“Ça ne tient plus”. Le message est sans équivoque : les associations de la région Auvergne Rhône-Alpes (Aura) sont au bord de la rupture. Ce jeudi 9 octobre, des représentants du monde culturel, du loisir, de l’écologie ou encore du médico-social se sont réunis pour porter la voix d’une crise globale qui touche leur secteur.
“En Aura, une association sur cinq a moins de trois mois de trésorerie, reprend David Seignobos, du mouvement associatif Auvergne Rhône-Alpes. Fin des contrats d’aide, baisse des apprentissages et services civiques… La tendance est mauvaise.”
Pour ces acteurs, il est l’heure de se faire entendre des pouvoirs publics. Alors que les aides aux entreprises sont sans commune mesure avec les aides perçues par les structures associatives, ils rappellent que la région Aura compte 185 000 associations, 1,7 million de bénévoles et 241 600 salariés, “soit 9,2% de l’emploi privé régional », indiquent-ils.
Voyant venir de nouvelles coupes budgétaires, ils avertissent : plus un sou ne peut être pris aux structures associatives sous peine de banqueroute générale. “On a déjà réduit tout ce qu’on avait à réduire en termes de dépenses. Demain, tout peut s’arrêter”, constate Fabrice Gout, délégué régional Aura des centres sociaux. En mars 2025, un renouvellement des financements d’asso sur deux n’avait pas abouti en France.
À Lyon, les associations ciblent encore… La Région
Si le rendez-vous répond à un appel national, les acteurs ont un responsable bien local à nommer. “Nous avons un conseil régional qui a un regard simpliste sur notre rôle, pour des raisons électoralistes”, souffle David Seignobos.
Comme souvent, quand il est question de culture ou d’association écolos à Lyon, la Région dirigée par Fabrice Pannekoucke (LR) et son “conseiller spécial” Laurent Wauquiez (LR) est au cœur des critiques.
En 2025, elle a notamment sabré les aides accordées à la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire ou, plus récemment, retiré une subvention de 60 000 euros à la MJC Ménival, école de cirque de renommée “internationale”, pour reprendre Boris Ferrier, son directeur.
“Nous sommes prêts à rencontrer le président de la Région pour montrer notre intérêt pour le rayonnement de la région”, promet-il. Au passage, il indique que cette subvention, attribuée depuis neuf ans, représentait un tiers du budget de l’école.
“À chaque fois, ces décisions ont des conséquences en termes d’emploi”, rappelle Michel Jarry, président de France nature environnement Aura. L’association, qui connaît des baisses régionales depuis des années, s’est cette fois fait couper les vivres par le Département du Rhône, dirigé par Christophe Guilloteau (LR). Bilan des courses : moins de 80 000 euros. FNE Rhône a été placé en redressement judiciaire et a dû se séparer de la moitié de se 15 salariés.
Pour se faire entendre, le mouvement appelle à un rassemblement à 12 h, quai Augagneur à Lyon, ce samedi 11 octobre. D’autres rassemblements auront lieu partout en France. “Ça ne tient plus, c’est vrai. Mais depuis longtemps”, a de son côté fait remarquer Éloïse Bernon, syndiquée chez Asso-Solidaires.
Pour elle, l’heure n’est plus à la contestation simple, mais à la grève. Elle a appelé à manifester jeudi 16 octobre, devant l’hôtel de Région. “S’il faut instaurer un rapport de force, on va finir par y être obligé”, a concédé Fabrice Gout.
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