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Étienne Blanc prêt pour Lyon 2020 ? La stratégie à droite pour faire monter le désir de sa candidature

A l’appel de Stéphane Guilland, président du groupe d’opposition municipale Les Républicains et apparentés, une trentaine d’élus de droite se sont retrouvés ce lundi pour faire monter la mayonnaise autour de la candidature d’Étienne Blanc à la mairie de Lyon en vue des élections de 2020.

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Au premier plan, Stéphane Guilland, président du groupe d'opposition municipale Les Républicains et apparentés, et Alexandre Vincendet, maire de Rillieux-la-Pape et président de la Fédération des Républicains du Rhône et de la métropole. © Aurélien Defer

Une petite opé de communication, qui ne fait pas oublier un parachutage passé, celui de Dominique Perben, dans lequel la droite s’était vautrée pour aboutir à un échec mémorable.

14h20, devant le club de la presse. Une vingtaine d’élus bien vêtus, en vue de la photo, se retrouvent, tout sourire. Avant de monter pour la conférence de presse donnée par Stéphane Guilland, président du groupe d’opposition municipale Les Républicains et apparentés, l’heure est à la causerie. Étienne Blanc, qui n’a pas encore officialisé sa candidature à la mairie de Lyon (en vue des élections de 2020), manque à l’appel.

Tour à tour, les élus se font filmer face caméra et délivrent un message de soutien à la candidature d’Étienne Blanc à la mairie de Lyon en 2020.

« Allez, c’est pour les réseaux sociaux ! », lance une des camerawomen à un élu qui semble rechigner quelque peu. « Tu donnes ton nom, ta fonction, et tu dis que tu soutiens », explicite-t-elle.

Mais trêve de bavardages formatés, il est temps de rejoindre Stéphane Guilland qui, lui, compte parler vrai aux journalistes, et annoncer de nouveaux éléments concrets concernant les élections municipales. Ou pas.

Etienne Blanc ou l’objet du désir

Pour l’occasion, Stéphane Guilland a lancé un appel à tous les élus de la région susceptibles de soutenir Étienne Blanc. Au final, une cinquantaine a signé (voir la capture d’écran ci-dessous) et 30 de ces signataires se sont déplacés pour la photo.

Placés en rang d’oignons derrière Stéphane Guilland et Alexandre Vincendet, président des Républicains du Rhône et de la Métropole, ils n’ont presque pas dit mot, préférant laisser la parole aux principaux instigateurs.

 

La liste des élus soutenant la candidature d'Étienne Blanc aux municipales de 2020.
La liste des élus soutenant la candidature d’Étienne Blanc aux municipales de 2020.

Que vont-ils annoncer aujourd’hui devant les journalistes ? Étienne Blanc a-t-il fini par dire un oui franc et net ? Va-t-il sortir de derrière une porte pour enfin officialiser sa candidature ? Rien de tout ça :

« Comme je l’ai déjà dit dans la presse la semaine dernière, je demande à Étienne Blanc d’officialiser sa candidature à la mairie de Lyon. Il est le meilleur compromis, le seul qui puisse rassembler tous les Lyonnais et la région. Aujourd’hui, toute la France a les yeux tournés vers nous. »

Hormis une liste de soutiens, pas grand chose d’autre. Que fait le principal intéressé ? Dans une interview donnée au Journal du Dimanche, il raconte qu’il prendra sa décision « dans les huit jours qui viennent ». Plus que sept, si on compte bien.

Au premier plan, Stéphane Guilland, président du groupe d'opposition municipale Les Républicains et apparentés, et Alexandre Vincendet, maire de Rillieux-la-Pape et président de la Fédération des Républicains du Rhône et de la métropole. © Aurélien Defer
Au premier plan, Stéphane Guilland, président du groupe d’opposition municipale Les Républicains et apparentés, et Alexandre Vincendet, maire de Rillieux-la-Pape et patron de la Fédération de « Les Républicains du Rhône et de la Métropole ». © Aurélien Defer / Rue89Lyon

Le retour à Lyon de Gérard Collomb, « une fenêtre de tir pour la droite »

Stéphane Guilland fait mine que le candidat rêvé par la troupe n’a pas participé à l’élaboration de la stratégie de com’.

« Je discute régulièrement avec Étienne Blanc, je l’avais informé de ma démarche », lâche-t-il, comme s’il était seul à la manoeuvre.

Cela ressemble à une opération séduction montée de toute pièce, pour faire monter le désir et/ou tester l’hypothèse de candidature d’Etienne Blanc qui ne manque pas d’être relayée dans la presse.

Si Stéphane Guilland veut anticiper et « faire partir le train », c’est que le retour surprise de Gérard Collomb à Lyon rebat les cartes. Pris au dépourvu et sans leader, les élus de droite se seraient mis d’accord sur un candidat qui puisse battre l’ancien ministre de l’Intérieur sur son territoire.

« Le retour de Collomb se fait pour le moins dans la douleur. Il revient de Paris une main devant, une main derrière parce que, en un an, il a cassé son jouet. Il faut que nous profitions de cette fenêtre de tir », lance Stéphane Guilland.

Étienne Blanc et l’ombre de Dominique Perben

Mais alors pourquoi avoir choisi Étienne Blanc, maire LR de Divonne-les-Bains, une commune de l’Ain à 167 km de Lyon ? Bien qu’il soit numéro 2 à la région Auvergne-Rhône-Alpes, est-il en mesure de séduire les Lyonnais face à un Collomb que les électeurs connaissent depuis des années ?

Stéphane Guilland défend, avec une honnêteté déconcertante :

« On me dit : ‘Etienne Blanc manque de notoriété’. Est-ce que j’en ai plus ? Non. Est-ce que d’autres en ont plus ? Non plus. La notoriété viendra quand le train sera parti. D’ailleurs, Blanc est un élu régional qui s’intéresse à des dossiers régionaux qui concernent Lyon, le périphérique par exemple. Il faut arrêter d’opposer Lyon à la Métropole et à la Région. »

Au-dessus de cette candidature rôde un fantôme, un mauvais souvenir pour la droite, celui de la déculottée de Dominique Perben, candidat à la mairie de Lyon en 2008. Ex-ministre des Transports, il avait essuyé une cuisante défaite et sa liste n’avait au final conservé que deux arrondissements. A l’époque, on pouvait voir en lui un candidat « parachuté » de la capitale.

« Monsieur Perben vient de découvrir, au travers de questionnaires diffusés auprès des Lyonnais, que ces derniers le considèrent comme un parachuté et que sa fonction de ministre l’éloigne plus qu’elle ne le rapproche des Lyonnais », écrivait Le Monde en 2006.

Y a-t-il un risque que les Lyonnais ne perçoivent pas Étienne Blanc comme légitime car non-Lyonnais ? C’est Stéphane Guilland qui aborde en premier le « cas Perben » :

« Je considère que Dominique Perben n’a pas perdu parce qu’il était parachuté, mais parce que nous avions été mauvais. »

C’est dit. Pour l’heure, Stéphane Guilland et son équipe pensent « à un programme » qu’ils soumettront à Étienne Blanc. Reste à voir si ce dernier les inspirera suffisamment pour qu’ils deviennent, cette fois, bons dans la campagne.


#Dominique Perben

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