

La carte de Jacques Levy (Chôros, via Slate.fr)
En visite en Corrèze ce samedi, son département d’adoption, François Hollande est revenu sur son idée de réformer la carte des territoires. Il s’est dit hostile à la suppression pure et simple des départements. Il considère qu’il faut renforcer les compétences des régions et envisage une réduction de leur nombre. « Rien ne doit être figé », a-t-il déclaré : le redécoupage des années 60 doit être repensé. A priori, c’est une réforme limitée qui se dessine cependant.
Quel serait le redécoupage idéal ? Jacques Lévy, géographe, est professeur à l’Ecole polytechnique de Lausanne, directeur du Laboratoire Chôros et auteur du livre « Réinventer la France » (Ed. Fayard, 2013). Dans un entretien à Slate.fr, il explique pourquoi le découpage actuel des régions ne va pas :
« Au-delà des économies liées à des fusions d’institutions, c’est vrai que ces régions ne sont pas cohérentes par rapport à leurs missions. »
Il propose une nouvelle carte, dans laquelle les régions coïncideraient avec leur « espace biographique ». C’est l’idée que chaque région puisse offrir des opportunités « à l’échelle de la vie d’un individu, pour qu’il puisse développer sa vie individuelle sans avoir besoin de la quitter ».
A lire sur Rue89.
La fusion des communes dans de nouvelles intercommunalité et la région suffisent amplement. On a donc plus besoin du département en tant que collectivité locale. A maintenir toutefois en tant que district administratif de l’état avec un Préfet comme avant 1800. Par exemple, en 2011, le budget de fonctionnement des 100 Départements Français a coûté (hors gestion active de la dette 55, 935 milliards d’euros (Source Département des études et des statistiques locales de la Direction générale des collectivités locales) dont 11, 451 milliards d’euros en charge de personnel.
Une répartition des activités entre la Région et les nouvelles communes conduirait à une économie substantielle de plusieurs milliards d’euros par an. Toutefois, pour supprimer les département il faut une modification de la constitution, sauf si l'on crée une autre collectivité territoriale " le cas échéant en lieu et place d’une ou de plusieurs collectivités mentionnées à l'alinéa de l'article 72 de la constitution", c'est le cas particulier d'un pôle Métropolitain qui peut se substituer en tout ou partie d'un Département. Formule utilisée pour les Départements de Paris et de sa couronne, ainsi qu'à Lyon pour le Rhône. Ce qui ne ''décomplexifie'' rien dans les faits...
Pour ce qui est des régions, François HOLLANDE a appelé à "raisonner’’ de manière pragmatique. « Ce n'est pas seulement un problème de taille ou de population, c'est une question de cohérence... Les régions qui se regrouperont bénéficieront d' bonus des dotations » Ainsi, au nom de la simplification et de la réduction de la dépense publique, en encourageant financièrement les Régions à se regrouper, il justifie de fait le maintien du Département en tant qu’échelon territorial intermédiaire, dès lors nécessaire… Il est vrai que l’ambition de certain(e)s baron(e)s locaux s’ajoutant aux impératifs d’intérêts politiques, encouragé par des dotations financières supplémentaires on va tout droit vers des Régions fusionnées, beaucoup plus vaste et d’inégales importances, où la solidarité entre elles fera place à une concurrence malsaine et dommageable pour les habitants de la région quantitativement moins importante.