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[Tribune] Accueil des réfugiés : faut-il en faire plus que « notre juste part » ?

Benjamin Boudou est chercheur à l’institut Max Planck et rédacteur en chef de Raisons politiques. Il pointe la difficulté d’analyse de l’hospitalité selon qu’elle est considérée du point de vue du droit ou de la vertu.

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Benjamin Boudou, chercheur au centre Max Planck et invité du festival La chose publique. Photo DR


Il est l’un des invité-e-s de « La Chose Publique », un festival des idées organisé par La Villa Gillet et Res Publica, qui se décline en une série de rencontres et de débats du 16 au 25 novembre 2017.

Il est l’auteur de « Politique de l’hospitalité. Une généalogie conceptuelle » (CNRS éditions, 2017). Rue89Lyon est partenaire de l’événement et nous publions les contributions des auteurs que vous pourrez rencontrer en novembre.

Benjamin Boudou, chercheur au centre Max Planck et invité du festival La chose publique. Photo DR
Benjamin Boudou, chercheur au centre Max Planck et invité du festival La chose publique. Photo DR

L’hospitalité, considérée d’un point de vue politique, signifie la réduction de la domination causée par le franchissement des frontières, domination entendue comme mise en danger des intérêts fondamentaux.

Le problème général de l’hospitalité s’inscrit dans celui du type d’obligation qui nous incombe : envers qui avons-nous des obligations ? Et ces obligations relèvent-elles de la justice ou de la bienfaisance ? La difficulté est double.

Théoriquement, l’hospitalité associe deux grammaires généralement distinctes, celle du droit et de la vertu, de la politique et de l’éthique.

Politiquement, la conséquence de cette ambiguïté est que le concept peut être mobilisé par des idéologies opposées : tantôt du côté d’une exigence humanitaire (l’hospitalité est un devoir envers ceux qui en ont besoin et qui s’impose malgré les circonstances), tantôt du côté d’un nationalisme dur (l’hospitalité est un privilège accordé avec parcimonie à des invités méritants).

L’hospitalité comme résistance au droit

Deux stratégies sont possibles : ou bien s’en tenir au droit, en faisant de l’hospitalité une métaphore du respect inconditionnel du droit des réfugiés, sans pour autant prendre plus que « notre juste part ». Ou bien faire de l’hospitalité une vertu politique, à la limite entre le bien et le juste : l’hospitalité n’est alors pas un devoir parfait, que chacun pourrait exiger inconditionnellement en droit, mais elle constitue cependant une obligation.

Elle pose une résistance à ce que nous pourrions nous contenter de faire en suivant les stricts devoirs juridiques. Elle correspond à cette exigence quotidienne de faire plus que le droit (désobéissance civile, comme dans lors du procès de Cédric Herrou), et aux États d’être à la hauteur de leurs engagements internationaux.

« Migrations et frontières : le devoir d’hospitalité », table-ronde avec Benjamin Boudou, Fabienne Brugère, Guillaume Leblanc, Martin Deleixhe, jeudi 23 novembre à 19h30 au Musée des Confluences (86 Quai Perrache, Lyon 2e)

Titre et intertitre sont de Rue89Lyon


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