La veille de Noël est la journée la plus profitable pour la majorité des enseignes de la Part-Dieu (Lyon 3e). C’est aussi le jour le plus long et le plus dur pour les 3 500 employés du plus grand centre commercial d’Europe implanté en centre ville.
A Carrefour, la Fnac, Go Sport ou dans les petites boutiques de prêt-à-porter, ils en bavent déjà beaucoup au quotidien. C’est ce que racontent les personnes que nous avons rencontrées. Des propos confirmés par une étude du cabinet Transformations Sociales, commandée par la CGT, financée par le Conseil Régional et publiée en février 2011. Cette étude est la première enquête sur les conditions de travail dans un centre commercial français.
1/ La lumière artificielle
« Crevé », « déboussolé », « déconnecté »… Toute la panoplie de la fatigue sort spontanément de la bouche des employés de la Part-Dieu. Généralement, ils estiment qu’elle est liée à l’absence de lumière naturelle. Selon l’étude de Transformations Sociales, seuls 3,7% des 672 personnes qui ont répondu déclarent travailler à la lumière naturelle.
Sabine (prénom d’emprunt), une employée d’une grande chaîne de prêt-à-porter témoigne :
« C’est reconnu, la lumière du jour influe sur le bien-être en général. Ça se vérifie pour moi. Maintenant, je me sens plus fatiguée en fin de journée que quand je travaillais en centre-ville ».
Salariée d’un magasin de vêtement de la partie « Oxygène » depuis un an et demi, cette autre employée va dans le même sens :
« L’absence de lumière m’a épuisée à la longue. Mais il y a aussi le fait d’être toujours enfermée. Je suis tout le temps stressée même si, ici (en parlant de la partie Oxygène, Ndlr), il y a moins de foule que dans la partie historique de la Part-Dieu. Avant d’arriver ici, j’arrivais à trouver le sommeil facilement. Là c’est devenu difficile ».
La société Unibail-Rodamco, qui gère le centre commercial, assure par la voix de l’actuel directeur, Jean-Philippe Pelou-Daniel, s’être « occupé de ça » :
« en 2001 des travaux importants ont été réalisés. Nous avons créé des verrières et la transparence dans tout le centre. Quand nous faisons quelque chose pour les clients, nous le faisons pour les collaborateurs, comme avec la création de nouveaux espaces de repos lors de la dernière rénovation (il y a deux, ndlr) ».
Ces efforts sont manifestement jugés insuffisants.
2/ Une chaleur étouffante
Les employés se plaignent d’avoir trop chaud plutôt que trop froid. En été comme en hiver. A 84%. Et les anecdotes fusent sur les records de températures.
« 34 degrés » un matin d’été au BHV selon un des ses employés. « 35 degrés » à la Fnac selon la déléguée syndicale CGT, qui évoque également qu’il y a « souvent des malaises du fait de cette chaleur ».
Marie-Hélène Thomet est également secrétaire du syndicat de site qui rassemble tous les cégétistes des différentes enseignes. Elle explique :
« Le système de chaleur, dans les magasins, est à la charge des enseignes. Et la plupart ne veulent pas payer car ils ne sont que locataires. Et pour que ce soit efficace, il faudrait refaire tout le système du centre commercial ».
3/ Une foule oppressante
C’est tout d’abord un brouhaha constant qui vient s’ajouter à la musique des magasins et aux annonces diverses. Et pour les vendeurs qui en sont proches, s’ajoute le brouhaha de la fontaine, agrémenté parfois des bruitages du spectacle aquatique.
Un salarié d’une enseigne d’informatique décrit le phénomène :
« C’est un bruit permanent qui met sur les nerfs. Et l’absence de porte ne nous permet pas de couper quand on est dans le magasin ».
La foule des clients n’est pas seulement sonore, elle est décrite comme « plus speed », « plus exigeante » qu’ailleurs à Lyon.
« Les gens sont plus pressés. Du coup, on doit s’adapter et faire plus vite », précise cette jeune employée.
