Depuis plusieurs mois, nous assistons à une accélération et un durcissement des attaques contre la liberté d’expression d’étudiants et d’universitaires, mais également d’acteurs politiques, syndicaux, associatifs et plus généralement de toutes celles et tous ceux qui se lèvent contre le massacre du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie, contre l’expansionnisme israélien dans la région ou, plus simplement, qui tentent d’informer sur ce qui se passe au Proche-Orient.
Dénoncer ce que la Cour internationale de Justice qualifiait, dès janvier 2024, de « risque plausible de génocide », expose à la répression d’État et au déchaînement de la droite et de l’extrême-droite, alors que pour de nombreux observateurs, tant associatifs que politiques ou universitaires, nous sommes passés de la plausibilité à la réalité du génocide.
Depuis fin mars, c’est l’Université Lumière Lyon-2 dans son ensemble qui est visée par des attaques insensées. Après plusieurs conférences étudiantes censurées sur pression de la Préfecture l’année passée et un mouvement étudiant réprimé à Sciences-Po Lyon, ce sont désormais les responsables d’établissement qui sont visés, avec la complicité du Gouvernement.
Pour les chercheurs : de violentes attaques d’élus contre l’université Lyon 2
Alors que la présidente de Lyon-2 était menacée de mort et placée sous protection policière, l’ex-président de Région, décrétait la suppression des financements de la Région pour cet établissement. Dans le même temps, Willy Beauvallet-Haddad, maître de conférences en science politique, subissait des attaques politico-médiatiques et sur les réseaux sociaux pour ses prises de position personnelles sur le Proche-Orient qui l’ont contraint à démissionner de son poste de vice-président auquel il venait d’être réélu, alors même que la qualité de son travail était largement reconnue en interne.
Ces évènements s’inscrivent dans un climat délétère d’institutionnalisation de la répression de toutes les voix en soutien aux Palestiniennes et Palestiniens, en particulier dans les universités. La droite institutionnelle, en rejoignant les thèses de l’extrême droite, remet directement en cause nos libertés fondamentales, individuelles et collectives, à commencer par la liberté d’expression.
Derrière les paniques morales alimentant la dénonciation de « l’islamo-gauchisme », de « l’islamo-wokisme » et désormais de « l’entrisme » comme autant de fantasmes relayant les thèses islamophobes du « grand remplacement », c’est aussi l’indépendance même du champ académique et l’autonomie de la vie démocratique des établissements d’enseignement supérieur qui sont menacées.
Respect du droit international
La défense du droit international, le respect de l’autodétermination des peuples et de l’égale dignité des individus sont pourtant des boussoles indispensables à la formation des citoyennes et citoyens, à la construction de nos sociétés et du monde qui nous entoure. L’empathie elle-même pour les peuples menacés d’effacement, quels qu’ils soient, ne saurait être condamnée ou condamnable.
Alors que celles et ceux qui nous harcèlent, qui tentent de ternir notre réputation, qui nous traînent devant la justice, ont assumé sans état d’âme leur complicité active ou passive avec des dirigeants israéliens poursuivis par les instances internationales pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, nous dénonçons fermement une fuite en avant qui nous rapproche, étape après étape, des heures les plus sombres de l’histoire du continent européen.
Dans ce contexte, nous appelons chacune et chacun à ne pas céder à la peur et à l’intimidation, à défendre la liberté d’expression et les libertés académiques qui nous concernent toutes et tous comme citoyens, comme enseignants et chercheurs, et à soutenir notre collègue Willy Beauvallet-Haddad comme toutes celles et ceux qui sont victimes d’attaques similaires contre leur droit à s’exprimer.
Chargement des commentaires…