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[Direct] Après le 49.3, un regain de mobilisation contre la réforme des retraites à Lyon

Après l’utilisation de l’article 49-3 et le rejet des motions de censure, la mobilisation contre la réforme des retraites reste forte à Lyon et en France. L’intersyndicale appelle à une journée d’actions et de manifestation ce jeudi 23 mars. Suivez-la en direct sur Rue89Lyon.

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Manifestation

Depuis l’annonce de l’utilisation de l’article 49.3 de la constitution, jeudi 16 mars et l’échec, à neuf voix près, d’une des deux motions de censure, lundi 20 mars, la mobilisation ne faiblit pas contre la réforme des retraites. Lyon croule sous les actions militantes entre grèves reconductibles, manifestations sauvages le soir et blocages en journée.

Le monde de la culture, aussi, s’est mobilisé. L’Opéra de Lyon a vu ses spectacles bloqués pendant tout un week-end. Quelques mètres plus loin, le musée des Beaux-Arts est occupé par le collectif « Culture en lutte 69 » depuis le dimanche 19 mars.

À Lyon, une manifestation contre la réforme des retraites toujours importante

L’intersyndicale du Rhône avait appelé à une nouvelle journée de grève et de manifestations, ce jeudi 23 mars. Le départ de la manif s’est fait au niveau de la Manufacture des tabacs (métro Sans-Souci) à 11 heures et s’est terminé place Bellecour (Lyon 2e).

Le matin, plusieurs établissements d’enseignement supérieurs étaient bloqués à Lyon, notamment l’ENS, les deux campus de l’Université Lyon 2 et le campus de l’ENTPE et l’ENSAL à Vaulx-en-Velin. Le syndicat lycéen La Voix Lycéenne recensait aussi entre 15 et 20 lycées bloqués à Lyon.

Les syndicats se félicitent d’avoir réuni 55 000 manifestants (la plus grosse mobilisation depuis le début de la mobilisation en janvier), tandis que la préfecture annonçait 22 000 manifestants (moins que le 7 mars, avec 25 000 manifestants).

manifestation contre la réforme des retraites
La manifestation contre la réforme des retraites au niveau de la Guillotière, à Lyon, le 16 février 2023.Photo : PL/Rue89Lyon.

La dernière manifestation syndicale, du mercredi 15 mars, avait réuni 22 000 personnes selon les syndicats et 8500 personnes selon la préfecture. Les manifestations spontanées, qui se sont tenues le soir du 16 au 22 mars, avaient quant à elles réunis entre plusieurs centaines et milliers de personnes.

>> La rédaction de Rue89Lyon a suivi en direct cette journée d’actions du 23 mars.

Bonjour à tous et toutes !

Un petit point sur la grève dans les transports pour commencer. Au niveau de la circulation des trains, la grève est plutôt suivie avec un TER sur trois qui circule en moyenne nationale. Pour en savoir plus au niveau local, il faut consulter les horaires mis à jour par la SNCF. Du côté des TGV et INOUI, seul un train sur deux circule.

Sur le réseau TCL, la grève est en revanche assez peu suivie. Les métros circulent tous normalement, tout comme les funiculaires. Seulement trois lignes de tramway circulent avec des fréquences allégées :

  • La ligne T2 circule avec une fréquence de 7 min
  • La ligne T3 circule avec une fréquence de 9 min
  • La ligne T4 circule avec une fréquence de 7 min

Concernant les bus :

  • Les lignes suivantes circulent avec une fréquence allégée : C26, 15, 25, 63, 79, 80, 81, 86 et 88
  • La ligne C12 circule uniquement entre « Hôpital Feyzin Vénissieux » et « Jean Macé »
  • Les lignes suivantes ne circulent pas : C6E et C15E

L’aéroport Saint-Exupéry est aussi touché par les grèves, qui ont débuté mercredi 22 mars au soir et devraient se terminer vendredi 24 mars à 6h, a annoncé la Direction générale de l’Aviation civile.

Une nouvelle fois, les campus des quais et de Porte des Alpes de l’université Lyon 2 sont bloqués par des étudiants. L’université a annoncé que les cours ne pourront pas s’y tenir aujourd’hui.

