« Allô la Région, rendez l’argent ! », scande Éloïse, mégaphone en main. Jeudi 16 octobre, une vingtaine de personnes s’est réunie à midi, devant l’hôtel de Région (Lyon 2e), à l’appel du syndicat Asso-Solidaires Rhône. Devant les grandes portes vitrées, le petit groupe a dressé son barnum et brandi une banderole. Le message est sans détours : « La Région ne soutient pas nos emplois, nos assos, nos projets. »
À quelques mètres, sur un banc, un élément satirique attire l’oeil : un chamboule-tout avec les têtes d’hommes et de femmes politiques. Pêle-mêle : Rachida Dati toujours ministre de la Culture, Laurent Wauquiez et Emmanuel Macron. Un jeu qui symbolise la colère des associations envers des choix gouvernementaux et régionaux.
À Lyon, le secteur associatif s’indigne contre la perte d’emplois
Les salarié·es du secteur associatif tirent la sonnette d’alarme. Celles et ceux qui représentent environ « 10 % des emplois de la région Auvergne-Rhône-Alpes » dénoncent une « casse sociale » sans précédent.
« Côté emploi, les constats ne sont pas nouveaux : bas salaires, instabilité et irrégularité des fiches de poste. On voit pleuvoir les licenciements économiques, les ruptures conventionnelles. Les salariés sont poussés à la démission », s’indigne Aurélie (prénom modifié), de l’association Auvergne-Rhône-Alpes Orientation qui accompagne les jeunes dans leur orientation professionnelle.
Au mégaphone, Antoine d’Asso-Solidaires, tient également à rappeler les chiffres à l’échelle nationale : en 2025, « 45 % des associations ont subi une baisse des aides », selon le syndicat. « Le plan Bayrou n’a fait qu’augmenter la saignée », ajoute-t-il.
La saignée dont il parle : la perte de milliers d’emplois dans le secteur. « C’est le plus grand plan social de France. Nous, les salariés, sommes les premières victimes. C’est notre vie au quotidien qui est impactée par les baisses de subventions », poursuit le manifestant.


La Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le viseur des associations lyonnaises
Si les manifestant·es ont choisi de se rassembler devant l’hôtel de Région, ce n’est pas un hasard. La collectivité dirigée par Fabrice Pannekoucke (LR) et son « conseiller spécial » Laurent Wauquiez (LR) est aussi pointée du doigt. Éloïse, salariée d’Asso-Solidaires Rhône, illustre ses propos :
« La Région a retiré ses financements du nouveau centre Tumo, car c’était, pour elle, un ‘centre expérimental’. Des personnes se retrouvent sur le carreau et n’ont plus de revenus. »
Pour rappel, cette école, qui a fermé en septembre, était un centre d’apprentissage dédié au numérique, gratuit, à destination des 12-18 ans, gérée par Auvergne-Rhône-Alpes Orientation. Elle misait sur l’autoformation des jeunes dans différents domaines, tels que le jeu vidéo, la musique ou encore la programmation.
Sur place, quelques élu·es écologistes de la Région sont venu·es apporter leur soutien aux manifestant·es. Cécile Michel, co-présidente du groupe, dénonce une politique de désengagement :
« Aujourd’hui et depuis très longtemps, les choix de la majorité régionale déstabilisent des structures et délitent le lien social. On plaide pour du financement pluriannuel. Les associations doivent être soutenues et pas sur des appels d’offre. »
Derrière eux, le chamboule-tout s’effondre sur le sol. S’ils n’ont pas encore été entendus, les manifestant·es auront au moins ri de leur propre colère.
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