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« On veut être payés au juste prix » : à Lyon, les taxis manifestent devant l’Assurance maladie

Lundi 29 janvier, une centaine de chauffeurs de taxis lyonnais se sont réunis pour une opération escargot dans Lyon et jusqu’aux portes de la CPAM du Rhône, à Villeurbanne. Ils s’étaient réunis le matin à Gerland pour protester contre la nouvelle convention sur le transport de patients.

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Opération escargot par les chauffeurs de taxis devant la CPAM à Villeurbanne le 29 janvier 2024 ©Laury Caplat/Rue89Lyon
Opération escargot par les chauffeurs de taxis devant la CPAM à Villeurbanne le 29 janvier 2024 ©Laury Caplat/Rue89Lyon

Concert de klaxons dans les rues de Villeurbanne. Sur le cours Émile Zola, environ 300 taxis (selon les syndicats) roulent de pas. Ils sont partis de Gerland à Lyon 7e, lundi 29 janvier, jusqu’aux locaux de l’Assurance maladie où une réunion avec le directeur était prévue à 14h. Dans leur ligne de mire : la nouvelle convention imposée par la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie) concernant le transport des malades.

Comme les autres conducteurs autour de lui, Majdi, chauffeur de taxi lyonnais de 45 ans, a répondu à l’appel de la mobilisation nationale pour faire entendre sa colère. « Sur l’ancienne convention, on était déjà ric-rac avec l’augmentation du gasoil, les véhicules qui coûtent cher, l’inflation… Mais là, avec cette nouvelle convention et ses tarifs revus à la baisse, ce n’est plus possible pour nous », égrène-t-il.

Manifestation des chauffeurs de taxis devant la CPAM à Villeurbanne le 29 janvier 2024©Laury Caplat/Rue89Lyon
Manifestation des chauffeurs de taxis devant la CPAM à Villeurbanne le 29 janvier 2024 ©Laury Caplat/Rue89LyonPhoto : ©Laury Caplat/Rue89Lyon

Les taxis de Lyon contre la hausse des remises sur leurs trajets

Cette convention, qui leur a été dévoilée en décembre dernier sans négociations, prévoit une nouvelle réglementation concernant le prix des trajets facturés à la CPAM. Jusqu’à aujourd’hui, ceux-ci étaient facturés moins cher qu’un trajet classique, mais la remise faite à l’assurance maladie ne pouvait pas excéder 16,5%.

À partir du 1er février 2024, ça ne sera plus d’actualité. « La clause qui établit les limites de cette remise a tout simplement été supprimée », dénonce Abdelatif Grine, vice-président de la FNTI 69 (Formation Nationale Taxis Indépendants). Le chauffeur craint que les trajets soient bien moins payés. Il ajoute : « Si on vend un service quatre fois moins cher, on fera un service quatre fois moins bon. On ne veut pas ça pour transporter les malades. On veut être payé au juste prix. »

Abdelatif Grine, vice- Président de la FNTI69 (Formation Nationale Taxis Indépendants) manifeste devant la CPAM à Villeurbanne, le 29 janvier 2024 ©Laury Caplat/Rue89Lyon
Abdelatif Grine, vice-président de la FNTI69 (Formation Nationale Taxis Indépendants) ©Laury Caplat/Rue89LyonPhoto : ©Laury Caplat/Rue89Lyon

Comme lui, Jean-Paul, chauffeur de 60 ans, craint que cette nouvelle convention ne le contraigne à appliquer des réductions supplémentaires sur ses tarifs. « Je peux comprendre qu’ils veuillent faire des économies, mais pourquoi sur notre dos ? On va finir par leur donner de l’argent si ça continue » lâche-t-il en déployant sa banderole « Taxis en colères » devant les portes de la CPAM. Autour de lui, les coups de klaxons fusent dans les voitures arrêtés. Sur l’une d’entre-elles, une pancarte affiche, en lettres capitales : « les patients ne sont pas du bétail ».

Des trajets mutualisés pour les malades inquiètent les taxis

Car un autre sujet de leurs revendications porte sur la mutualisation des trajets de personnes médicalisées, prévue par l’article 30 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Les chauffeurs de taxis devront donc transporter plusieurs malades dan un même trajet, sous peine d’un remboursement minoré.

« Si jamais vous ne regroupez pas, les patients ne seront pas remboursés pour leur transport, ce qui veut dire que nous, on ne sera pas payés », explique Laurent Deshayes, vice-président de la Maison des Taxis du Rhône, qui voit dans cette mesure, une forme de négligence envers les personnes médicalisées. « Quelqu’un qui sort d’une chimiothérapie ou d’une dialyse, on ne peut pas les faire attendre deux ou trois heures pour récupérer un autre patient », s’indigne-t-il, inquiet de devoir sacrifier les relations qu’il entretient avec les patients.

Ce n’est pas la première fois que les taxis se font entendre à Lyon. En juin 2023, ils étaient des centaines de chauffeurs à s’être réunis pour une opération blocage jusqu’aux portes de la Métropole de Lyon. En cause à l’époque, la décision de cette dernière d’augmenter le nombre de licences accordées, et par ricochet la concurrence entre les professionnels. Les chauffeurs de taxis étaient même allés jusqu’à envahir le conseil de la Métropole. Cette fois pas d’irruption dans les locaux de la CPAM. Les chauffeurs attendent patiemment – mais pour combien de temps ? – une réponse au niveau national.


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