Phil était vraiment emballé par le texte et comme nous aussi, on était tous pas mal inspirés. On s’est vite retrouvés à parler de la rébellion, de la liberté de faire des choix, et des héritages culturels qui nous conditionnent à toujours voir les femmes comme des victimes potentielles. Ça a dérivé, on en était à Bertrand Cantat, Pistorius et DSK quand les mecs de la table d’à côté ont rejoint le cercle. On leur a fait le pitch, ça a dérivé, et on s’est dit qu’on avait eu raison de penser que ce texte était bien plus que le simple récit d’un fait divers sensationnel.
Alors ce pitch, donc : à quinze ans, Vanessa Veselka est partie de chez elle avec un sac à dos et une guitare. Un jour, en stop, elle est montée avec le mauvais routier et a cru l’heure de sa mort arrivée. Elle en est sortie indemne, a repris la route, n’en a jamais parlé. Des années plus tard, devenue écrivain, elle entend parler d’un serial killer qui tuait des auto-stoppeuses dans les années 80. Les dates et les lieux coïncident : ce pourrait être lui. Armée des bribes de souvenirs qui lui restent, elle essaie de savoir. L’autoroute des disparues est le récit de son enquête. Elle y évoque aussi l’envie de partir, les semaines passées dans un état de vigilance permanent, et d’autres femmes qui ont eu moins de chance qu’elle.
À La Fée Verte, un de nos nouveaux amis n’avait pas encore décroché un mot. Quand le serveur est venu pour la deuxième tournée, il a vu une fenêtre de tir et a dit : c’est vrai que Kerouac, c’était un homme, en fait ! Ça nous a semblé plutôt bien vu.
L’autoroute des disparues, traduit de l’anglais par Emmanuelle et Philippe Aronson, Moyen-Courrier, 2013