L’ENS de Lyon, située à Lyon 7e, est également bloquée. «Toutes les activités administratives et d’enseignement sont annulées pour la journée sur les sites de Monod et Descartes», prévient l’établissement.

Quant aux lycées, la Voix Lycéenne de Lyon, syndicat lycéen, affirme qu’entre 15 et 20 lycées sont bloqués ce matin à Lyon « selon les premiers chiffres remontés ». Le syndicat évoque les lycées Ampère-bourse, lycée du Parc, lycée Charlie Chaplin, lycée Mérieux, lycée Récamier, Condorcet, Saint-Just, Lacassagne, la Martinière-Diderot, la Martinière Montplaisir et le lycée Marcel Sembat.

Un rassemblement doit avoir lieu ce matin à 8h30 devant la mairie de Rillieux-la-Pape. Il est organisé par les personnels de l’éducation du secteur de Rillieux. Leur but est de « protester contre une réforme des retraites à marche forcée et présentée comme la seule solution viable, alors même que d’autres sources de financement existent mais que le gouvernement se refuse à les évoquer ».

Un rassemblement symbolique, alors que le député LR de la circonscription, Alexandre Vincendet, ancien maire de Rillieux-la-Pape, n’a pas voté la motion de censure du 20 mars qui aurait pu rejeter la réforme des retraites. Pour rappel, il manquait 9 voix, qui auraient pu être trouvées chez Les Républicains.

Hier soir, mercredi 22 mars, une nouvelle manifestation sauvage contre la réforme des retraites était organisée dans les rues de Lyon. Plusieurs centaines de manifestants se sont élancés de la place des Terreaux. Il s’agissait de la cinquième depuis l’annonce du recours à l’article 49-3, jeudi 16 mars.

Rue89Lyon a analysé le maintien de l’ordre lors de ces manifestations, qui rappelle la répression du mouvement des gilets jaunes. Retrouvez notre article : Réforme des retraites, vers une « giletjaunisation » du maintien de l’ordre à Lyon

Fait rare : le campus de Vaulx-en-Velin des écoles ENTPE (ingénieurs) et de l’ENSAL (architectes) est bloqué ce matin. C’est la première fois depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, « et pour la première fois de son histoire», ajoute même une étudiante. Depuis 5h30 ce matin, une cinquantaine d’étudiant·es sont mobilisé·es pour bloquer l’accès aux établissements.

« Nous souhaitons le retrait de cette réforme injuste et injustifiée. L’urgence se situe au niveau de la crise écologique. Cette réforme cherche à augmenter la productivité du pays quand le 6e volet du rapport du GIEC vient de sortir et nous supplie de revoir en profondeur notre système économique car la croissance n’est pas soutenable », revendiquent les étudiant·es mobilisé·es.

Le campus de l’ENTPE, école d’ingénieur de Vaulx-en-Velin, bloquée le jeudi 23 mars au matin contre la réforme des retraites. DR
Le campus de l’ENTPE, école d’ingénieur de Vaulx-en-Velin, bloqué « pour la première fois de son histoire » le jeudi 23 mars au matin contre la réforme des retraites. DR

Il est 11h, la manifestation syndicale doit s’élancer de la manufacture des Tabacs. Le cours Albert Thomas encore clairsemé, commence à se remplir.

Le début de la manifestation du 23 mars contre la réforme des retraites à Lyon.Photo : LS/Rue89Lyon

Le syndicat CGT Lyonnais de l’énergie refait ses pancartes avant de partir. Fabio* nom d’emprunt, est mobilisé depuis 1996 et syndiqué depuis 1997.

« J’étais de toutes les luttes pour nos retraites. On est là pour l’intérêt général. Que le 49-3 soit passé ça nous renforce car le gouvernement n’a pas pris la pleine mesure de ce qu’il a fait», soutient-il.

Hier, jeudi 22 mars, les syndicalistes ont coupé l’électricité au siège de l’Hôtel de Région à Lyon. La collectivité est dirigée par Laurent Wauquiez, des Républicains. « C’est une manière de montrer notre savoir faire et d’interpeller. Ça montre le degré de mobilisation », explique-t-il.