Dans l’étude Transformations Sociales, 64 % estiment que les pénibilités liées au flux de clientèle sont plus importantes qu’en centre ville. Conséquence de cette affluence de masse, poursuit l’étude, les salariés sont soumis à une forte pression temporelle et doivent rapidement passer d’une tâche à une autre pour satisfaire les clients. Ils déclarent, deux fois plus que la moyenne des employés du secteur, être obligés de se dépêcher pour faire leur travail.
4/ Peu d’endroits de repos
La Part-Dieu est une fourmilière et ses petites mains courent. Sur le plan physique, travailler au centre commercial se rapproche des métiers du BTP (toujours selon l’étude Transformations Sociales).
D’autant que cette pénibilité n’est pas compensée par l’existence de lieux pour s’isoler de la foule et se reposer. Peu de magasin disposent d’une salle de pause qui permettrait de recharger les batteries, comme l’expose Marie-Hélène Thomet de la CGT :
« A la Fnac nous avons une salle de 20 m2 pour 120 salariés. Dans la plupart des enseignes de prêt-à-porter, c’est la réserve qui fait office de salle de pause. Dans l’une d’entre elles, la pièce est grande comme un placard à balais ».
Cette employée d’un magasin de la partie Oxygène poursuit :
« On a une petite salle de pause. Mais à part si on va sur le parking, on ne peut pas être à la lumière du jour et couper du bruit de la foule. Et encore, on a de la chance dans notre magasin : on peut s’asseoir en dehors de nos pauses ».
Alors que 82,7 % des salariés ont moins de 40 ans, ils déclarent autant, voire davantage, de problèmes de santé que des salariés de 50 ans du secteur du commerce. Par exemple, 27 % ont des troubles du sommeil et 39% ont des douleurs qui les gênent dans le travail.
5/ Des souris et des cafards
Parfois, dans les arrières boutiques qui servent aussi de salles de pause se concentrent cafards et souris. L’arrière de la Part-Dieu n’a rien à voir le clinquant des allées du centre, bordées de magasins. Par les coursives où sont entreposées les poubelles, les souris et les cafards pénètrent jusque dans les magasins, comme le raconte l’employé du magasin d’informatique, « il y avait des souris dans nos toilettes et des cafards sur la caisse ».
Ces petites bêtes seraient concentrées dans les enseignes d’alimentaire et à proximité, notamment à la Brioche Dorée. Deux employés de cette enseigne de sandwicherie expliquent qu’il leur arrive de passer jusqu’à une heure par jour en début de service pour nettoyer les « fientes de souris » qu’ils retrouvent sur les pots de mayonnaise.
Interrogé sur la question, le directeur du centre commercial, Jean-Philippe Pelou-Daniel, lâche « c’est juste faux » :
« S’il y avait un problème d’hygiène à la Part-Dieu, ça se saurait. Et quand une enseigne détecte un problème, la direction le traite pour elle ».
6/ On ne reste pas à la Part-Dieu
A la fois cause mais surtout conséquence d’un mal-être au travail, le turnover est important chez les employés. 62,5 % des personnes interrogées dans le cadre de l’étude du cabinet Transformations Sociales ont moins de cinq ans d’ancienneté, contre 48,1 % en moyenne dans le secteur du commerce. Un salarié de Brioche Dorée témoigne :
« On gagne un petit peu plus que le smic mais, ici, en plus, on a la chaleur et le bruit. Résultat : tout le monde veut partir travailler à Bellecour. Mais l’inverse n’est pas vrai. Et quand les gens ne peuvent pas muter, ils démissionnent comme on l’a vu ces derniers mois avec plusieurs serveuses ».
Plus de turnover, c’est aussi moins d’entraide entre salariés. Ce qui est un facteur aggravant de la souffrance, ainsi que le souligne le psychodynamicien du travail Christophe Desjours, qui a réalisé plusieurs travaux sur la question.
