
La première promition derrière le président de la CinéFabrique, le réalisateur Abderrahmane Sissoko. © Margot Hemmerich/Rue89Lyon
Il y en avait à Paris mais nulle part ailleurs en France. A Lyon, une nouvelle école publique du septième art vient ainsi d’ouvrir ses portes pour concurrencer les écoles parisiennes. Ils sont trente dans la première promotion, répartis entre cinq spécialités : l’image, le son, le montage, le scénario et la production.
A l’inauguration, l’actuel président PS de région Jean-Jack Queyranne, actuellement en campagne, s’est félicité de l’ouverture de la CinéFabrique pour laquelle il a mis la main à la poche. Le budget annuel de l’école qui s’élève à 2,1 millions d’euros, est financé pour un tiers par la région :
« Dans le contexte budgétaire actuel, l’ouverture de cette école de la diversité n’était pas évidente mais elle était nécessaire. Le cinéma est un regard porté sur les réalités multiples de notre pays ».
« Diversité », le mot est sur toutes les lèvres. Celles du président d’honneur Abderrahmane Sissako, réalisateur du film Timbuktu, des élèves de la première promotion, mais surtout du directeur de l’école Claude Mourieras.
« L’idée de la CinéFabrique est d’ouvrir le cinéma à d’autres publics», répète-t-il au micro.
En effet depuis son origine, le projet met en avant un objectif central de diversité et de mixité sociale. Des mots qui résonnent immédiatement avec « banlieues », « minorités », ou encore « discrimination positive », surtout dans l’enseignement supérieur. Pourtant le directeur comme les élèves rejettent en bloc l’idée de la diversité telle que pratiquée notamment par d’autres grandes écoles publiques comme la prestigieuse Sciences-Po Paris.
« Il ne s’agit pas d’être pris parce qu’on vient de tel endroit ou milieu social », affirme Simon, en jeans et sweat-shirt.
Pour Claude Mourieras, la sélection des 30 étudiants s’est surtout faite sur « le désir de cinéma » des postulants, « pour ne désavantager personne ».
« Même des candidats ayant échoué au baccalauréat ont le droit d’intégrer l’école », souligne-t-il.
Ils ont en effet entre 17 ans, pour le plus jeune, et 24 ans ; ils viennent de toute la France. Si on ne peut rien enlever à l’hétérogénéité des parcours, il faut toutefois souligner que dans les faits, tous ont leur bac en poche, et la plupart n’en sont pas à leur première année d’études. Coline est licenciée de Sciences-Po Lyon, Simon sort d’une année de prépa Maths sup’, et Isabelle d’un BTS de design graphique, après un bac scientifique.
« Je crois qu’il y a quelqu’un qui a fait un BEP canin », sourit la jeune fille de 21 ans.
C’est vrai, mais tout de même suivi d’une licence d’anglais avec une mineure en cinéma à l’Université.
A regarder de près, l’école mise donc sur la diversité. Celle des parcours, des lieux, des personnalités, peut-être davantage que sur la mixité socio-économique.
« On vient de toute la France, de Paris comme de Strasbourg, de Bordeaux ou d’une petite ville de Haute-Savoie, comme moi. C’est surtout une diversité géographique et de personnalités », ajoute l’étudiante.
Pour passer le concours, les candidats doivent débourser 80 euros chacun.
« A la Fémis ou l’ENS Louis Lumière – deux autres écoles publiques de cinéma parisiennes – c’est 90 euros. Mais 80 euros, cela peut encore être un frein car beaucoup n’ont pas les moyens de payer une telle somme uniquement pour le concours d’entrée ».
D’autres intiatives de discrimination positive
La CinéFabrique n’est pas la première grande école à miser sur « l’ouverture à la diversité ». En France, plusieurs s’y sont déjà frottés depuis des années. L’expérience de « discrimination positive » la plus connue est bien sûr celle instaurée à Sciences Po depuis le début des années 2000. La grande école a mis en place une procédure d’admission spéciale avec un concours différent pour les lycéens issus de ZEP. Cependant entre 2006 et 2010 les étudiants issus de ce dispositif ne représentaient que 6%.
