Rue89Lyon : Quelle a été votre réaction, lorsqu’au soir de la débâcle présidentielle aux européennes, Emmanuel Macron a dissout l’Assemblée nationale ?
Philippe Corcuff : J’ai eu un sentiment d’irresponsabilité du président. On allait probablement vers une victoire de l’extrême droite en 2027 et cette décision a permis de précipiter ce succès trois ans avant, avec les législatives anticipées. Et si ça ne passe pas cette fois, le chaos engendré au Parlement et une absence de majorité demanderait un besoin d’ordre. Ça renforcerait les chances du Rassemblement national dans trois ans, ou en cas de démission du président. Il n’y avait aucune nécessité de dissoudre.
Avez-vous été surpris de la rapidité de la constitution d’un nouveau Front populaire pour les législatives ?
Pas vraiment, car il y a une vraie menace de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Ça a créé ce choc historique qui a poussé la gauche à l’union. Sinon elle n’aurait pas passé le premier tour dans de nombreuses circonscriptions (pour se qualifier en position de troisième, il faut réunir 12,5% des voix des inscrits, NDLR).
Comment la gauche peut-elle capitaliser sur cet élan ?
À court terme, ils ne peuvent pas faire grand-chose de plus : avoir un label commun, essayer de mobiliser les réseaux militants, syndicaux et associatifs qui restent. Ce n’est pas en deux semaines de campagne qu’on va tout transformer.
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