Fabio (nom d’emprunt), à gauche, refait la banderole du syndicat CGT lyonnais de l’énergie avant le départ de la manifestation du 23 mars contre la réforme des retraites à Lyon.Photo : LS/Rue89Lyon


Manon Morel est présidente de l’Unef Lyon et en deuxième année de sciences politiques à Lyon 2. Elle fait un bilan de la matinée de mobilisation chez les étudiant·es.

« Aujourd’hui les universités Lyon 2 et Lyon 3 sont bloquées. C’est simple d’organiser le blocage des facs car le 49-3 a eu un impact sur les troupes, qui se sont remotivées. Sur toute la France plus de 75 établissements bloqués, même Assas à Paris (L’Université Paris-Panthéon-Assas est réputée pour être à droite, ndlr) »

Elle se félicite de voir « des cortèges de jeunes beaucoup plus grands que d’habitude », et considère que le 49-3 est « la dernière pierre d’un mépris » du gouvernement pour la population et pour les étudiant·es.

Manon Morel, présidente de l’UNEF à Lyon.Photo : LS/Rue89Lyon


Jean-Michel 64 ans, est inspecteur du travail. Il part dans un an à la retraite. Syndiqué à la CGT, c’est sa neuvième manifestation depuis janvier contre la réforme des retraites. À l’inspection du travail, une cinquantaine de personnes sont mobilisées depuis le début du mouvement. Pour lui, le 49-3 a ajouté de la colère à cette mobilisation.

« Il semblerait que le gouvernement ne comprenne que les actions radicale et les blocages, constate Jean-Michel. C’est lui qui exaspère la population. Maintenant, je ne vois pas comment on peut se faire entendre autrement. Peut-être qu’un référendum pourrait mettre en évidence que la réforme n’est pas suivie »

Jean-Michel (à gauche), inspecteur du travail, mobilisé avec ses collègues contre la réforme des retraites à Lyon.Photo : LS/Rue89Lyon

Cédric est électricien en centrale nucléaire, à Saint-Vulbas. Il fait partie de la CFE-CGC, avec qui il manifeste pour la 8e fois depuis début 2023 contre la réforme des retraites. « D’habitude, on est plutôt plutôt un syndicat réformiste, qui fait des propositions. Le 49-3, ça m’a un peu déprimé. Je n’imaginais pas que le gouvernement passerait, on voudrait se remettre autour d’une table », commence-t-il. Il propose de payer à égalité les hommes et les femmes, pour augmenter les cotisations et financer les retraites.

« C’est nécessaire de bloquer le pays, soutient-il à présent. Le gouvernement s’est félicité en janvier d’avoir des manifs citoyennes, mais elles n’ont pas forcément eu d’impact. Ça m’interroge. On peut réitèrer les manifs, mais on voit que ça ne marche pas. Tout ce qui n’a pas été traité démocratiquement dans l’hémicycle se retranscrit en une violence démonstrative, humaine. Elle est légitime. »

Cédric (à gauche), électricien en centrale nucléaire, manifeste pour la 8e fois contre la réforme des retraites.Photo : LS/Rue89Lyon

Béatrice a presque 60 ans et travaille à la CPAM, elle s’est surtout mobilisée contre cette réforme des retraites et milite à la CFDT. C’est la première fois qu’elle vient en manifestation depuis début janvier, même s’il s’agit de son quatrième jour de grève.

« J’ai vu des collègues partir à 60 ans. Que nous on doive travailler plus c’est inadmissible, je veux pas mourir avant d’avoir profité de ma retraite. Ce n’est pas juste ! », tonne-t-elle.

Pour qualifier le passage de la réforme avec le 49-3, la militante a des mots très durs, à la hauteur de sa colère : « C’est inadmissible, c’est dégueulasse. J’en suis tombée de ma chaise, j’étais en furie. On a proposé à Macron des négociations, qu’il a refusé, et maintenant il dit que c’est grave que des gens cassent. Je ne suis pas pour le vandalisme mais je peux comprendre »

« Tous ceux qui se sont battus pour les régimes spéciaux, on piétine leur mémoire. Il faut qu’on gagne », espère-t-elle.