Sciences-Po a été suivi de près par l’école de commerce l’ESSEC qui a lancé en 2002 un programme d’accompagnement, appelé « Une grande école, pourquoi pas moi? » et qui propose à des lycéens des régions parisiennes de suivre des tutorats avec des étudiants de l’école.
Et même l’ENA s’est mise à la mode « diversité », en ouvrant une une classe préparatoire intégrée (CP’ENA) afin de préparer des étudiants ou des demandeurs d’emploi issus de milieux sociaux modestes au concours externe de l’ENA.
A la CinéFabrique, le directeur Claude Mourieras souhaite également agir en amont. L’école projette d’organiser des ateliers de pratique amateure pour des jeunes de 15 à 25 ans de la région Rhône-Alpes. L’idée, faire connaître la structure auprès de jeunes de quartiers et leur rendre accessible le milieu du cinéma.
Pourtant, les critiques restent vives quant à ces dispositifs. On reproche souvent à ces écoles de jouer sur une image, sans pour autant changer intrinsèquement leur fonctionnement et leur mode de sélection.
Dans le cinéma et dans les arts, les critiques sont nombreuses relatives à une forme de népotisme, à la facilité pour les « fils et filles de » à squatter les places. Le défi d’une telle structure est de modifier (dans les métiers techniques aussi) les habitudes, faire changer les visages et ouvrir le réseau.
« On ne nous demande pas d’adorer Godard et de vénérer Truffaut »

En première année, les élèves choisissent une spécialité : image, son, montage, scénario ou production. © Margot Hemmerich/Rue89Lyon
Alors, la CinéFabrique est-elle si différente des autres ? Les étudiants assurent qu’hormis le coût du concours d’entrée, le fonctionnement est à l’opposé des autres écoles du septième art. Moins compétitive, moins élitiste. Face aux grandes écoles déjà existantes, l’idée du « Paris contre province » se fait sentir.
« Il était très important que cette école naisse, particulièrement à Lyon », a asséné Abderrahmane Sissako.
Beaucoup d’espoirs sont portés sur ce qu’on appelle la ville Lumière (qui voit en ce moment son festival de cinéma Lumière battre son plein), qui doit désormais concurrencer Paris, son centralisme et ses deux écoles nationales de cinéma jugées trop élitistes. Isabelle avait justement passé les concours d’entrée à la Fémis et à Louis Lumière. Elle se dit heureuse d’avoir été recalée.
« Ici on ne nous demande pas d’adorer Godard et de vénérer Truffaut. On n’est pas mis dans des cases ».
Coline également croit avoir eu sa chance grâce à mode de recrutement moins sectaire, qui n’évalue pas les seules connaissances cinématographiques ou le niveau de technicité. Au concours, les candidats doivent par exemple présenter des portfolios, ou des court-métrages amateurs.
«Pour avoir passé le concours de Sciences-Po, je n’avais plus envie d’être dans la compétition. Ici, on a été jugés sur notre créativité et notre capacité à travailler en groupe.
Par ailleurs, la formation propose de réaliser la troisième et dernière année en alternance, grande nouveauté pour une école de cinéma.
Des étudiants qui participent à la gouvernance de l’école
Installée provisoirement à la SEPR, dans les locaux du centre de formation professionnelle de Lyon, la première promotion de la CinéFabrique va jouer un rôle test. Les 30 étudiants doivent en effet participer, en plus de leurs cours, à des réunions régulières avec les membres de l’administration et de la direction, pour décider de l’évolution de l’école et discuter ensemble des cours, des horaires, des intervenants.
« On nous fait réellement participer à la gouvernance de l’école. On nous répète : vous coûtez beaucoup plus cher que des étudiants à la fac, vous êtes aussi responsables que nous de cette école ».
