
Par transparence, par dédoublement, par mutations successives, les personnages de Fred Deux ouvrent à notre regard tous leurs mystères d’entrailles et de bizarreries corporelles, de relations organiques et sexuelles, de confusion des temporalités…
L’artiste les dévoile autant qu’ils les recouvrent par l’extrême de leur étrangeté.
L’exposition consacrée à l’URDLA à Fred Deux (1924-2015) et à son épouse Cécile Reims (née en 1927) nous fait littéralement basculer dans un univers inédit. Lui dessine, elle « interprète » ses dessins en les transposant en gravures.
Tous deux ont aussi écrit beaucoup de textes à teneur autobiographique, dont L’Épure publiée par Cécile Reims en 1962 et La Gana publiée en 1958 par Fred Deux sous le pseudonyme Jean Douassot.
« Jean Douassot a découvert une planète que nous pensions connaître : le monde du sexe et de l’organique, ou le monde réduit à ses soubassements sexuels et organiques, alors que nous en ignorions la minutieuse topographie.
Pour dresser celle-ci il fallait sans doute un géographe, il fallait surtout un poète pour conduire le géographe. L’auteur s’est laissé mener par l’enfant qu’il a sans doute été et c’est pourquoi La Gana baigne tout entière dans cette poésie cruelle et violente qui est celle de l’enfance aux prises avec des mystères trop grands pour elle » écrivait l’éditeur Maurice Nadeau dans sa préface.
Une citation qui donne aussi les grandes lignes du monde plastique du dessinateur Fred Deux.

La Gana, oeuvre de Fred Deux de 1968. ©Jean Bernard
C'est surtout l'occasion de découvrir le lieu (l'URDLA) qui est à la fois un lieu de création et un musée. Chouette endroit. Les œuvres, les machines, les techniciens et les artistes, pas de barrière. Accueilli.
Après, l'expo en cours m'a l'air aussi transgressive que le fameux "L'art d'aimer" d'Ovide. Je doute que ça émoustille les moins de (20)16 ans.