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Les webradios ou l’esprit des années 1980 émis depuis Lyon

C’est un vent de fraîcheur soufflé par une poignée d’agité-e-s retrouvant l’esprit des radios libres du début des années 1980.

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Charles Ele, l'un des programmateurs de la webradio Radioshic. ©DR

Éclectiques et militantes, artisanales et indépendantes, les webradios fédèrent les énergies tout en éclatant les formats.

Ce n’est pas une histoire d’âge. Ni de style. Mais d’énergies, explique Lucas Bouissou, le fondateur de la webradio LYL :

« Notre animateur le plus jeune a 19 ans, le plus vieux 74 ans : il s’agit de Michel Caillat, à Genève. C’est une bible du jazz, qui anime l’émission Des musiques créoles. Nous avons des professeurs du conservatoire, des DJs, des patrons de labels, des disquaires, des chercheurs en musicologie… »

De fait, sa radio balaye un large spectre de styles : de l’electro-acoustique à la musique baroque médiévale, en passant par le funk, la soul, le jazz et la new wave, le disco, la techno… On peut y entendre un professeur de musique classique qui étudie Jimi Hendrix, un collectif féminin qui programme exclusivement des musiques produites par des femmes (Polyphones), ou encore l’émission Chose contraire qui mêle littérature et musique.

Créée durant l’été 2015 par Lucas, LYL possède un studio fixe qui n’a rien à envier aux FM, installé depuis début février 2016 dans une impasse près des quais de Saône. Avant, LYL officiait en nomade, s’installant le temps d’un week-end chez les disquaires Groovedge ou Chez Émile. Ce qui caractérise cette radio ? Le live : ici, pas de cuisine d’assemblage, que du fait main dans la minute.

« Garder la radio en dehors de tout circuit économique »

L’idée initiale était de rassembler une communauté de potes naviguant dans la musique. Trop différents pour se regrouper sous la forme d’un label, ne se retrouvant dans aucun média : Lucas a décidé de les réunir en en créant un à leur image, de média, reflet de ce qui ce passe musicalement à Lyon. Pari tenu.

Les modèles : Rinse, créée à Londres en 1994 et lancée en France en 2014, ou NTS, « phare des webradios » selon Lucas, créée aussi à Londres en 2011 par Clair Urbahn et Femi Adeyemi (l’un des fondateurs de Boiler Room), qui émettent 24 heures sur 24, sans publicité.

C’est l’objectif de LYL, qui diffuse déjà en live de 14h à 22h du mardi au samedi et programme les archives le reste du temps. Mais l’ouverture d’un studio sur un autre continent est en projet, afin d’animer la nuit aussi. Un studio à Paris a récemment ouvert, qui produit 30% du contenu ; le reste est toujours made in Lyon, mais ce dédoublement permet d’élargir le cercle des animateurs pertinents.

Liberté et indépendance totale

La radio ne réalise pas de bénéfices mais Lucas l’affirme : « nous tenons à garder la radio en dehors de tout circuit économique. »  Même démarche pour Radioshic, dont les curateurs (Charles Cox, Écoute prolongée, Irina, Mat Gallet, Peggy et Ubertrigger) ne sont là que pour le plaisir de découvrir et faire découvrir.

Charles Ele, l'un des programmateurs de la webradio Radioshic. ©DR
Charles Ele, l’un des programmateurs de la webradio Radioshic. ©DR

Cette webradio débute circa 2004-2005, à la grande époque des audioblogs : c’est l’une des premières du pays. Puis surfe sur la vague des podcasts en 2006-2007 avant de lancer le projet Caravane chic : des fêtes sauvages et nomades. Depuis six mois, Radioshic est devenue une vraie webradio. Charles Ele, l’un de ses programmateurs, développe les ambitions de la radio :

« Proposer des émissions itinérantes en live, dans des bars, des assos, des friches artistiques ; on pense à la Taverne Gutenberg ou aux nouveaux hôtels-auberges ouverts récemment… Tout ce qu’il nous faut, c’est une bonne connexion Internet. »

C’est bien là la force incroyable des webradios : la liberté et l’indépendance totale. Couplée à l’absence de frontières spécifique au Web, vous obtenez les ingrédients d’un cocktail potentiellement explosif, à l’affût de l’underground local comme international.

Par Lisa Dumoulin, sur petit-bulletin.fr


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