Ça se chicane, gentiment, ce jeudi de fin juin, sur le marché des Gratte-ciel à Villeurbanne. Ils sont deux à débattre de tout et rien : Jacob, un “judéo-berbère”, comme il se définit, et un autre habitant, d’origine algérienne. En les écoutant, on ne sait plus si la discorde porte sur le départ des pieds-noirs d’Algérie, la Sécurité sociale ou le conflit israélo-palestinien : « Arrête un peu avec ta Palestine enfin ! »
Juste derrière eux, Juanadil sourit en coupant son pain. “Là, ça va, des fois, c’est chaud”, commente-t-il. Un poil fatigué, il a commencé sa tournée tôt. À 8 h, il était à la boulangerie Reymond (Lyon 3e), puis, à 9 h, chez Antoinette (Lyon 1ᵉʳ) pour récupérer les invendus de pain.
Sur son vieux vélo cargo où le sigle “La Poste” tend à s’effacer, il a transporté plus de cent kilos d’invendus jusqu’à l’angle de la place Chanoine-Boursier, sans moteur électrique. « Au maximum, il faut éviter de s’arrêter pour garder l’élan », plaisante-t-il. Chaque jeudi, il y distribue sa récolte pour l’association le Pain pas perdu.
Le défilé devant ce boulanger pas comme les autres ne tarit pas. Quelques nouveaux venus demandent le prix de ce bon pain de céréale, de seigle ou d’épeautre. “C’est gratuit madame, commente ce militant infatigable. C’est pour créer du lien entre les gens”. Parmi les passants, beaucoup le salue.
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