Deux études, deux champs d’analyse et un objectif : montrer l’importance de la pollution aux PFAS au sud de Lyon.
Ce jeudi 23 octobre, une vingtaine de maires du sud de Lyon se sont réunis en mairie d’Oullins-Pierre-Bénite, pour présenter une nouvelle étude dite “d’imprégnation”. “Ce projet remonte à 2023, rappelle Jérôme Moroge (LR), maire d’Oullins-Pierre-Bénite. Nous avions déjà voté des vœux dans nos conseils municipaux en ce sens.”
Ce 27 octobre, un appel va être lancé afin de sélectionner 500 habitants sur un large territoire du sud de Lyon, partant d’Oullins-Pierre-Bénite, et débordant en Ardèche et en Isère. Au total : 150 communes sont concernées pour un bassin de vie de plus de 400 000 habitants.
“Nous allons fournir des données locales sur sept Pfas principaux et de façon secondaires, sur 23 autres, commente Maëva Dupuis, biostatisticienne en charge d’une partie de l’étude nommée Impact (Imprégnation Pfas, analyse collective des territoires). Via des prises de sang, nous allons mesurer à quel point les populations sont touchées, selon leurs habitudes alimentaires, leurs âges, leurs genres, leur proximité vis-à-vis des sources d’expositions, etc.”
En un mois : deux études pour connaître la contamination des habitants du sud de Lyon aux Pfas
Un nouveau pas dans la recherche sur cette pollution qui en suit, de près, un autre. Le 3 octobre, la Métropole de Lyon a annoncé le premier lancement d’une étude pour mesurer la pollution aux Pfas dans le sang des habitants. Deux travaux “complémentaires”, estime le maire de Pierre-Bénite, Jérôme Morose.
Qu’est-ce qui différencie les deux études ? Les chercheurs ne travaillent pas exactement sur le même territoire. Celle portée par les maires du sud de Lyon s’intéressent à une zone géographique plus large, mais ne travaille pas sur des liens potentiels entre “présence de Pfas” et potentielle maladie causée par celle-ci. Contrairement à celle de la Métropole.
“Le but de l’étude n’est pas de faire de la polémique, indique encore Jérôme Morose. Elle n’est pas là pour accuser, mais pour mesurer la réalité de cette pollution.” Tout le long du point presse, jamais les noms des deux industriels visés dans ce scandale — Arkema et Daikin — ne seront cités. Ils sont pourtant bien dans le viseur.

Une nouvelle étude pour accélérer les recherches sur les Pfas au sud de Lyon
Les premières actions commencent à dater. En 2022, la mairie de Pierre-Bénite (détachée d’Oullins à l’époque) avait porté plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui, suivi ensuite par une quarantaine de maires d’autres communes du sud de Lyon, d’associations, et d’autres cabinets d’avocats. Rapidement, deux juges d’instruction ont été saisis et une perquisition a eu lieu sur la plateforme des industriels.
Mais, trois ans plus tard, le temps de la justice a tendance à susciter une certaine impatience chez les élus. Et l’espoir d’appliquer un jour le principe de pollueur-payeur pour faire payer à l’industriel les dégâts qu’il a potentiellement causés reste lointain.
“Le principe du pollueur-payeur, c’est formidable. Mais il est précédé par le principe du ‘plaignant avance de l’argent’”, grince Me Jean-Marc Hourse, avocat ayant déposé la plainte et suivi le dossier. Pendant un temps, celui-ci a plaidé auprès des services de l’État pour avoir un investissement de leur part sur ce dossier. Sans succès.
Des premiers résultats pour décembre et février 2026
Résultat des courses : une étude à 100 000 euros financée par les communes. Une somme conséquente, bien qu’elle puisse paraître comme une goutte d’eau au regard des sommes déjà dépensées par plusieurs maires pour filtrer cette pollution. Au sud du département, par exemple, quatre millions d’euros ont été investis par le Syndicat mixte d’eau potable Rhône Sud pour filtrer une eau fortement polluée aux Pfas.
Pour les maires, l’ardoise s’allonge. Il s’agit donc d’avancer et de maintenir la pression. Sur ce point, cette étude aura un avantage en termes de calendrier, par rapport à celle menée par la Métropole : elle présentera de premiers résultats dès décembre et février 2026.
De quoi accélérer le processus judiciaire ? “L’étude sera évidemment envoyée aux juges d’instruction”, précise Me Jean-Marc Hourse. Pour l’étude Perfao, annoncée par la Métropole de Lyon, il faudra compter deux ans et demi de recherche. Une chose est certaine : bien que le scandale ait commencé depuis presque trois ans, il n’en est encore qu’à ses débuts.



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