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Ouverture du Festival Lumière : Les professionnels

La 5e édition du Festival Lumière a ouvert ses portes ce lundi 14 octobre. Mécanique aujourd’hui bien huilée, le festival offrira, toute la semaine, sa myriade de stars et de rendez-vous.

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Retour sur une soirée avec Belmondo et Tarantino qui laisse présager le meilleur pour les amoureux de cinéma sur grand écran.

 


Tarantino lors de l’inauguration à la Halle. Copyright : Jean Luc Mège

Et c’est donc en amoureux que nous nous sommes rendus à l’inauguration de cette nouvelle mouture. En amateur intolérant, bien sûr, de ceux qui habituellement fréquentent les salles indépendantes de moins de 100 places, sans confiserie et qui ne supportent, ni le croquant du pop-corn, ni le moindre murmure pendant une projection. De quoi redouter une Halle Tony Garnier bondée, forte de ses 4500 spectateurs, encadrés de stands à gaufres…

Une fois installé sur un siège en bois bien peu confort rappelant à nos arrière-trains le souvenir lointain des amphithéâtres d’une université de seconde zone, maudissant le seigneur (ou les organisateurs) d’avoir cantonné les retardataires sur les places latérales (oui, à la perpendiculaire de l’écran), la grand messe du cinéma de patrimoine pouvait inconfortablement débuter.

La Halle Tony Garnier ©Mickael Draï

 

Un coup d’envoi donné par un parterre de stars qui débarquent en rafale. Dans le désordre le plus total et tous champs artistiques confondus : Claudia Cardinale, Clotilde Courau, François-Xavier Demaison, Laurent Gerra, Daniel Auteuil, Pierre Richard, Mélanie Thierry, Jean-Pierre Marielle, Jean Becker, Richard Berry, Patrick Timsit, Lambert Wilson, Pascal Elbé, James B. Harris, Plantu, Jean-Michel Jarre, Raphael, Irène Jacob, Claude Lelouch, Laïla Marrakchi, Jean Rochefort (très en retard)…

 

Mister Brown

Raisonne alors comme un air de Reservoir Dogs dans la Halle. Quentin Tarantino, le Prix Lumière de l’édition, fait son apparition, une semaine avant la remise de son trophée, sous les applaudissements d’un public unanimement debout pour saluer l’artiste qui ne voulait louper sous aucun prétexte la soirée réservée à l’invité spécial du festival.

Retentit finalement Chi Mai, d’Ennio Morricone, la bande son du Professionnel (1981), l’un des plus grands cartons du cinéma Français avec 5,2 millions d’entrées au box-office… et accessoirement, d’une pub pour croquettes.

 

Le suspens est insoutenable. On s’attend à voir apparaître Jean-Paul Belmondo en chair et en os. Ou un Berger Allemand, on ne sait plus très bien… C’est finalement Bebel qui sort de l’ombre, au bras du sénateur-maire Gérard Collomb, manifestement en campagne, qui ne lâchera Belmondo que le temps d’une photo avec Tarantino.


Photo issue du Twitter de Gérard Collomb

Pour lancer les festivités, comme chaque année, Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière, délégué général du festival de Cannes et maître de cérémonie, ouvre la séance, accompagné du réalisateur Bertrand Tavernier, président du sus nommé institut.

Frémaux nous promet « une semaine de voyage à travers l’histoire du cinéma », on ne peut qu’acquiescer devant le programme qu’il nous a, avec son équipe, concocté. S’ensuit une longue série de bandes annonces, de logos de partenaires (diffusés deux fois), de films Lumière… avant d’enfin honorer, comme il se doit, l’invité « spécial » de la manifestation.

 

Le Magnifique

Si on ne le voit plus sur les planches, ni devant une caméra (à l’exception de celle de Vivement Dimanche), Bebel est bien là pour honorer son titre, du haut de ses 80 printemps et de ses 58 films pour un peu plus de 130 millions d’entrées en salle. Jean-Paul Belmondo, une légende du cinéma made in France sans passeport Russe, ni déclaration pro FN, peut se targuer d’avoir réussi à faire le grand écart entre cinéma d’art et essai et divertissement plus populaire à une époque où l’acteur était plus bankable et mieux pourvu en cheveux qu’un Bruce Willis sur le retour. C’est l’enfant hybride du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, de la Nouvelle Vague et du film d’action des années 70 et 80.


Jean-Paul Belmondo, à la Halle Tony Garnier. Photo : Thomas Bernardi

Bertrand Tavernier lui rend un hommage sincère, empreint de nostalgie et d’anecdotes, alors que Tarantino, très en verve, prend enfin le micro pour dire tout le bien qu’il pense de l’acteur français, dont il compare la renommée à celle d’Humphrey Bogart. Pour lui, Belmondo n’est pas une star, ni un acteur, c’est un verbe. Un verbe qui exprime la coolitude la plus absolue.

Il enchaîne sur un « Hail to the King » plein d’entrain pour mettre la foule en liesse et faire pleurer les yeux des plus rudes. Belmondo n’y résiste pas et c’est ému et bien à bout de souffle qu’il remercie l’assistance.


 

Place enfin au cinéma. Un singe en hiver, d’Henri Verneuil ouvre donc l’édition, un film porté par le duo d’acteur Gabin / Belmondo et soutenu par le scénario de François Boyer et les dialogues truculents de Michel Audiard. Le film, réalisé en 1962, est diffusé dans une version restaurée en avant-première mondiale. Le festival sera aussi l’occasion de redécouvrir d’autres œuvres majeurs de Belmondo, qui n’a décidément pas fait le voyage pour rien, avec Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard, Le Doulos, de Jean-Pierre Melville, Itinéraire d’un enfant gâté, de Claude Lelouch et Les Tribulations d’un Chinois en Chine, de Phillipe de Broca.

La lumière s’éteint finalement sur la Halle Tony Garnier et ses 4500 spectateurs. Certains mieux assis que d’autres, mais tous heureux de voir débuter cette nouvelle édition d’un festival qui promet d’être, cette année encore, riche en rencontres et en émotion.

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