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Enfants à la rue : 14 écoles ouvrent leurs portes dès le soir de la rentrée scolaire à Lyon

Le collectif Jamais Sans Toit estime à 138 le nombre d’enfants qui dormiront à la rue dans la Métropole en ce 1er septembre. 14 écoles ouvrent leurs portes dès le premier jour de la rentrée scolaire pour héberger une quarantaine d’enfants, tandis que les militants accusent l’État de manquer à ses responsabilités.

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école Michel Servet Lyon 1 collectif Jamais sans toit occupation
Lors d’une occupation de l’école Montel par le collectif Jamais Sans Toit, en 2024.

« Une société qui laisse dormir un enfant dehors est une société en faillite. » Jeudi 28 août, le collectif Jamais Sans Toit a déploré, dans un communiqué, que 2159 enfants ont dormi à la rue la veille de la rentrée scolaire en France, selon le dernier baromètre de l’Unicef. Une hausse de 30% depuis 2022.

Jamais Sans Toit, de son côté, compte pour l’instant 138 enfants à la rue dans la métropole lyonnaise. Un chiffre destiné à augmenter drastiquement, selon la militante et professeure des écoles Juliette Murtin : « Quand on a arrêté notre recensement à la mi-juillet, on était à 428 enfants. On vient de recommencer notre décompte, il y a donc peu de chances pour que ce chiffre ait diminué. » Selon elle, des données plus proches de la réalité seront accessibles d’ici fin septembre, en fonction des signalements des établissements scolaires.

Le collectif, qui agit en soutien aux enfants scolarisés sans logement, rassemble essentiellement des parents d’élèves, enseignants et habitants. En parallèle d’actions de sensibilisation et de négociations avec les pouvoirs publics pour tenter d’améliorer la situation des enfants, les bénévoles organisent aussi des occupations d’écoles afin d’offrir un répit aux familles. Une solution temporaire qui propose des conditions de vie insuffisantes, mais qui devrait se répéter à la rentrée.

« Sur la métropole lyonnaise, 1090 personnes sans toit ont été accompagnées cette année par Jamais Sans Toit, 235 enfants ont été mis à l’abri dans les écoles, et plus de 100 000€ ont été dépensés par les citoyens en nuitées d’hôtel », affirment les militants dans leur communiqué.

14 écoles pour héberger des enfants dès la rentrée

Face à un phénomène en augmentation constante, un mouvement citoyen de soutien aux familles avec enfants à la rue s’organise dans la métropole de Lyon. Ce lundi 1ᵉʳ septembre, pas moins de 14 écoles de Lyon et Vénissieux vont héberger dès ce lundi soir une quarantaine d’enfants, jusqu’à quatre par établissement scolaire.

« L’année dernière, c’était la première fois où on démarrait les occupations d’écoles dès la rentrée, il y en avait cinq, relate Juliette Murtin. Aujourd’hui, 14 écoles, c’est du jamais vu. »

En comparaison, 333 enfants vivaient à la rue à Lyon en novembre 2024. Selon le collectif Jamais Sans Toit, les efforts fournis par les bénévoles, bien que sans précédent, restent loin d’être suffisants. Le collectif accuse l’État et les pouvoirs publics de manquer gravement à leurs responsabilités en matière d’hébergement d’urgence.

Lyon dépassée par la crise du sans-abrisme

Dirigées par des majorités écologistes et de gauche, Villeurbanne, Lyon et la Métropole s’affichent depuis 2020 comme des collectivités « hospitalières et accueillantes », membres de l’Association nationale des Villes et territoires accueillants (ANVITA).

Mais, si des actions sont menées côté Ville et Métropole, cela reste insuffisant. Depuis un effort durant la crise sanitaire, l’État, compétent sur ces questions, a freiné l’ouverture du nombre de places d’hébergement d’urgence. Un fonctionnement qui est loin de satisfaire Jamais Sans Toit, qui demande « davantage » d’efforts.

« De lanceurs d’alerte il y a dix ans, nous sommes progressivement devenus des dispositifs officieux d’hébergement sur lesquels les autorités se délestent de leurs obligations, déclare le collectif. Assistantes sociales et écoutants du 115 orientent désormais régulièrement les familles sans abri vers les écoles pour une prise en charge. »

Un État déficient sur la question de l’hébergement

Dans un rapport publié fin 2024, la Cour des comptes a jugé que l’État ne menait pas « correctement » sa politique d’hébergement des personnes sans-abri et des demandeurs d’asile. Pour rappel, la loi française prévoit « l’accueil inconditionnel de toute personne en situation de détresse ».

Fin février, la préfecture du Rhône avait pourtant tenté une expérimentation pour « fluidifier » le dispositif d’hébergement d’urgence à Lyon… en remettant des sans-abri dehors. Largement épinglé par les associations, le projet avait été rapidement abandonné. Depuis, l’État a ouvert quelques places, notamment pour accueillir des habitant·es de l’ex-école Gilibert. Mais cela reste peu.

« La dette financière peut bien attendre, tacle Jamais Sans Toit. La dette envers les enfants sans toit, elle, doit être réglée aujourd’hui. »


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