7/ Un vide juridique
Parce que ces conditions de travail concernent, de près ou de loin, tous les employés du centre commercial, la CGT a demandé à rencontrer le directeur du centre commercial pour lui soumettre le problème et, surtout, lui présenter des pistes de solutions, à adopter par l’ensemble des enseignes :
- La création d’une salle de pause et d’un restaurant inter-entreprise
- Des toilettes réservées aux employés car de nombreux magasins n’en ont pas
- La prise en charge d’une partie de l’abonnement au parking
Mais le directeur a refusé. Jean-Philippe Pelou-Daniel botte en touche et rappelle les compétences du groupement d’intérêt économique (GIE) qu’il dirige :
« La direction du centre agit pour le compte du syndicat des copropriétaires. Elle assure la gestion des parties communes. Mais elle peut pas se substituer aux employeurs du centre. Je m’occupe également de la communication et du marketing qui sont communs à toutes les enseignes. Le GIE n’a pas vocation à s’occuper du social ».
Et il précise : « le fait que ça change n’est pas à l’ordre du jour ».
Pour mettre malgré tout un pied dans la porte et se faire entendre du directeur comme des grandes enseignes qui sont véritablement à la tête du centre commercial, la CGT a appelé à cette première grève de Noël. Si ce n’est pas un succès, « au moins elle permettra aux salariés de souffler et de passer Noël en famille en sortant du blockhaus », conclut la secrétaire du syndicat de site, Marie-Hélène Thomet.

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La Part-Dieu devrait être fermée le 24 pour permettre aux employés de se reposer après la période difficile de la préparation des fêtes de Noël, mais je sais que le commerce a ses lois, et que nous vivons dans une société de consommation.
Les centre commerciaux sont une aberration consumériste qu'il faut espérer ne plus voir se développer.
En tous cas le directeur du centre est vraiment extrêmement hypocrite car il existe bien un règlement intérieur au centre commercial qui interdit quasiment tout manifestation de salariés, et tous les militants savent qu'il est impossible de distribuer des tracts dans cet espace, les vigiles du centre arrivent tout de suite pour te faire dégager, le directeur ne fait pas dans le social mais il sait très bien étouffer toute contestation sociale quand il le faut.
En tous cas plus jamais je n'achèterai la moindre chose à manger dans le centre commercial. Bleehhrk!
Ces petites bêtes [...] dans les enseignes d’alimentaire et à proximité [...].
Interrogé sur la question, le directeur du centre commercial, Jean-Philippe Pelou-Daniel, lâche « c’est juste faux » :
« S’il y avait un problème d’hygiène à la Part-Dieu, ça se saurait. Et quand une enseigne détecte un problème, la direction le traite pour elle ». »
Ah Boôôôôôôôôôôônnn ? Les souris que j'ai vues au Quick de la Part-Dieu étaient des fausses, alors? Ouf, je suis rassuré.
Ce n'est pas pas la Direction qui faut attaquer mais plutôt les enseignes en elles-mêmes et notre système de consomation tout entier !
Qui souhaite s'implanter dans ces lieux de consos excésifs pour faire du chiffre ? Qui est coté en bourse et veux faire un max de blé en se foutant de ces employés ? Qui n'installent pas de salle de repose pour ses employés et de toilettes dans les boutiques ? Et surtout qui choisi de venir bosser dans ce soi-disant enfer ????!!!
Soyons un peu réaliste et remettons les pendules à l'heure !! La CGT ferait mieux de faire son boulot correctement en contactant les siège sociaux des enseignes au lieu d'emmerder les clients qui vont faire leurs shoppings demain !!!
tant qu'on y est, pourquoi ne pas envoyer l'armé pour obliger les badauds à consommer. Voici de quoi donner un coup de boost à l'économie non ?
(blague)
Ces salariés préféreraient-ils travailler à la chaine ou dans des chantiers du batiment pendant l'hiver ou comme agriculteur sous la pluie ou comme mère de famille nombreuse ou ... (la liste est longue)
Alors arrrêtez de vous regarder le nombril, de vous plaindre et de nous ressortir les psychoses, les TMS et autres troubles modernes. Le fait est que vous ne voulez plus travailler mais recevoir (de qui ?) une manne suffisante qui vous permettent d'aller consommer dans ces mêmes centres commerciaux que vous ne supportez pas en tant qu'employés.
Ne vous trompez-vous pas de combat ? Qui sera le plus pénalisé par une grève ce jour là ?
