction, terme qui n’existe pas en droit français. Semé sur 600.000 hectares en France, ce produit intègre les plantes et les fait transpirer. En butinant le pollen, les abeilles absorbent ces gouttelettes, qui possèdent chacune une dose de Cruiser 1.000 fois supérieure à la dose létale pour les abeilles. »
hum hum Rue89Lyon, vous les rémunérez les blogueurs dont vous copier les
articles ? Ou vous vous contentez de gagner des sous sur leur dos
(surtout vu qu'un article sur trois viens d'un blog exterieur) ? On peut
avoir une explication ?
Sinon merci d'éviter le "on leur fait de la pub en les mettant en avant
sur notre site" parceque bon, on parle de personnes qui gagnent un
salaires d'un coté, d'autres qui galèrent financièrement de l'autre, pour
un travail de même qualité me semble il....
La proportion évoquée -un article sur trois- ne correspond pas à la réalité (pour rectification). Le principe de Rue89Lyon, "l'info à 3 voix", est d'ouvrir notre plateforme à des personnes qui ne sont pas journalistes, qui ont envie d'animer un blog, qui sont "experts" dans leur domaine, qui ne font donc pas cela contre rémunération. Free Landz est un site d'info indépendant, avec lequel nous tentons de monter un partenariat éditorial. Merci de nous lire.
Et même si vous pouvez entretenir des convictions et des visions journalistiques avec ces différents auteurs; ça me fait chier de venir ici pour lire le contenu d'une autre rédaction.
Rue 89 va-t-il devenir une plateforme de sites d'informations?
Un peu de publicité ou un lien bien placé ne suffirait-il pas?
C'est pourtant bien le principe de Rue89, qui relaie depuis sa création, il y a quatre ans (deux mois et demi pour Rue89Lyon), entre autres participations, des papiers sélectionnés, écrits par des journaux et confrères avec lesquels nous partageons les vues (je prends l'exemple de Causette pour Rue89 à Paris, et de Hétéroclite pour nous Rue89Lyon). Nous jouons en effet le rôle d'une plateforme, grâce à une veille que nos lecteurs ne peuvent pas toujours faire. Vous trouvez donc chez nous une revue anglée de l'info. La sélection que nous faisons des infos démultipliées sur le net est au moins aussi importante, dans notre ligne éditoriale, que les articles que nous rédigeons (et qui restent, je le précise, majoritaires sur notre site). Merci de nous lire.
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