« Avec ce froid, on ne va pas rester deux heures ! » À 11h30 ce jeudi 12 décembre, il fallait être motivé (ou en colère) pour participer au rassemblement organisé sur le quai Augagneur (Lyon 3ᵉ), aux abords de la préfecture du Rhône. Quelques centaines de salariés du privé et du public — environ 200 selon notre journaliste sur place — ont répondu à l’appel des organisations syndicales du Rhône.
Frédéric Volle, membre du bureau départemental de Force Ouvrière (FO), est emmitouflé dans une doudoune sombre. « Face aux magouilles politiques qui ne vont rien changer, on est là pour réaffirmer nos revendications », appuie-t-il. Les syndicats attendent du gouvernement des réponses « concrètes » face à « l’urgence sociale ».
Leurs demandes sont multiples, selon le communiqué qui accompagne l’appel au rassemblement de Lyon : « augmenter les salaires et améliorer le pouvoir d’achat des salariés, des agentes et agents publics et des retraité.e.s, avoir les moyens de bien faire son travail, gagner enfin une réelle égalité femmes-hommes au travail, abroger la réforme des retraites, préserver notre modèle social. »
« Des milliers d’emplois sont menacés »
La musique qui retentit dans les enceintes de la CGT parvient à peine à réchauffer l’atmosphère. Dans ce contexte politique instable, après la chute du gouvernement Barnier et l’absence de budget pour 2025, l’inquiétude des salariés est grande.
« Il y a une recrudescence des plans sociaux en France, des milliers d’emplois sont menacés, assène João Pereira Afonso, secrétaire général de l’union départementale CGT du Rhône. Il faut absolument que les travailleurs et travailleuses se mettent en action. »
Le syndicaliste dénonce aussi la désindustrialisation du territoire, selon lui un point central pour recréer des emplois. « On demande un grand moratoire sur les industries, précise-t-il. Il nous faut des entreprises en France, on en avait beaucoup parlé pendant le Covid, mais les actes n’ont pas suivi. »
« Rien ne va changer si on ne se mobilise pas »
Un peu à l’écart, une employée de l’hôpital Lyon-Sud discute avec une retraitée venue soutenir la mobilisation. Cette dernière a collé un sticker FO sur sa veste. « La chute du gouvernement Barnier [le 4 décembre, ndlr] c’est toujours ça de pris, mais on doit continuer à se battre », affirme-t-elle.
Plusieurs projets autour du monde du travail sont aujourd’hui en suspens, notamment un accord conclu entre le gouvernement et le patronat sur l’assurance-chômage qui devait être ratifié le 20 décembre. En suspens aussi, la réforme de la fonction publique voulue par l’ancien ministre des Services publics Guillaume Kasbarian, qui visait à instaurer trois jours de carence pour les fonctionnaires. Elle pourrait revenir sur le tapis, en fonction des orientations politiques du prochain gouvernement.
La dernière journée de grève du service public, jeudi 5 décembre, avait rencontré un succès flagrant à Lyon et dans le Rhône. Les syndicats ont compté près de 65% d’enseignants grévistes dans le premier degré et une centaine d’établissements ont fermé.
À cette heure, le président de la République Emmanuel Macron n’a toujours pas annoncé qui succèdera à Michel Barnier au poste de Premier ministre. Un syndicaliste présent au rassemblement est formel : « Peu importe qui va prendre la suite, on sait bien que rien ne va changer si on ne se mobilise pas. »
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