Mais nous sommes rémunérés pour travailler et la motivation doit aussi venir de nous et ne pas toujours attendre des autres une prise en charge constante.
D'autre part, je ne trouve pas ces mots abjects mais utilisés bien souvent à mauvais escient : il serait bien que les syndicats ne mettent pas les cas peu nombreux toujours en avant comme fait l'UMP pour les fraudeurs.
J'ai fait une demi-crise de nerfs lorsque je suis resté 1h30 avec ma compagne dans cet enfer...pour la première fois. J'y suis retourné 2/3 fois en 10 ans. Rien ne change.
De l'extérieur, le bâtiment est affreux, aucune fenêtre, un blockhaus c'est le mot juste.
Il faut le dynamiter et reconstruire un petit village de commerce.
Un conseil : fuyez !!
Heureusement, internet est là pour faire ces courses au calme...
Toute la Part-Dieu qui est une erreur de conception : centre commercial, arrivées/départs TGV et trains régionaux, point névralgique TCL bus/métro, Tours Servient (un fiasco hôtelier et locatif) maintenant Oxygène, proximités de tous les grands bâtiments administratifs de Région ou de Département, aucun "parvis" décent, aucun parc etc., etc.
A l'inverse, la "petite" Capitale des Gaules est une ville agréable où l'on peut se rendre d'un endroit à un autre rapidement (même jusqu'au point de rentabiliser rapidement l'achat de son propre vélo !)
Je me suis égaré ... un commentaire sur la Part-Dieu en particulier ? : c'est vraiment un endroit conçu à l'origine pour les "allées et venues" auquel on a vraiment pas envie d'aller.
Je plains particulièrement les gens qui travaillent à la part dieu. J'y mets rarement les pieds,, car je ne supporte ni la foule, ni le bruit, ni la lumière artificielle. Même au chomage, je refuse d'y aller bosser, je tiens à ma santé!
la partdieu est un endroit exécrable,dans lequel on étouffe au-delà de 10mn,ou les boutiques n'ont rien de plus ni de moins qu'ailleurs ,toujours les mêmes marques pour consommer comme un mouton
je suis une bouseuse de la Combe de Savoie et je n'achète plus rien car je ne vais plus dans cette horreur consumériste
en revanche,je suis en totale empathie avec le personnel,même si certains chômeurs leur envient la place
bon courage
j'ai ouvert un centre de loisirs a la part-dieu en 1976 j'ai géré ce centre pendant
15 années,de plus nous étions en sous sol ,donc clim lumière toute la journée et
le bruit des machines .j'ai quitté le navire en 1990 contrairement a ces malheureux
DU TRAVAIL !!!! nous étions ouvert 7 jours sur 7 de 11 h00 a 01h00 du matin.
j'étais heureux d'avoir du travail et depuis je profite de ma retraite.Rien n'empèche
ces malheureux de donner leur démission et laisser la place a ceux qui cherche un
emploi au chaud l'hiver et au frais l'été.
je suis tout à fait d'accord.
Je propose de mettre ces 3500 employés en vacances avec évidemment leurs salaires intégrales et de démolir ni plus ni moins le centre pour y reconstruire un lieu de travail beaucoup plus adapté à ces pauvres salariés qui sont tyrannisés, exploités..
Surtout ne changez rien et ne regardez surtout pas ce qui se passe autour de vous dans le monde
Allez les feignasses joyeux Noël
En tant que consommatrice, je trouve que la Part Dieu n'est pas un endroit agréable (et encore, suite à la création des verrières et à la redéfinition des espaces, ça s'est arrangé) mais un lieu pratique. Travaillant dans un des nombreux bâtiments administratifs qui peuplent le quartier, je trouve pratique d'aller à LPD pendant ma pause déjeuner pour y faire mes courses.
Le flot continu de voyageurs fait que souvent, on rêve de travailler au centre commercial, où même si il y a du monde, les clients sont plus dans une optique de "flâner" (je ne parle pas de monoprix et de carrefour), qu'à la gare, où les clients sont préssés, stressés, et en cas de grêves ou de retards, peuvent devenir carrément violents...
Je plains le personnel, les clients, eux peuvent fuir très vite.