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Biennale de la danse à Lyon, ou les forces contradictoires

La Biennale de la Danse débute sous de bons auspices : ceux de chorégraphes, comme Galvan, brisant toutes les règles pour toucher à ces forces contradictoires qui nous déchirent intérieurement.

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Biennale de la danse à Lyon, ou les forces contradictoires

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Partons d’une idée simple : pour créer, l’artiste (plasticien, chorégraphe, écrivain…), affronte souvent un chaos de forces contradictoires, un point limite où les images se déchirent, où les corps se disloquent, où les mots s’effritent dans le non sens… Ou, pour le dire avec Georges Bataille, « l’art est moins l’harmonie que le passage (ou le retour) de l’harmonie à la dissonance. »

Dans le titre même du dernier spectacle de l’Espagnol Israel Galvan, on perçoit cette dissonance ou cette dislocation : FLA.CO.MEN. Le flamenco (dont il fut un danseur traditionnel surdoué) s’éparpille, se disloque et Galvan, en compagnie de quelques musiciens sur scène, ne cesse d’affronter un certain chaos de sons ou de mouvements, de chercher des points de rupture : avec les codes du flamenco, avec les codes du spectacle vivant, avec l’idée même d’identité d’un soi unifié.

Tournis

« Galvan, écrit Georges Didi-Huberman, est un danseur tragique parce qu’il ne pense qu’à « renoncer à soi-même », parce qu’il est « disloqué » comme individu ; tragique parce que métamorphosé de sa « pénétration dans une nature étrangère », et qu’alors « les frontières de l’individuation volent en éclats ». »

Tragique et, dans le même temps, comique se moquant de lui-même. Malgré quelques longueurs, Galvan a répondu avec puissance et émotion à la fameuse formule du philosophe Michel Foucault : « donner la force de rompre les règles dans l’acte qui les fait jouer. »

Avec le Ballet de l’Opéra, Alessandro Sciarroni s’est lui-aussi donné des règles formelles pour mieux les rompre dans sa création Turning. Chez lui, nulle dissonance ou dislocation, mais plutôt un long mouvement hypnotique aux allures minimalistes, une longue dérive insidieuse.

Pendant trente-cinq minutes, ses onze interprètes n’ont cessé de tourner sur eux-mêmes avec d’infimes variations.

« Bien sûr, déclare le chorégraphe dans le programme, on peut considérer que ces danseurs qui tournent durant quarante minutes sans trouver l’issue sont une parabole des impasses du monde dans lequel nous vivons. Mais d’autres, dans le public, pourront y voir soudain une résonance avec un événement personnel, intime, que je n’aurai évidemment pas anticipée. C’est pour moi la chose la plus importante. »

Pour nous aussi.

Par JED sur petit-bulletin.fr.

Biennale de la Danse
Jusqu’au 30 septembre


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