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20/03/2024 date de fin
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Malgré l’interdiction du préfet, les cathos traditionalistes ont manifesté

[Article mis à jour] Cela devait être le grand jour. Malgré l’interdiction du préfet du Rhône, une centaines de catholiques traditionalistes, affiliés à l’extrême droite, ont manifesté ce samedi à la Croix-Rousse.

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Le rassemblement des cathos tradis pour "sauver" l'église Saint-Bernard. Des drapeaux français ornés du "cœur sacré de Jésus" ont été distribués aux participants. ©LB/Rue89Lyon

Ces catholiques, proches du courant lefebvriste, s’activent depuis une quinzaine d’années pour tenter de récupérer l’église Saint-Bernard des Pentes de la Croix-Rousse, désaffectée depuis 2004.

Ils se sont rassemblés, durant une heure, ce samedi à 14h30, place Colbert, à deux pas de l’église.

Dans leur communiqué, ces catholiques d’extrême droite s’en prenaient aux autorités civiles et religieuses de la ville :

« La communauté catholique traditionnelle lyonnaise Saint Pie X, a manifesté à plus d’une vingtaine de reprises son désir de faire l’acquisition de l’église Saint-Bernard pour lui redonner vie. (…) Depuis quarante ans, cette communauté catholique traditionnelle se voit contrainte de célébrer la messe dans des locaux privés à Lyon. »

Depuis cet été, l’association « Les amis du Bon Pasteur et de Saint Bernard de Lyon » est passée à la vitesse supérieur.

En juin, la Ville de Lyon, propriétaire des lieux, annonçait la reconversion de l’église en centre d’affaires avec bureaux, espaces de coworking et restaurant.

En septembre, une pétition était lancée par l’association, sous l’impulsion de Nicole Hugon, ancienne candidate du FN aux municipales.

Après la pétition, devait se tenir la manifestation.

Des cars étaient même annoncés de la Loire, pour dire « non à la christianophobie et non à la discrimination ».

Le préfet interdit le rassemblement

Il n’a pas échappé aux services de police que le rassemblement devait se tenir place Colbert, autrement dit, là où de nombreux militants antifascistes de Lyon ont leurs habitudes.

Par ailleurs, Alexandre Gabriac, l’ancien chef des Jeunesses nationalistes passé chez Civitas, appelait également à manifester sur son compte Twitter.

Dans un communiqué délivré vendredi soir, la préfecture du Rhône affirmait que le rassemblement « n’a pas fait l’objet de déclaration » et tirait le bilan :

« Les informations recueillies font apparaître que ce rassemblement devrait mobiliser un grand nombre de militants des droites extrêmes dont le comportement violent a souvent été constaté. De surcroît d’autres informations indiquent que les activistes d’extrême gauche, très présents dans ce quartier, et dont certains prônent l’action violente, appellent à se mobiliser en réaction à cette manifestation. Le risque de graves troubles à l’ordre public est donc avéré ».

Le préfet Michel Delpuech justifiait enfin son arrêté d’interdiction par l’état d’urgence, un an après son entrée en vigueur :

« Dans le cadre de l’état d’urgence, afin de préserver la paix publique, et alors que les forces de police doivent prioritairement être mobilisées pour la sécurité du centre de Lyon un jour de grande affluence ».

Le rassemblement des cathos tradis pour "sauver" l'église Saint-Bernard. Des drapeaux français ornés du "cœur sacré de Jésus" ont été distribués aux participants. ©LB/Rue89Lyon
Le rassemblement des cathos tradis pour « sauver » l’église Saint-Bernard. Des drapeaux français ornés du « cœur sacré de Jésus » ont été distribués aux participants. ©LB/Rue89Lyon

Cathos tradis et extrême droite radicale place Colbert

Les organisateurs ont maintenu le rassemblement, dénonçant des « tentatives d’intimidation » des autorités.

Selon la police, 130 personnes (200 selon les organisateurs) se sont réunies au nord de la place Colbert, essentiellement des fidèles de la Fraternité Saint Pie X. Devant eux, face aux policiers de la Bac, une trentaine de militants de l’extrême droite radicale. Des membres du Parti nationaliste français, de l’Action française et du GUD qui faisaient office de service d’ordre.

De l’ordre côté de la place côté, se trouvaient une trentaine d’antifas et autant d’habitants du quartier.

Le rassemblement a duré une grosse heure, avec croix en bois, drapeaux français et drapeaux du Vatican. Il a été rythmé par la lecture d’extraits de sermon de Bernard de Clairvaux par un moine capucin venu de Morgon (Beaujolais). Les manifestants ont récité le chapelet avec l’abbé Camper, le prieur de la Fraternité Saint Pie X de Lyon. Des slogans ont été scandé, reprenant les mots affichés sur la banderole « Pas de centre d’affaires dans une église ».

Avant de remonter sur le plateau de la Croix-Rousse, les fidèles ont entonné un chant « Je suis chrétien, voilà ma gloire ».

Ne restaient sur la place que les militants de l’extrême droite radicale, certains casqués ou munis de parapluie par jour de beau temps. Après les insultes échangées avec les antifas, quelques coups ont été donnés au bas de la place. Les groupes se sont ensuite dispersés dans les rues du quartier.

Une librairie libertaire des Pentes attaquée

Peu avant 18h, la librairie libertaire « La Plume Noire », située à proximité de la place Colbert, a été attaquée par des militants d’extrême droite.

Selon plusieurs témoins, une vingtaine de personnes avec « pavés et barres de fer » ont foncé sur le local. La douzaine de personnes qui s’y trouvaient ont eu le temps de baisser le rideau. Aux cris de « La France aux français », les assaillants ont tenté d’enfoncer le rideau de fer. Des vitres ont été brisées. Quatre personnes ont été légèrement blessées. L’agression a duré une dizaine de minutes.

Plusieurs plaintes ont été déposées.

Le préfet du Rhône a saisi la justice pour le maintien d’un rassemblement interdit. Au procureur de la République de Lyon de décider s’il poursuit ou non les organisateurs.

l'église Saint-Bernard, surplombant la place Colbert (Lyon 1er). ©Lauriane Clément/Rue89Lyon
l’église Saint-Bernard, surplombant la place Colbert (Lyon 1er). ©Lauriane Clément/Rue89Lyon

> Mis à jour le 19/11 à 18h30 suite à l’attaque de la librairie « La Plume noire ».

> Mis à jour le 23/11 à 15h avec la saisine du procureur de la République par le préfet du Rhône.

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