Rue89Lyon reclasse en donnant dans le « factchecking ».
Guignol sur les quais de Saône à Lyon © Lucaniste / FlickR
Reprenant un billet du rédacteur en chef adjoint au service économie du Figaro, Yann Le Galès, publié le matin du mercredi 7 août sur son blog, le sénateur-maire PS de Lyon, Gérard Collomb, s’emballe et tweete à trois reprises sur la « 9e place de Lyon dans le classement Ernst & Young des villes européennes les plus attractives ».
Merci pour vos tweets ! Ces données sont un motif de satisfaction pour mes équipes et moi-même & nous encouragent à poursuivre notre travail
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) August 7, 2013
Il diffuse même en fin de journée une infographie réalisée par son équipe :
[Infographie] #Lyon rejoint le TOP 10 des métropoles européennes les plus attractives pic.twitter.com/ysHCAKkoPA
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) August 7, 2013
Depuis, les médias lyonnais ont suivi leur maire et relayé l’information : « Lyon, 9e ville d’Europe pour les investissements étrangers » titre LyonMag ce jeudi matin, tandis que Lyon Capitale écrit de son côté « Investissements : Lyon 9e ville la plus attractive d’Europe ». L’élu PS et blogueur du 7e arrondissement Romain Blachier s’est même fendu d’une contribution sur LyonMag pour féliciter les Lyonnais.
Et pourtant, cette information est un raccourci un peu rapide, comme l’explique Sabrina Benyahia, responsable marketing et communication d’Ernst & Young en Rhône-Alpes :
« Le classement du baromètre de notre cabinet d’étude n’est pas celui des villes les plus attractives d’Europe, mais bien celui des régions les plus attractives. Ce n’est donc pas Lyon qui est 9e, mais la région tout entière, avec 70 projets d’investisseurs étrangers. »
Le tableau d’Ernst & Young prête toutefois à confusion, puisqu’il met en avant le nom de Lyon mis entre parenthèses à côté de Rhône-Alpes.
Capture d’écran du baromètre de Ernst & Young publié le 5 juin dernier
Selon cette responsable marketing, ce raccourci est parti d’un communiqué publié par l’Agence pour le développement économique de la région lyonnaise (ADERLY) le 26 juin dernier. Et voici la phrase qui aurait influencé les médias à le relayer :
« Le dernier baromètre Ernst & Young indique que Lyon se positionne en challenger de la capitale française et qu’elle atteint le 9ème rang des villes européennes les plus attractives. »
Les Lyonnais oublient Grenoble et Saint-Étienne
Cette information n’est pas complètement erronée, puisque c’est en grande partie grâce aux bons résultats de Lyon que la région Rhône-Alpes a pu se hisser à la 9e place du classement d’Ernst & Young. En effet, selon les chiffres fournis par l’ADERLY au cabinet d’audit, l’agglomération lyonnaise a enregistré, en 2012, 71 projets d’investisseurs internationaux (étrangers, mais aussi français), créateurs de 1 800 emplois directs et probablement plus de 4 000 emplois en tout.
D’autant que les décideurs européens interrogés par l’étude d’Ernst & Young sont 60% à considérer Lyon comme « première ville challenger de Paris » en termes d’attractivité des investisseurs étrangers, loin devant Marseille ou encore Toulouse, respectivement citées à hauteur de 24 et 22%.
Cette performance lyonnaise est également confirmée par d’autres études, comme celle du cabinet IBM, publiée en novembre 2012 et intitulée Global Location Trends Europe. Lyon y figure à la 7e place en termes d’emplois créés grâce à des projets d’investisseurs étrangers.
Mais se permettre ce raccourci, c’est quand même oublier bien vite que Lyon n’est pas à elle seule la région Rhône-Alpes. Grenoble dispose par exemple du pôle de compétitivité mondial des micro et nanotechnologies (Minalogic), et Saint-Étienne n’est pas en reste avec son pôle Optique Rhônes-Alpes (ORA).

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