Comme partout en France, les élèves du collège Môrice-Leroux, à Villeurbanne, planchent sur l’épreuve de français du brevet, en cette matinée du 26 juin. À l’extérieur, l’ambiance est toute autre.
Peu après l’entrée des élèves, une vingtaine d’enseignants et de personnels éducatifs en grève déploient une banderole et entament un rassemblement devant l’établissement. « Notre but n’est pas de perturber la tenue des épreuves. Mais le calendrier l’impose, on ne va pas faire grève quand il n’y aura plus d’élèves », justifie Lucas, professeur de SVT et syndiqué à la CGT éduc.
Remplacés par des vacataires, les grévistes dénoncent le manque de moyens alloués à leur établissement pour la rentrée 2025. Ils demandent l’ouverture d’une classe de 4e, ainsi qu’un poste d’assistant d’éducation (AED) à temps plein supplémentaire.
Le motif ? Selon eux, l’établissement accueillera 767 élèves à la rentrée 2025. Leurs chiffres incluent les élèves de SEGPA ainsi que les élèves du dispositif ULIS, mal ou pas comptés dans les effectifs des collèges. D’après ces calculs, il y aurait donc entre 27 et 30 élèves par classe, plus précisément 29,83 pour les classes de 4e à la rentrée. « Des élèves d’UPE2A (Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants) sont susceptibles d’arriver en cours d’année » rappelle également Marine Pontus, professeur d’anglais et syndiquée CNT-FTE. Selon les représentants syndicaux, 25 élèves sont arrivés après la rentrée cette année.
Le collège Leroux de Villeurbanne, un cas « prioritaire » ?
Face à cette situation, les professeurs et le personnel éducatif se sont d’abord mis en grève le 20 mai. Dès le lendemain, ils ont été reçu par Nicolas Magnin, directeur académique adjoint du Rhône. Contactée par la rédaction de Rue89Lyon, l’académie affirme que « le collège fait partie des établissements dont la situation est considérée de manière prioritaire ».
Un discours également tenu auprès des professeurs, lors de leur rencontre au rectorat. Pourtant, un mois plus tard, la Dotation horaire globale (DHG), qui détermine les moyens humains alloués à l’établissement, a été jugée insuffisante au regard de la hausse des effectifs attendue à la rentrée.
Lors du conseil d’administration ce 20 juin, tandis que la direction de l’établissement a voté pour, la DHG a été unanimement rejetée par les représentants des personnels et des parents, selon les professeurs syndiqués. Une motion commune a été adoptée dans la foulée, dénonçant le manque de moyens et apportant son soutien aux actions engagées, y compris la grève prévue à partir du 26 juin.
Un « mépris affiché » de l’administration selon le personnel en grève
« On est surpris par le mépris affiché de l’administration », dénonce amèrement Romain Lapierre, professeur d’histoire géographie et syndiqué Sud Éducation. « On a déjà passé une année compliquée parce qu’il y a trop d’élèves », surenchérit Marine Pontus.
La syndiquée ajoute que « 36% des élèves accueillis par le collège sont en difficulté à leur arrivée, selon les résultats des évaluations nationales de CM2. Au niveau national, c’est seulement 26% ». Dans cet établissement classé en Zone prévention violence, les enseignants disent ne plus parvenir à enseigner dans de bonnes conditions, et faute d’effectifs suffisants, peinent à maintenir le calme dans les couloirs.
Malgré la fatigue et la colère des grévistes, l’administration laisse planer l’incertitude. Selon le rectorat de Lyon, « les moyens de la rentrée 2025 sont en cours de finalisation, dans un esprit de dialogue avec les équipes de direction ». Les seuils de création de classe sont fixés à 30 élèves. Ce 27 juin, les professeurs et personnels éducatifs du collège Môrice-Leroux doivent se prononcer sur une éventuelle reconduction de la grève, et décider s’ils entendent la poursuivre à la rentrée prochaine.
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