Béatrice travaille à la CPAM. Elle manifeste pour la première fois contre la réforme et fait le signe de la victoire. Elle espère que le mouvement social gagne.Photo : LS/Rue89Lyon

Une petite sélection de pancartes qui parsèment la manifestation.

Les premières tensions entre la tête de cortège et les forces de l’ordre ont débuté au croisement du cours Gambetta et de la rue Vendôme. Un black bloc s’est constitué en tête du cortège, très dense, selon notre journaliste sur place.

Ses membres s’attaquent pour l’instant à des banques et panneaux publicitaires. Le dispositif policier est très important. Certains manifestent tentent de s’engouffrer dans les rues adjacentes mais sont repoussés et gazés par les forces de l’ordre.

Les policiers ont chargé le cortège des deux côtés, depuis la rue Chavant et depuis la rue Vendôme. Notre journaliste, pourtant signalée d’un brassard, vient de prendre un coup de matraque à la hanche.

Les charges n’ont pas suffit à faire reculer les manifestants, qui sont restés près de l’intersection. Les policiers ont reculé sous les jets de projectiles des manifestants.

Une banderole renforcée du cortège de tête a été récupérée par les forces de l’ordre.

Le cortège s’est remis à avancer. Dans leur chemin jusqu’à la place Gabriel Péri, un cordon de CRS tentait de les freiner avant de les laisser passer.

Les manifestants du cortège de tête attendent maintenant place Gabriel Péri. Le reste du cortège doit les rejoindre. Des policiers sont postés à toutes les intersections.

Le cortège arrive sur le pont de la Guillotière.

Pour avoir une idée de la densité du cortège de tête, le voici quelques minutes plus tôt sur le cours Gambetta.

Devant la rue de la Barre, pas de canon à eau. Les camions de gendarmes mobiles sont déployés, et les manifestants du cortège de tête restent statiques et leur font face, avec des insultes et des jets de projectiles. Les forces de l’ordre répliquent par une charge. Certains manifestants fuient en direction de la place Antonin Poncet, l’autre partie reste groupée près du pont de la Guillotière.

La manifestation n’est pas encore arrivée à Bellecour et que les affrontements continuent devant la rue de la Barre. Une de nos journalistes, place Bellecour, constate que toutes les rues adjacentes à la place sont bloquées par un dispositif policier.

La situation est particulièrement tendue rue de la Barre. Les forces de l’ordre sont retranchées près de leurs camions et subissent des jets de projectile en continu.

Le black bloc reste devant les forces de l’ordre. Derrière, le reste des manifestants passent au compte goutte sur le quai Gailleton mais uniquement le long du Rhône.

La situation se débloque enfin rue de la Barre, le black bloc a finalement avancé et le reste du cortège avec. Il y a eu finalement très peu de charges du côté de la police, ni même de gaz lacrymogènes.
Une partie des manifestants est descendu sur la route en contrebas et bloque la circulation. Mais ils sont vite dispersés par les forces de l’ordre avec force gaz lacrymogènes. Le nuage est si dense qu’il accompagne les manifestant qui s’acheminent place Bellecour.

L’intersyndicale annonce 55 000 manifestants, soit le plus haut niveau de mobilisation à Lyon depuis le début des manifestations contre la réforme des retraites à Lyon. De son côté, la préfecture annonce 22 000 personnes (contre 25 000 le 31 janvier et le 7 mars).

La situation reste tendue sur la trémie du quai Gailleton, près du bouquet de fleurs. Le service d’ordre de l’intersyndicale tente de protéger le reste du cortège qui essaie de rejoindre la place Bellecour, tandis que des manifestants plus radicaux continuent de jeter des projectiles sur les forces de l’ordre.

Il est presque 15h30 et la place Bellecour est encore remplie.

Un nouvel appel à manifester à Lyon le soir même circule dans les rangs de la manifestation. Le rendez-vous est donné à 19h, place des Jacobins (Lyon 2e), dans la même lignée que les manifestations spontanées qui ont eu lieu en soirée depuis l’annonce du recours au 49-3 le jeudi 16 mars.

La place se vide peu à peu, seul quelques groupes continuent d’affronter la police, qui réplique par des gaz lacrymogènes.

C’est la fin de ce live, merci à tous et toutes de l’avoir suivi !


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