Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Aidez-nous à réunir 100 nouveaux abonné·es avant le 29 mars 2024 !

Soutenez un journalisme de terrain qui se fait avec vous. Aidez-nous à réunir 100 nouveaux abonné⋅es avant le 29 mars 2024.

29/03/2024 date de fin
1 052 abonné⋅es sur 1 100

Kerouac était un homme

Plusieurs amis bien informés nous avaient conseillé de lire Zazen, le premier roman d’une certaine Vanessa Veselka. Un peu plus tard, on a entendu parler d’un texte qu’elle venait d’écrire et qui faisait grand bruit. On est allées le lire, ça nous a pris 45 minutes, et comme trois semaines après on y pensait encore, on …

,

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.


Plusieurs amis bien informés nous avaient conseillé de lire Zazen, le premier roman d’une certaine Vanessa Veselka. Un peu plus tard, on a entendu parler d’un texte qu’elle venait d’écrire et qui faisait grand bruit. On est allées le lire, ça nous a pris 45 minutes, et comme trois semaines après on y pensait encore, on s’est dit que c’était vraiment pour nous. On a fait une offre pour les droits français, elle a été acceptée et puisqu’on était à Paris ce jour-là, on s’est dit : et si pour fêter ça on allait prendre un verre avec notre ami Phil Aronson ? On l’a rejoint à La Fée Verte, son QG, il nous a parlé de ses trads en cours et nous on lui a parlé de Vanessa. Il nous a dit : mais attendez, je l’ai lu ce texte. Il est incroyable ! C’est exactement le genre de truc que j’ai envie de traduire. On a dit : tope-là, il a dit : jamais sans Emma, on a dit : tope-là.

Phil était vraiment emballé par le texte et comme nous aussi, on était tous pas mal inspirés. On s’est vite retrouvés à parler de la rébellion, de la liberté de faire des choix, et des héritages culturels qui nous conditionnent à toujours voir les femmes comme des victimes potentielles. Ça a dérivé, on en était à Bertrand Cantat, Pistorius et DSK quand les mecs de la table d’à côté ont rejoint le cercle. On leur a fait le pitch, ça a dérivé, et on s’est dit qu’on avait eu raison de penser que ce texte était bien plus que le simple récit d’un fait divers sensationnel.

Alors ce pitch, donc : à quinze ans, Vanessa Veselka est partie de chez elle avec un sac à dos et une guitare. Un jour, en stop, elle est montée avec le mauvais routier et a cru l’heure de sa mort arrivée. Elle en est sortie indemne, a repris la route, n’en a jamais parlé. Des années plus tard, devenue écrivain, elle entend parler d’un serial killer qui tuait des auto-stoppeuses dans les années 80. Les dates et les lieux coïncident : ce pourrait être lui. Armée des bribes de souvenirs qui lui restent, elle essaie de savoir. L’autoroute des disparues est le récit de son enquête. Elle y évoque aussi l’envie de partir, les semaines passées dans un état de vigilance permanent, et d’autres femmes qui ont eu moins de chance qu’elle.

À La Fée Verte, un de nos nouveaux amis n’avait pas encore décroché un mot. Quand le serveur est venu pour la deuxième tournée, il a vu une fenêtre de tir et a dit : c’est vrai que Kerouac, c’était un homme, en fait ! Ça nous a semblé plutôt bien vu.


L’autoroute des disparues, traduit de l’anglais par Emmanuelle et Philippe Aronson, Moyen-Courrier, 2013

 

 

Et si le prochain article que vous lisiez existait grâce à vous ?

Depuis 12 ans, à Rue89Lyon nous portons un journalisme de terrain qui se fait au plus proche de vous, de vos préoccupations et de votre vie. Aujourd’hui nous voulons faire plus. À l’heure de la défiance grandissante des citoyen·nes envers les médias, on veut vous impliquer dans la fabrique de l’information.

Nos enquêtes, ce sont vos histoires, vos combats et vos luttes. Mais aujourd’hui nous voulons vous donner encore plus de place dans la fabrique de l’info.

Engagez vous avec nous. Venez contribuer à faire le Rue89Lyon de demain.


#Moyen-Courrier

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Autres mots-clés :

#Moyen-Courrier#serial killer#Vanessa Veselka
Partager
Plus d'options