Car beaucoup de moyens sont déployés, entre l’achat d’un matériel dernier cri et la venue d’intervenants spécialisés. Les étudiants ont par exemple reçu la venue de Tania de Montaigne, journaliste et écrivaine, pour un séminaire sur l’écriture du faits divers. D’autres professionels du milieu artistique et littéraire sont attendus par la suite.
Au total, le coût d’un étudiant dans l’école s’élève ainsi à près de 20 000 euros par an. Le financement de la CinéFabrique est divisé entre le CNC – Centre National du Cinéma, les collectivités et la taxe apprentissage. Les apprentis cinéastes, eux, paient autant que pour une année à l’Université.
Actuellement, les trente pionniers participent à élaborer l’architecture du bâtiment qui ouvrira ses portes dans deux ans dans le 9ème arrondissement, pour être la vraie « CinéFabrique ».
J'ai le regret de vous signaler au moins une erreur : le concours d'entrée à l'ENS louis-Lumière coûte 90 euros et non 130.
Pour ce qui est des autres informations de votre article elles sont parfois tendancieuse : le concours de l'ENS louis-Lumière offre la possibilité de montrer ses travaux au jury d'admission et, en ce qui concerne la diversité l'ENS Louis-Lumière a une classe "égalité des chances" qui favorise et soutient (réellement) la diversité. Quant à l'alternance, dans les métiers du cinéma, cela reste à voir...
Cordialement
FL
Erreur rectifiée. Margot Hemmerich
Il faut ensuite des producteurs certifiés dans la région.
Merci pour cet article qui résume la cérémonie.
J'ai fait beaucoup de photos qui fixent ce beau moment de l'inauguration.
Début 2016, je pense réaliser un documentaire sur Cinefabrique.
Dorothée Oké
Strategic Communications Consultant & Press Officer & founder Press-Relations
Voici un autre article sur la CinéFabrique: 1ère école supérieure de cinéma et de multimédias en Rhône-Alpes.
bit.ly/1P89FzU
Bonne lecture
Dorothée Oké
www.pressrelations.fr
L’équipe de notre Festival a le plaisir de porter à votre connaissance la préparation de la 11è édition qui aura lieu les 25, 26, et 27 novembre 2016 en partenariat avec le mois de l’image à ANGLET.
Notre Festival trouve son origine dans l’action associative ; son but est de permettre de faire découvrir de nouveaux talents, amateurs, étudiants ou professionnels et autres amoureux de la caméra à un large public. Cette année un nouveau format de cours-métrages sera en compétition les FILMS MINUTE.
Notre Festival collabore étroitement avec le Festival Certamen de Joven d’IRUN Espagne. Le court-métrage primé lors de notre Festival par le Prix de la ville d’Anglet est présenté en ouverture du Festival Espagnol dans le cadre du jumelage de nos deux villes, ce qui donne à ce film et à son réalisateur une audience internationale. De nombreuses écoles de cinéma ou multimédia nous ont répondu depuis plusieurs années favorablement. Nous serions très honorés de la participation de votre école en nous proposant une sélection des réalisations de vos étudiants de fin de cycle(2015,2016).
Comme l’an dernier nous présenterons les écoles participantes à notre jeune public en recherche d’informations.
Nous offrons actuellement 6 Prix.
a) Prix Genêt d’Or (meilleur film)
b) Prix du film Documentaire
c) Prix du film Fiction
d) Prix du film Animation
e) Prix de la ville d’ANGLET
f) Prix du public
Merci de nous faire parvenir le DVD de votre sélection à l’adresse si dessous. Le Jury est renouvelé chaque année. Il est composé de professionnels de la radio, Télévision, du théâtre et du cinéma.
Souhaitant un accueil favorable de votre part. Je vous présente mes respectueuses salutations.
Le Président du Festival
Alain RIGOU
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