Infos, enquêtes à Lyon et dans la région
Infos, enquêtes à Lyon et dans la région
Au nom du fils, la pédophilie dans l’église ou la pulsion hardcore
Cultures 

Au nom du fils, la pédophilie dans l’église ou la pulsion hardcore

par Le Petit Bulletin.
Publié le 9 mai 2014.
Imprimé le 06 juin 2023 à 12:01
4 359 visites. 1 commentaire.
Jeu de massacre belge à l’anti-cléricalisme explosif, où les cathos tradis en prennent plein la gueule -au propre comme au figuré- ce nouveau film du trublion Vincent Lannoo compense ses défauts par un esprit anar dont même Jean-Pierre Mocky a perdu la formule.

Au nom du fils, film de Vincent Lannoo, sortie le 7 mai 2014.

Au nom du fils, film de Vincent Lannoo, sortie le 7 mai 2014.

Il n’y a pas si longtemps, on n’avait pas peur en France de se moquer des curés et des bigots ; cela faisait toujours un peu tousser dans les églises — Jean-Pierre Mocky, plongeant Serrault et Poiret dans le bénitier géant de Lourdes avec Le Miraculé, s’en souvient bien — mais ces raclements de gorge signaient surtout le déclin irrémédiable du catholicisme à l’orée du XXIesiècle.

Et puis, un jour, fini de rire : la religion est redevenue un sujet respectable et même, horreur, fédérateur ! Du coup, on serait tenté de demander l’asile politique à la Belgique où, manifestement, on a encore le droit d’appeler un chat un chat, et un maboul intégriste un maboul intégriste. Ce que ne se prive pas de faire Vincent Lannoo, cinéaste prolixe, inégal mais toujours surprenant, avec Au nom du fils.

 

Ben Laden et le fusil enrayé

Le film démarre par une sage imitation des émissions de libre antenne sur les radios cathos, avec une gentille animatrice, mère au foyer croyante (la formidable Astrid Whettnall, par ailleurs co-scénariste), et un prêtre confit dans ses sermons lénifiants.

Les choses se corsent quand on découvre le contre-champ de ces discours sirupeux et niais : le mari de l’animatrice a embringué leur fils dans une activité extra-scolaire d’un genre particulier, puisqu’il s’agit d’aller tirer en pleine nature et à balles réelles au nom du Christ sur des répliques de talibans façon Ben Laden.

L’idiotie n’ayant de limite que soi-même, le paternel finira par se faire exploser tout seul la cervelle en voulant réparer son fusil enrayé.

 

Pas de pitié, pas de quartier

Image tirée du film Au nom du fils, de Vincent Lannoo.

Image tirée du film Au nom du fils, de Vincent Lannoo.

Avec ce premier éclat gore, Lannoo fixe un horizon à son film : l’escalade dans la violence motivée par les nombreuses exactions commises au nom du Dieu chrétien — l’amour pour son prochain qui vire à la pédophilie, le silence de la confession qui se mue en omerta de la hiérarchie — conduisant la famille soudée autour de valeurs dévoyées à voler en éclats. Et la mère de passer de grenouille de bénitier à bras armé de la vengeance.

Décoiffant, le film est aussi passablement débraillé, seulement guidé par une pulsion anarchiste et hardcore qui jette au feu la rigueur scénaristique et la remplace par un mauvais esprit salvateur.

La scène finale, moment d’apaisement et de retour à la réalité, pose toutefois une lueur d’espoir et de raison au milieu du chaos obscurantiste : au lieu de chercher ce qu’il y a au-delà du ciel, il n’y a qu’à en contempler humblement la splendeur terrifiante.

Par Christophe Chabert sur petit-bulletin.fr.

 

Au Nom du fils. De Vincent Lannoo (Belg, 1h25) avec Astrid Whettnall, Philippe Nahon… Sortie le 7 mai.

 

 

http://www.petit-bulletin.fr/lyon/cinema-article-48379-Au+nom+du+fils.html

À Rue89Lyon, on assume un journalisme engagé. Notre rôle, en tant que journaliste, c’est d’alerter, de demander des comptes, parfois d’égratigner celles et ceux qui nous gouvernent, souvent de donner la parole aux personnes à qui elle est confisquée.

Pour que ce journalisme continue de vivre à Lyon, dans sa banlieue, mais aussi dans la proche ruralité : parlez de nous autour de vous, offrez un abonnement à vos proches, ou faites un don à Rue89Lyon.

Article actualisé le 13/11/2022 à 15h52
L'AUTEUR
Le Petit Bulletin
Le Petit Bulletin
L’hebdo gratuit des spectacles à Lyon

En BREF

Violences sexistes et sexuelles dans le sport : Lyon conditionne les subventions des clubs

par Rue89Lyon. Aucun commentaire pour l'instant.

Beaujolais : le #MeToo du vin condamné en justice

par Pierre Lemerle. 1 143 visites. Aucun commentaire pour l'instant.

À Lyon, une nouvelle manifestation contre la réforme des retraites le 6 juin

par Emma Venancie. 2 127 visites. Aucun commentaire pour l'instant.
×